Willem, rire du pire
Vladimir Kazanevsky : la caricature, un acte de résistance
Publié le 03/05/2023 à 07:00 - 3 min - Modifié le 07/09/2023 par societe
À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, nous mettons en lumière le dessinateur de presse et caricaturiste ukrainien Vladimir Kazanevsky. Dans ce contexte de guerre, ses dessins politiques sont un acte de résistance. En 2022, il est co-lauréat du Prix international du dessin de presse, remis par la Freedom Cartoonists Foundation.
La guerre de l’information russo-ukrainienne
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, une guerre de l’information est en cours : entre censure, désinformation et propagande, le gouvernement russe tente de semer la confusion. Les médias indépendants sont censurés, de peur que le pouvoir soit critiqué. La liberté d’expression, et la liberté de la presse, en ce temps de guerre, ne sont pas respectées. Des centaines de journalistes russes ont fui le pays, souhaitant résister et continuer d’informer les populations. En Ukraine aussi, leurs homologues ont dû s’exiler face à l’invasion. C’est notamment le cas de Vladimir Kazanevsky.
Depuis le 24 février 2022, ce caricaturiste a fui l’Ukraine avec sa femme Lyudmila. Ils se sont réfugiés à Presov, ville slovaque abritant une grande communauté d’artiste. Dans ce contexte de guerre, Vladimir Kazanevsky a du mal à penser à autre chose. Le conflit occupe autant son esprit que son art.
L’art de résistance de Vladimir Kazanevsky
« Les autocrates et les dictateurs ont peur de nos cartoons et ils ont raison parce que nos dessins sont des armes en marche »
Vladimir Kazanevsky
Un dessin humoristique, haut en couleur, rempli des métaphores, le tout sans un mot : voilà ce qui caractérise l’art de Vladimir Kazanevsky. Seulement, influencé par le conflit en cours, ses dessins ont perdu de leurs couleurs spécifiques. Originellement peintes à l’ordinateur par sa femme, elles sont désormais, pour la majorité, en noir et blanc. Seules deux couleurs s’ajoutent : le rouge, symbolisant le sang et la guerre, et le bleu, complétant le motif de l’occupant.
Il l’affirme : ses dessins ne reprendront leurs couleurs qu’après la fin de cette guerre. Désormais, ils sont un acte de résistance, lui permettant de lutter dans cette guerre de l’information. Vladimir Poutine, et son gouvernement, sont désormais les sujets phares de l’artiste. Quand il illustre cet homme d’État, il ne cherche pas à créer une copie conforme : il caricature, laissant ses émotions guider son trait. Ses caricatures politiques restent universellement lisibles.
Le dessin de presse comme arme de la liberté d’expression
Dans un contexte plus large, c’est le dessin de presse dans son entièreté qui est universel. Avec internet, il sont repartagés dans le monde entier, et compris en un coup d’œil sans même avoir besoin de traduction. À la fois journaliste et artiste, les dessinateurs de presse sont menacés dans de nombreux pays. Ces pressions, plus ou moins dangereuses, remettent en cause les principes de l’accès à l’information. En ces temps de guerre, il est toujours aussi important de rappeler les droits à la liberté d’expression et à la liberté de la presse. Le 3 mai permet de mettre en avant ces principes fondamentaux.
Chaque année, l’association lyonnaise Ça presse organise les Rencontres internationales du dessin de presse invitent chaque année des dessinateurs « empêché » dans leur exercice, menacés et contraints parfois à l’exil. Lors de l’édition 2023, Vladimir Kazanevsky et son confrère russe Denis Lopatin, qui avait fait la une de Siné Mensuel en mars 2022, étaient invités.
- Si le dessin de presse et la liberté d’expression vous intéresse, l’œuvre du dessinateur de presse Willem vous intéressera probablement. Rendez-vous cet automne, à la galerie de la Bibliothèque de la Part-Dieu, pour une rétrospective inédite autour de ce génie graphique !
Partager cet article