Transport fluvial sur le Rhône et la Saône – 2ème partie

Quelques nouvelles perspectives pour le trafic fluvial à Lyon

- temps de lecture approximatif de 6 minutes 6 min - Modifié le 07/05/2024 par Shuy

Au début des années 2000, on découvre le potentiel du fleuve à pouvoir, grâce au transport fluvial, structurer des activités économiques locales, durables et respectueuses de l’environnement. Sous-utilisée actuellement, il faut donner à l’infrastructure fluviale de l’axe Rhône-Saône une plus forte envergure et la conforter dans son rôle d’acteur essentiel d’une logistique décarbonée. Pour cela il faut notamment dynamiser le report modal, développer son rôle dans la logistique urbaine, les circuits courts et l’économie circulaire, verdir les flottes et les ports mais aussi mettre en valeur l’intérêt de ce mode de transport sur l’impact environnemental.

Barge sur la Saône. S.B-R, 19 octobre 2021
Barge sur la Saône. S.B-R, 19 octobre 2021

Le transport de marchandises

Lire la première partie de cet article : Etat des lieux

Le Port de Lyon a, plus encore aujourd’hui qu’hier, vocation à massifier et transporter les marchandises au plus près du lieu de fabrication ou de consommation. Pour cela un Hôtel Logistique Urbain (HLU) vient d’être inauguré en mars 2024. C’est un véritable outil de décarbonation et de réduction des nuisances du transport de marchandises en milieu urbain. Il permet de mutualiser les flux de marchandises entrant dans l’agglomération tout en optimisant leur distribution dans la ville.

Afin de lutter contre le réchauffement climatique et répondre adéquatement aux enjeux de la décarbonation du territoire, la Ville de Lyon et la Métropole pensent, comme VNF et la CNR, que le transport fluvial doit être la solution d’avenir, pour décongestionner les axes routiers saturés, et réduire la pollution au sein de l’agglomération. De plus, la régularité des livraisons ajoute une qualité de services à ce type de transport. A l’heure où les métropoles françaises créent des zones à faibles émissions (ZFE) interdisant l’accès des véhicules jugés trop polluants, le transport de marchandise par voie fluviale semble de nouveau plébiscité. C’est le cas entre autres de la société RAD (Rhône-Alpes distribution), grossiste en boissons qui, souhaitant réduire son empreinte carbone, achemine la marchandise jusqu’aux deux péniches-bar situées quai Augagneur grâce à une barge autopropulsée.

Cargo porte-conteneurs “Minstrel” sur la Saône, Lyon 5ème. S. B-R, 2 juillet 2022

C’est dans ce même objectif de réduction de l’empreinte carbone que la Métropole de Lyon a souhaité tester un système d’acheminement des marchandises limitant au maximum le transport routier pour la livraison sur les derniers kilomètres. Ainsi Voies Navigables de France lance en 2021 un appel à projet pour mettre à disposition trois sites de logistique fluviale en centre-ville de Lyon. Seul le site situé près du pont Morand est retenu, il est attribué à ULS, partenaire de Geodis, choisi pour la maitrise de sa chaîne logistique. Les marchandises à destination de particuliers, de commerces alimentaires et de restaurants vont être acheminées, six jours sur sept, depuis un entrepôt basé au Port Edouard-Herriot par un bateau transportant jusqu’à quarante tonnes de marchandises, soit l’équivalent de cinquante camionnettes, jusqu’au site dédié près du pont Morand. Déchargées, ces marchandises seront ensuite réparties sur des vélos à assistance électrique avec remorques pour la livraison du « dernier kilomètre ». Puis, en fin de journée, le bateau retourne port Edouard-Herriot chargé de déchets recyclables tels que papiers et cartons.

Quai de déchargement sous le pont Morand, Lyon 6ème. S. B-R, 4 mars 2024

Mais malheureusement fin 2023, les résultats obtenus par ce service quant au nombre de livraisons sont en dessous des attentes malgré une accélération en période des fêtes de fin d’année. Cependant, Thomas Castan, président d’ULS garde espoir en raison de l’apparition dans la Presqu’île dès 2025 de la ZTL “Zone de trafic limité“. L’accès étant alors restreint aux riverains, commerçants, artisans, véhicules de secours, le transport fluvial et le vélo apporteront alors plus de souplesse que les livraisons par véhicules à essence. De nouvelles habitudes vont très probablement s’installer pour achalander les commerces et entreprises se trouvant dans le centre de Lyon.

Concernant la Saône, une expérimentation a été faite en mai et novembre 2022 entre le port de Villefranche-sur-Saône et le quai Arloing à Lyon 9ème. Des entreprises du Beaujolais ont utilisé des conteneurs pour acheminer leurs produits jusqu’à Lyon. Ces essais ont prouvé que ce mode de transport répondant à la décarbonation des flux de transport est effectivement praticable. La mise en application de la ZFE à Lyon va probablement accélérer la mise en place des liaisons régulières de ce type de transport.

Transport par vélo cargo, Lyon. Muriel Chaulet / Ville de Lyon

Transport de passagers

En janvier 2007, le Sytral (Syndicat Mixte des Transports pour le Rhône et l’Agglomération Lyonnaise) avait suggéré un projet de bateau-bus TCL. Mais en vain, une étude ayant fait état d’une clientèle potentielle insuffisante et d’un manque de compétitivité par rapport au bus. En avril 2012, un nouveau service de navette fluviale de tourisme est mis en place à Lyon : le Vaporetto. Il circule quotidiennement sur la Saône, reliant Vaise au centre commercial de la Confluence en une quarantaine de minutes. Son parcours compte quatre stations : quai Arloing (Vaise, nouvelle halte depuis mars 2017), quai de Bondy (Saint-Paul), quai des Célestins (Bellecour), quai Antoine-Riboud (Confluence). Le Vaporetto est exploité par la compagnie Les Yachts de Lyon.

Tout récemment, en mars 2024, le groupement RATP Dev/Les Yachts de Lyon vient d’être choisi pour gérer les futures navettes fluviales de l’agglomération lyonnaise durant 7 ans. Dès juin 2025, une navette sur la Saône doit relier de 7h à 21h dans un premier temps les quartiers de l’Industrie à Vaise et le quai Saint-Antoine (soit 3,4 kms) puis dans un second temps jusqu’à la Confluence (soit 2,5 km supplémentaires). Trois haltes-stations sont d’abord envisagées : Industrie/quai du Commerce ; quai Saint-Vincent ; quai Saint-Antoine. Elles accueilleront les bateaux au nombre de quatre pouvant transporter jusqu’à quatre-vingt-dix passagers. Le délai des quinze minutes sera fonctionnel en avril 2026 avec une prévision de 560 000 passagers/an.

Le Vaporetto à la Confluence, Lyon 2ème. S. B-R, 19 octobre 2021

Documents que vous pouvez trouver en salle Documentation régionale à la bibliothèque de la Part-Dieu :

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