10 poèmes d’amour originaux pour un mariage
Publié le 03/05/2021 à 07:30 - 7 min - Modifié le 06/05/2021 par Léa G
Insérer un poème dans ses vœux de mariage peut être un bon moyen de ponctuer un discours plus personnel et lui insuffler ainsi une verve poétique qui ne manquera pas de charmer toute l’assemblée réunie à l’occasion de la cérémonie.
Faut-il encore trouver poème à son goût pour y parvenir, et force est de constater que cela peut s’avérer difficile : en effet, les anthologies poétiques sur l’amour ont tendance à recenser plus volontiers des amours malheureuses (issues de la grande tradition de l’amour courtois, puis du genre romantique) et celles sur le mariage ne seront pas tout à fait adaptées non plus, ces dernières évoquant souvent le mariage sous une forme réaliste sombre (avec des textes de Zola, Flaubert ou Maupassant qui dépeignent plutôt des mariages de raison que de passion, il va s’en dire).
Les sites web dédiés à la préparation d’un mariage s’avèrent être de meilleurs atouts pour ainsi trouver poème à son doigt ; mariages.net, zankyou.fr et tant d’autres pages dédiées proposent ainsi une sélection de poèmes et textes littéraires à insérer dans son discours : mais les mêmes poèmes reviennent toujours, qu’il s’agisse des Amours de Ronsard, des Sonnets de Shakespeare ou encore des magnifiques poèmes d’Éluard et d’Aragon ; des textes de qualité certes, mais qui manquent toutefois d’une certaine originalité.
Voilà pourquoi à l’influx, nous avons décidé de vous concocter une petite sélection de 10 poèmes récoltés par nos soins, issus de la poésie classique comme contemporaine, française comme étrangère, qui, nous l’espérons, viendront compléter vos vœux de mariage avec élégance et originalité.
1 : Sans titre, de Sappho (environ 630-580 av. J.C.)
Rien n’est plus beau, dit l’un qu’une imposante armée.
L’autre : rien n’est plus beau qu’une escadre en plein vent.
Pour moi rien n’est plus beau que le cœur de l’aimée (…)
Le doux bruit de tes pas, ton beau visage tendre,
J’aimerais mieux le voir, j’aimerais mieux l’entendre
Que le char du Grand Roi et sa garde d’honneur.
2 : L’escapade des Saisons, d’Andrée Chedid (1920-2011)
Je t’aimais
Dans l’orage des sèves
Je t’aime
Sous l’ombrage des ans
Je t’aimais
Aux jardins de l’aube
Je t’aime
Au déclin des jours
Je t’aimais
Dans l’impatience solaire
Je t’aime
Dans la clémence du soir
Je t’aimais
Dans l’éclair du verbe
Je t’aime
Dans l’estuaire des mots
Je t’aimais
Dans les foucades du printemps
Je t’aime
Dans l’escapade des saisons
Je t’aimais
Aux entrailles de la vie
Je t’aime
Aux portails du temps.
3 – XVII, de Pablo Neruda (1904-1973)
Je ne t’aime pas telle une rose de sel,
topaze, œillets en flèche et propageant le feu :
comme on aime de certaines choses obscures,
c’est entre l’ombre et l’âme, en secret, que je t’aime.
Je t’aime comme la plante qui ne fleurit,
qui porte en soi, cachée, la clarté de ses fleurs,
et grâce à ton amour vit obscur en mon corps
le parfum rassemblé qui monta de la terre.
Je t’aime sans savoir comment, ni quand, ni d’où,
je t’aime sans détour, sans orgueil, sans problèmes :
je t’aime ainsi, je ne sais aimer autrement,
je t’aime ainsi, sans que je sois, sans que tu sois,
si près que ta main sur ma poitrine est à moi,
et si près que tes yeux se ferment quand je dors.
4 – Élégie, de Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)
J’étais à toi peut-être avant de t’avoir vu.
Ma vie, en se formant, fut promise à la tienne ;
Ton nom m’en avertit par un trouble imprévu ;
Ton âme s’y cachait pour éveiller la mienne.
Je l’entendis un jour, et je perdis la voix ;
Je l’écoutai longtemps, j’oubliai de répondre ;
Mon être avec le tien venait de se confondre :
Je crus qu’on m’appelait pour la première fois.
5 – Les premiers instants, de René Char (1907-1988)
Nous regardions couler devant nous l’eau grandissante. Elle effaçait d’un coup la montagne, se chassant de ses flancs maternels. Ce n’était pas un torrent qui s’offrait à son destin mais une bête ineffable dont nous devenions la parole et la substance. Elle nous tenait amoureux sur l’arc tout-puissant de son imagination. Quelle intervention eût pu nous contraindre ? La modicité quotidienne avait fui, le sang jeté était rendu à sa chaleur. Adoptés par l’ouvert, poncés jusqu’à l’invisible, nous étions une victoire qui ne prendrait jamais fin.
6 – Élégie, de Paul Valéry (1871-1945)
[…]
Que nous ornions ou fassions le silence
Que nous marchions ou que la nonchalance
Tienne à l’envie nos membres allongés
Que nos soupirs soient seulement songés
L’un après l’autre, en même rêverie,
Ou que l’un l’autre un baiser les marie,
Soudain créé d’un mouvement commun,
Nous sommes deux qui nous sentons comme UN
Plus merveilleusement soi-même, que nous-mêmes,
Et se redit : Je t’aime avec Tu m’aimes
Et c’est un seul qui se dégage d’eux
Sans plus savoir qui parle de ces deux.
7 – Tout le Whisky du Paradis, de Charles Bernstein (1950-…)
Pas pour tout le whisky du paradis
Pas pour toutes les mouches du Vermont
Pas pour toutes les larmes au sous-sol
Pas pour un million de voyages sur Mars
Pas même si tu me payais en diamants
Pas même si tu me payais en perles
Pas même pour l’anneau à ton petit doigt
Pas même si tu m’offrais tes boucles
Pas pour tout le feu de l’enfer
Pas pour tout le bleu du ciel
Pas pour un empire à moi tout seul
Pas même pour la paix de l’âme
Non jamais je ne cesserai de t’aimer
Tant que mon cœur continuera de battre
Et même après dans mes mots et mes chansons
Je recommencerai une nouvelle fois à t’aimer
8 – Le vol de ma volonté, d’Elvira Sastre (1992-…)
[…]
Et je crois que je t’aime réellement :
parce que je n’ai pas besoin de toi,
pourtant je ne veux pas que tu partes,
car tu es la vérité sur toute ma vie
et ton visage ressemble à une victoire sur la
dalle qui m’entraîne,
un baiser sur la fleur fanée de ma pierre
tombale,
parce que tu as bercé ma main pour écrire
mes frayeurs
de manière si douce qu’on aurait dit
une caresse
et au-delà de moi-même je n’ai plus peur,
car tu m’as fait aimer
ce en quoi j’avais cessé de croire
et, alors que tu mérites un ciel et un nom
de déesse, tu restes sur mes terres.
Tu restes sur mes terres,
avec moi,
elles s’apparentent à un paradis
quand tu es là,
une étoile en attente à la tombée du soir
et un seul corps enlacé à lui-même
quand tu me regardes,
et ce n’est pas moi que tu vois,
mais un continent à l’état de lave,
un feu d’artifice
et des rêves à réaliser chaque nuit.
[…]
9 – Sans titre, Brigitte Giraud (1966-…)
Nos yeux parlent une autre langue
qui ne s’apprend ni entre les gestes et la surface des choses,
ni contre tous les murs où la peur se retient.
Parfois on ne voit rien,
mais cependant
quelque chose rayonne dans la nuit.
Il faudrait atteindre au silence passé
par les claires-voies de la fenêtre.
Venir à toi.
Couler mécaniquement ma tête
dans l’anse de ton coude.
Ce serait commencer cet instant minuscule
qui caresse nos visages,
la voix entre les mots.
Rien, alors, ne pourrait demeurer
absolument perdu
au milieu de la nuit.
10 – Tu ne m’as jamais rien dit… , d’Eugène Guillevic (1907-1997)
Tu ne m’as jamais dit ce que contient ton cœur,
Tu ne m’as jamais dit ce que contient ton âme
Tu ne m’as jamais dit ta soif de vrai bonheur
Et pourtant je connais ton âme.
[ …]
Tu ne m’as rien conté, je te suis inconnu,
Je ne te connais pas et j’ignore ta vie
Et pourtant devant moi ton être est comme à nu
Et je connais toute ta vie.
[…]
Aussi si je te dis ce que contient mon cœur,
Aussi si je te dis ce que contient mon âme,
Aussi si je te dis ma soif de vrai bonheur,
Ce sera la voix de ton âme.
Liste des recueils consultés pour cet article :
Anthologie de l’éternel Amour, les plus beaux textes et poèmes sur le mariage de Pierre Haïat
Quand les femmes parlent d’amour de Françoise Chandernagor
Rythmes d’Andrée Chedid
Les vers du capitaine suivi de la centaine d’amour de Pablo Neruda
Commune présence de René Char
Corona & Coronilla, poèmes à Jean Voilier de Paul Valéry
Renflouer la poésie de Charles Bernstein
Tu es la plus belle chose que j’aie faite pour moi, d’Elvira Sastre
Aime-moi, de Brigitte Giraud
Fables pour le cœur offertes à Pierre Caizergues, une anthologie de textes réunis par Serge Bourjea
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