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Maurice OHANA : 24 préludes (1989)

- temps de lecture approximatif de 1 minutes 1 min - Modifié le 07/02/2024 par GLITCH

Maurice Ohana (1913-1992) était l'un des rares compositeurs du XXè siècle à s'être tenu à l'écart des soubresauts et luttes d'école qui ont dessiné le paysage de la musique classique après 1945.

 

Se définissant comme un “moderne archaïque“, il ne fut ni avant-gardiste, ni sériel, ni spectral, ni néo-complexe, pas plus que néo-classique, néo-tonal ou minimaliste.

Musicien indifférent aux cantonnements traditionnels entre la musique classique et les musique populaires, ou entre la musique savante occidentale et les musiques du monde, son œuvre possède une dimension charnelle qui prend sa source très naturellement dans la musique andalouse, africaine ou cubaine, et dans un amour des paysages et des éléments qui confère à nombre de ses œuvres une dimension à la fois tellurique et contemplative.

Bien que pianiste de formation, Ohana a assez peu écrit pour l’instrument. Ces 24 préludes, écrits en 1973, sont un hommage et un miroir tendu aux préludes de Chopin. Ohana les décrit comme « assez proches de Chopin par une certaine conception des contrastes, et surtout par le fait de chercher à exprimer en très peu de secondes quelque chose qui ait la force d’une trajectoire accomplie ». Le langage harmonique et les timbres chatoyants évoquent aussi le piano de Debussy, le tout forgé dans art de la concision proche d’un Satie.

Les influences multiples évoquées plus haut n’apparaissent pas de façon transparente à la façon de citations, mais infusent plutôt, par exemple dans le blues fantômatique et désagrégé du 9è prélude, ou les rythmes fouettés comme un flamenco du 15è. Explorant les tréfonds du grave, faisant crépiter la pluie sur le haut du clavier, l’œuvre déploie d’imposantes ressources et des effets très variés, mais toujours sur le ton de la confidence, de la litote ou de la suggestion.

Sous les doigts de Jean-Claude Pennetier, la précision et la netteté du geste n’enlèvent jamais ce nimbe étrange et recueilli qui donnent à ces Préludes des airs de Nocturnes solaires.

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