Qui dort à la rue ? 1/2

Les sans-abris à Lyon

- temps de lecture approximatif de 24 minutes 24 min - Modifié le 03/11/2023 par Clairette

Alors que le gouvernement vient de présenter à la mi-septembre son nouveau Plan de lutte contre la Pauvreté, de nombreuses associations humanitaires dénoncent depuis plusieurs mois une situation alarmante démontrée par des indicateurs sociaux inquiétants. Concernant la seule problématique du logement, aujourd'hui dans notre pays, plus de 4 millions de personnes sont mal-logées et un nombre toujours plus important de personnes vulnérables et en situation précaire se retrouvent à dormir dans la rue, dans des logements de fortune ou des hébergements temporaires. A Lyon, comme dans beaucoup de grandes métropoles régionales françaises mais aussi dans nos villes moyennes, les sans-abri exposés aux yeux de tous, croisés lors de nos trajets quotidiens, nous interpellent. La question du sans-abrisme qui mobilise de nombreux acteurs sociaux interroge les politiques publiques actuelles et plus largement l’hospitalité urbaine.

[Sans-abris et exclusion], octobre 2000. Copyright Marcos Quinones / Fonds Lyon Figaro / Base Photographes en Rhône-Alpes

En 2021 dans son rapport, la Fondation Abbé Pierre avançait un nombre de 300 000 personnes « sans domicile ». Il s’agit là d’un chiffre deux fois supérieur à celui que l’INSEE avait calculé lors de sa dernière enquête sur la question en 2012, soit une augmentation d’environ 130%.  Même si ces chiffres sont à prendre avec précaution, il semble que le nombre de personnes concernées ait fortement augmenté depuis le début des années 2000.

Quelle population est concernée par ces chiffres ?

Sont considérés comme privées de domicile, les personnes  qui dorment dans un lieu non prévu pour l’habitation (rue, jardin public, gare, tente, cabane, hall d’immeuble, garage, parvis, parking) ainsi que les personnes ayant recours à un service d’hébergement géré par un organisme d’aide ou une association.

Toutefois il faut distinguer les sans-abri qui sont des milliers à dormir chaque soir dehors, des sans-domicile qui chaque nuit sont des centaines de milliers à être hébergés.  Les sans-abri sont les plus visibles dans l’espace public. Isolés ou par petits groupes, allongés à même le sol ou abrités sous des tentes, ils constituent la figure iconique des « SDF ». Mais ils ne sont pas les plus nombreux des sans-domicile.

[Les sans-abri à Lyon], novembre 2003 ⒸMarcos Quinones – Fonds Lyon Figaro / Base Photographes en Rhône-Alpes

Qui sont les sans-abri ?

Une terminologie qui a évolué au cours des siècles 

Durant le Moyen-âge, le clochard et le vagabond est identifié comme « oisif sans feu ni lieu», un marginal qui souvent fait peur et qui nécessite l’intervention publique.  Avec l’affirmation des idéaux égalitaires et humanitaires défendus à partir du 20e siècle, il n’y a plus d’un côté les « bons pauvres » que la charité chrétienne va aider et de l’autre « les mauvais pauvres » qui sont punis par les autorités publiques.

Alors que jusqu’au début des années 1990, on parlait  surtout de clochards et de sans-abri, les trois lettres  SDF désignant les sans domicile fixe ont supplanté toutes les autres désignations : sans-logis, sans-abri, clochard, vagabond, mendiant.

Sous ce même terme, SDF, s’assemblent des réalités variées, ce qui constitue l’un des problèmes pour le chiffrage de cette population qui peut changer dans le temps et selon le périmètre des problèmes de chaque individu concerné.

Car à l’origine de la situation SDF, il y a plusieurs causes : des problèmes sociaux rencontrés par certains, une succession de choix de vie aboutissant à l’absence de logement, puis à la rue en particulier chez les jeunes qui fuguent, et les migrations pour les personnes qui décident contraintes ou non de se déplacer vers des villes, des pays plus accueillants où l’on trouve des travaux saisonniers, mais aussi des migrations liées à l’asile avec une demande du statut de réfugié. Parmi ces migrants SDF, on trouve des familles, des personnes seules et même des mineurs isolés.

Des profils qui ont changé depuis les années 50

Durant les années 50 à 70, se sont surtout :

  • des migrants étrangers ou Français musulmans d’Algérie poussés à l’exil par les dramatiques conditions de vie économiques et sociale dans leur pays venant en France chercher du travail mais n’y trouvant pas de logement ;
  • des nationaux : ouvriers agricoles de passage ; hommes âgés tombés dans la misère suite à des revers de fortune, une maladie ou faute de retraite suffisante ; anciens militaires et légionnaires ; malades physiques en particulier tuberculeux, mentaux ou psychiques et infirmes ; sortants d’hôpitaux ou de prison, trop vite remis à la rue faute d’institutions de transition adaptées
Rencontre de clochards dans la rue [année 50-70]
ⒸMarcelle Vallet
Le Haut du pavé – Les clochards [année 50-70]
ⒸMarcelle Vallet

Des années 80 à aujourd’hui :

  • de plus en plus de personnes en plus ou moins grande fragilité psychique victimes tant du chômage  et de la vie à la rue (délétère pour la santé mentale) que de la politique de dés-hospitalisation psychiatrique des années 1990 ;
  • des jeunes avec des parcours chaotiques depuis l’enfance (ruptures  familiales, conflictuelles, maltraitance, abandon, placement ; échec scolaire puis addiction (alcool, drogue)) ;
  • des réfugiés qui deviennent de plus en plus nombreux en quelques mois ou quelques années, des migrants illégaux, sans papier, déboutés, parfois ni expulsables ni régularisables, condamnés à la clandestinité et à la vie à la rue ;
  • en nombre également croissant  des femmes sortant parfois tout juste de la maternité avec leur nouveau-né ;
  • depuis le milieu des années  2000, des familles entières et des sans-abri qui vieillissent ou se retrouvent à la rue sur le tard au point  qu’on trouve désormais dans les hébergements des septua-, des octo voire des nanogénaires.
Campement de migrants sous l’échangeur de Perrache, 2013. Yves JalibertⒸ

Aujourd’hui, au sein de ces populations sans abri, on peut souligner l’importance du nombre de jeunes, de personnes en état de fragilité psychique et d’étrangers, et aussi des travailleurs pauvres condamnés aux hébergements, aux logements de fortune ou à dormir dans leur voiture faute de revenus suffisants et stables. On constate également une proportion croissance de familles et de femmes.

Les enfants à la rue 

Fin août 2022, l’analyse des demandes d’hébergement d’urgence faites auprès du 115 montrait que le nombre d’enfants qui ne sont pas parvenus à obtenir un abri pour la nuit a augmenté de 86 % en un an. Et ce chiffre est probablement bien en dessous de la réalité car il ne prend en compte ni les mineurs non accompagnés, dont beaucoup sont sans solution pour se loger, ni les nombreuses familles qui n’essayent même plus de faire appel au 115, souvent saturé.

Ces enfants à la rue dorment parfois à même le sol ou dans des cabines téléphoniques. Ceux qui sont accompagnés par des adultes sont hébergés la nuit dans des centres ou des hôtels inadaptés payés par les pouvoirs publics. D’autres habitent dans des campement ou bidonvilles de fortune où les illégalités s’accumulent. Ces conditions de vie difficiles impactent forcement la capacité des enfants à suivre une scolarité normale.

Montée de la Grande Côte (Lyon) – banderole – enfants sans abri, 12 December 2019. ⒸBenoît Prieur Benoît Prieur, CC0, via Wikimedia Commons

Ce phénomène des enfants à la rue est encore plus intolérable quand des petits enfants qui, pour susciter la compassion, accompagnent des adultes qui mendient ou mendient eux-mêmes. Ces enfants sont dans bien des cas exploités par des réseaux mafieux. Cette exploitation est pourtant sévèrement punie par la loi. Bien que la mendicité ne soit plus considérée comme un délit de puis la réforme du Code pénal de 1994, certaines dispositions relatives à la mendicité des enfants ont été introduites : l’exploitation de la mendicité d’autrui est punie de 5 ans d’emprisonnement et de 175000 euros d’amende lorsqu’elle est commise à l’égard d’un mineur.

Femme mendiant, accompagnée de son très jeune enfant sur le parvis de la gare de Lyon Part-Dieu, 2023. ⒸClaire Margaron

Dans le cas d’un petit enfant de moins de 6 ans exposés par des adultes dans le but de solliciter la générosité des passants, c’est le délit de privation de soins qui s’applique si cette privation est vérifiée comme mettant en danger l’enfant et dès lors que l’enfant mendie aussi. Néanmoins tous les enfants qui mendient dans la rue ne sont pas maltraités ou exploités ; certains sont avec leurs parents, souvent en détresse.

Les femmes à la rue 

Les femmes représentent le tiers des sans-domicile. Toutefois elles sont mieux prises en charge  par les associations et organismes d’aide offrant des hébergements et ont moins de risque de se retrouver sans logement longtemps. En effet les femmes bénéficient d’une meilleure protection relativement aux hommes. Cela s’explique par le fait qu’elles sont souvent accompagnées d’enfants et elles bénéficient à ce titre de la protection de l’enfance ; elles reçoivent également l’allocation de soutien familial, notamment pour les mères isolées. C’est aussi parce qu’elles sont considérées comme plus vulnérables par rapport aux conditions de la vie dans la rue et sont ainsi davantage aidées par la solidarité familiale, amicale, associative et institutionnelle.

[Sans domicile fixe à la gare de la Part-Dieu], 2015 – ⒸYves Jalibert

A LIRE : Femmes sans abri / article publié sur L’influx en juillet 2021

Les jeunes à la rue

La fréquence des situations sans logement chez les jeunes, qui peuvent être transitoires dans leur vie, n’en est pas moins une expérience de précarité intense pouvant avoir de nombreuses conséquences ultérieures : dégradation de la santé, perte d’emploi ou abandon de formation, relâchement des liens avec les cercles familiaux ou amicaux, difficultés administratives….

Majoritairement les jeunes trouvent refuge dans des espaces qui sont éloignés de l’accompagnement social, soit car ils n’ont pas connaissance de ces lieux, soit car ils ont perdu confiance suite à des expériences négatives de prise en charge (aide sociale à l’enfance notamment), soit car leur situation administrative ne leur ouvre pas d’accès à ces possibilités d’hébergement

Les étrangers dans la rue

[Abri de SDF au pied de la mairie de Villeurbanne
avec écriteau “From Croatie”] – octobre 2023 ⒸPhilippe Rassaert

Les sans-abri étrangers sont aussi bien plus nombreux qu’auparavant dans le contexte de la crise migratoire, et de plus en plus sans papiers et demandeurs d’asile. À l’échelle européenne, la question des sans-abri est de plus en plus liée à celle de la crise migratoire.  Dans la dernière étude menée par l’INSEE en 2012, les étrangers étaient majoritaires  (53%) parmi les sans-domicile alors qu’ils représentaient 38% des sans-domicile en 2011. Près de la moitié des sans-abri et près de ¾ des sans-domicile accueillis à l’hôtel sont des étrangers. Parmi les migrants à la rue, on dénombre de plus en plus de jeunes mineurs, souvent non accompagnés,  qui sont plongés dans un flou juridique dans l’attente de l’établissement de leur statut de mineur qui leur ouvrirait davantage de droits. Dans le Rhône, la moitié d’entre eux n’obtiennent pas le statut de mineur, même si 80% de ceux qui introduisent des recours en justice l’obtiennent d’après la Métropole (données 2022).

Toutes ces personnes qui sont à la rue ont un dénominateur commun que les sociologues nomment par le terme de « carrière de survie » qui spécifie des activités sociales de survie : 

Flyer manuscrit distribué par un SDF aux voyageurs du TER sur la Ligne Lyon-Macon le 31 août 2023 – ⒸClaire Margaron
  • chercher une place où dormir,
  • se procurer de la nourriture ou un repas auprès des institutions caritatives diverses,
  • pratiquer la quête pour se procurer des biens de première nécessité
  • construire des liens de sociabilité efficaces auprès des bénévoles, des professionnels et surtout auprès de ceux qui se trouvent dans la même situation. 

Cette expérience commune forme en partie l’identité collective « SDF ». La survie dans la rue, c’est aussi l’absence de chez-soi, cet espace intime et de sécurité dont sont privés les SDF et qu’ils ont du mal à trouver vraiment dans les lieux publics et assistanciels.

Ainsi le sans-abrisme a toujours une réalité hétérogène dans le phénomène de la pauvreté contemporaine, tout en étant désormais perçu comme une « vulnérabilité de masse » pouvant toucher tout un chacun.


Où sont-ils ?

 À Lyon, comme dans beaucoup de métropoles régionales françaises, c’est encore le modèle nord-américain de l’exclusion qui prédomine au centre des villes.

Un clochard faisant la manche sous le porche d’une église (vers 1970 ?) ⒸMarcelle Vallet

Les lieux publics de la survie sont nombreux dans nos villes : la rue, le square, le banc, le hall de gare, le métro, un porche d’église, les friches urbaines désaffectées.

Pour le SDF, la localisation centrale des institutions d’assistance redouble l’attraction pour le centre des villes, non sans incidence. Ces institutions facilement accessibles débordent sur l’espace public, le trottoir, le square avec des regroupements qui se forment selon les horaires d’ouverture.

Les personnes sans domicile sont rompues au détournement d’usage des espaces publics. Toutefois, les sans-abri sont les premiers à faire les frais des effets de clôture, de ségrégation et de discrimination des aménagements des espaces publics qui les renvoie au caractère indésirable de leur présence.

Dispositif urbain anti-SDF à Lyon, 40 quai Pierre Scize, novembre 2021 – ⒸGnrc, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons

Des dispositifs anti-SDF sont apparus au sein des grandes villes dans les années 1990 pour les empêcher de s’asseoir ou de s’allonger dans la rue ; Il s’agit d’aménagements ou des traitements « dissuasifs ».

Certains lieux désaffectés ayant perdu leur désignation première et souvent leur visibilité dans la ville – tunnel, pont, gare, wagon, pont, armoire électrique – sont fortement investis. Isolés pour certains, ils autorisent le retrait et peuvent même devenir un lieu où l’intimité peut être retrouvée avec quelques objets personnels déposés.  L’espace public peut être habité, mais souvent à la dérobée, en cachette. Pour devenir vivable doivent s’y inscrivent des activités quotidiennes qui forment une sorte de plan personnalisé de survie.

Sans-abri, clochards, novembre 2000. ⒸMarcos Quinones – Fonds Figaro

Installation d’un campement pour
la nuit par un sans-abri, quai Antoine Riboud, Confluence, Lyon 2e, septembre 2023 ⒸClaire Margaron

Mais la survie nécessite tout autant l’investissement des espaces de transport, ces lieux-mouvement qui dessinent d’autres limites et repères et ouvrent des possibilités de vente de journaux de rue, d’objets de récupération, la manche…

Le Journal SANS ABRI est vendu 2∈ sur les marchés, dans les gares – ici le n° 295 de septembre 2023

Dans certains quartiers de Lyon, la proximité de nombreuses infrastructures (gare, stations de métro, de tram et de bus, centre commercial, bibliothèque municipale) offre leurs atouts aux sans-abri qui y sont nombreux. C’est le cas du quartier de la Part-Dieu, autour de la gare, du centre commercial et de la bibliothèque municipale :

Installation d’un campement pour
la nuit, bd Vivier Merle, septembre 2023
ⒸClaire Margaron
Installation ambulante d’un sans-abri pour faire la manche sur le parvis de la gare de la Part-Dieu, septembre 2023 ⒸClaire Margaron

Installations pour dormir et vivre sur le parvis de la bibliothèque de la Part-Dieu – entrée des Cuirassiers – façade Ouest – septembre 2023 ⒸClaire Margaron

Une résidence de chercheurs à la bibliothèque de la Part-Dieu sur l’hospitalité urbaine

 LALCA est un laboratoire de recherche et un lieu de créations artistiques sur la ville et l’habiter. Depuis 2016, ce Laboratoire d’Architectes, Lutteurs, Chercheurs et Artistes porte le projet Hospitalité(s) . Après avoir investi le thème de la propreté et du soin au cours d’une résidence aux Bains Douches municipaux (2019-2022), c’est le thème du repos, de la pause en ville qui est étudié.

Dans ce cadre, LALCA va investir, au cours des prochaines années, la bibliothèque de la Part-Dieu en « résidence » (2 fois par an), pour explorer la question : « La bibliothèque, un lieu pour se poser, se reposer et où l’on se sent en sécurité ? »

Alors qu’on les pensait éradiqués depuis la fin des années 1970, campements et bidonvilles sont de retour en France depuis le milieu des années 1990. Les campements sont illicites, sauvages ou de fortune ; ce sont des regroupements d’individus et de ménages  sous des tentes  ou des habitats informels faits de matériaux de récupération tandis que les bidonvilles supposent aménagements et constructions plus élaborés.

À Villeurbanne, on se souvient de l’existence du Chaâba, bidonville situé sur les bords du Rhône, à Villeurbanne, dans le quartier des Buers qui, au sortir de l’après-guerre, de 1954 à 1968, a accueilli une vingtaine de familles immigrées principalement d’origine algérienne.

L’ histoire de ce bidonville a inspiré le roman d’Azouz Begag, Le Gone du Chaâba publié en 1986 puis tourné en film en 2001. Une version en BD est également disponible depuis 2005.

Portraits de 2 petites filles dans un bidonville de Villeurbanne (celui du Chaâba ?), 1960 – ⒸMarcelle Vallet
Jeux d’enfants dans un bidonville de Villeurbanne (celui du Chaâba ?), 1960 – ⒸMarcelle Vallet
Baraques : l’album photographique
du dispensaire La Mouche-Gerland,
1929-1936 / Laboratoire Mémoires
urbaines et archives ouvrières, 2003

De même dans le quartier de Gerland un bel album de photographies, tirées du fonds du dispensaire catholique La Mouche-Gerland à Lyon, relate la vie des bidonvilles où habitaient des ouvriers français, italiens ou espagnols touchés par la crise de 1929.

Au total ce sont pas moins de 71 quartiers de baraques plus ou moins précaires et insalubres que l’on nommera « bidonvilles » qui ont été identifiés pour la seule région lyonnaise entre les années 1920 et les années 1970.

À REGARDER : Baraques, villages nègres & bidonvilles [D.V.D.] / réal. Frédéric Blanc et Olivier Chavanon, 2016

Depuis le milieu des années 2010, la crise migratoire européenne est à l’origine de l’installation de nombreux campements de migrants sans abri, pour certains avec parfois plusieurs milliers de personnes qui ont aujourd’hui tous été démantelés (La Jungle de Calais, La porte de la Chapelle à Paris). Restent de multiples campements de plus petite taille, disséminés au coeur des villes ou dans leurs alentours.

C’est le cas dans le 3e arrondissement de Lyon, où depuis plusieurs mois, dans le square Sainte Marie Perrin, se sont installés une centaine de migrants, la plupart mineurs, venus du Guinée ou d’Afrique de l’Ouest. Initialement installés sur l’esplanade de l’Hôtel de la Métropole de Lyon, ils en avaient été expulsés au cours du mois d’avril dernier.  Source : Les mineurs isolés du square Sainte Marie Perrin “menacés et en danger” [article] / Lyonmag, 25 juillet 2023

Campement des migrants mineurs du square Sainte Marie Perrin dans le 3e – sur la photo de droite, on voit des cabines de sanitaires (rouges et vertes) qui ont été installées – septembre 2023 ⒸClaire Margaron

Quant aux demandeurs d’asile et aux réfugiés qui étaient installés depuis avril 2021 place de Milan près de la gare Part-Dieu, ils ont été finalement expulsés cet été. Source : Campement de la place de Milan à Lyon : « ce n’est pas une expulsion, c’est un nettoyage » [article] / Rue89 Lyon, juin 2023

Enfin, il existe également d’autres situations  plus discrètes d’habitat précaire telles que l’hébergement contraint chez des particuliers, les squats,  les personnes dormant dans des véhicules ou en camping à l’année.

Conclusion

Malgré la transformation juridique du rapport aux sans-abri induite par la dépénalisation du vagabondage et de la mendicité, la situation de certaines populations ayant recours à des habitats précaires (bidonvilles, campements, squats, etc.) constamment démantelés rappelle l’ambivalence historique qui continue à traverser les réponses apportées à la situation de ces publics. Cette question peut se poser notamment en ce qui concerne les populations étrangères et sans abri, en proie à un contexte de durcissement des discours et des politiques migratoires depuis plusieurs années.

 D’autre part, c’est davantage à l’échelle des villes que peuvent s’organiser des capacités d’action intégrée pour évaluer les besoins et les progrès, mettre en commun, rendre des comptes et améliorer ainsi la prise en charge des SDF.

Lire la deuxième partie de cet article : Qui dort à la rue ?  2/2. La lutte contre le sans-abrisme à Lyon


REFERENCES UTILISEES POUR CET ARTICLE

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
REFERENCES PHOTOGRAPHIQUES

La grande majorité des photographies utilisées dans cet article sont issues de la Base Photographes en Rhône-Alpes de la Bibliothèque municipale de Lyon

REFERENCES AUDIOVISUELLES

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