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Jean-Louis FLORENTZ : Les jardins d’Amènta.. (1998)

- temps de lecture approximatif de 2 minutes 2 min - Modifié le 07/02/2024 par GLITCH

« Sens profond de la nature. Aspiration vers l’infini (...) Pensée et oreille attentives aux rites de civilisations lointaines. Echos du monde des insectes, comme de celui des oiseaux et de toute une vie animale secrète et frémissante (…). Par-dessus tout, spiritualité profonde »

Les jardins d
Les jardins d'Amènta

Ainsi Henri Dutilleux décrivait-il la musique de Jean-Louis Florentz (1947-2004). Ainsi dévoilait-il aussi les affinités personnelles et musicales entre deux figures libres de la musique française. Deux coloristes raffinés, peintres d’espace et de lumière.

Florentz était autant épris de voyages (l’espace méditerranéen, l’Afrique), de sciences naturelles et de spiritualité que de musique. Son cours d’ethnomusicologie au CNSMD de Lyon (1985-2000) lui permit sans doute de parfaire et transmettre ce creuset de savoirs et d’inspiration.
Il fut compositeur résident à l’Orchestre National de Lyon de 1995 à 1997. Il mettra à profit ces années pour composer Les jardins d’Amènta, oeuvre-titre de ce disque enregistré à l’Auditorium.

 

C’est une fresque paysagère et un voyage mystique, inspiré du Livre des Morts égyptien. L’oeuvre traite l’orchestre comme un peintre-conteur. D’un seul tenant, elle étage et superpose les plans, fait frissonner les pupitres les uns contre les autres. Comme un lacis carillonnant, une forêt bruissant de mystères, pleine de chants invisibles qui guident l’oreille vers un éblouissement serein.

L’emploi de l’orchestre comme une masse complexe, un instrument composé rappelle que Florentz avait une formation d’organiste, entamée à Lyon.

 

 Le songe de Lluc Alcari raffine le genre du concerto en intercalant le 1er violoncelle, et parfois tout le pupitre, entre le violoncelle solo et l’orchestre. L’ensemble acquiert une plastique frémissante, faite de vagues et de traits qui s’écartent ou se répondent. Le chant du violoncelle promène sa méditation entre désert et végétation, rêve et plainte, comme une “petite flamme fragile mais obstinée.”

La musique de Florentz est d’une beauté immédiate et d’une puissante unité. Elle se fait creuset subtil de traditions musicales, de mondes sonores projetés dans une poésie spirituelle. Son art de l’orchestre poursuit la science harmonique, le sens du timbre et de la composition verticale élaborés par Ravel ou Debussy. Il passe aussi par Messiaen, et ses imposantes falaises d’accords, mais leur donne cette souplesse ondoyante, ce raffinement de couleurs que Dutilleux a porté au sommet. La démarche du compositeur se fait aussi quête d’un ailleurs non-européen de la musique. Elle y croise alors la figure de Maurice Ohana (ou plus récemment Zad Moultaka, ou plus lointainement Toru Takemitsu).

De tout cela, -et de ce disque paru en 1998-  Florentz avait gagné dans la presse, peu avant sa mort le titre de “plus brillant symphoniste d’aujourd’hui”. A (re)découvrir les yeux fermés.

Voir le disque au catalogue de la BML

 

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