« Accueillir, soigner, guérir, huit siècles d’histoire hospitalière à Lyon » une exposition à découvrir aux Archives Départementale du Rhône

Brève histoire des hôpitaux de Lyon

- temps de lecture approximatif de 11 minutes 11 min - Modifié le 31/01/2024 par lrambaud

Depuis le 15 septembre 2023 et jusqu’au 17 mars 2024, les archives départementales et métropolitaines situées dans le quartier de la Part-Dieu à Lyon, au 34 rue du Général Mouton-Duvernet, présentent l’exposition : «Accueillir, soigner, guérir, huit siècles d’histoire hospitalière à Lyon ». L'occasion d'une rapide plongée dans la riche histoire des lieux de la santé publique à Lyon et en région lyonnaise. Des lieux nécessaires en tout temps et aux multiples facettes, dont les fonctions ont évolué à travers les époques.

Crèche vivante pendant la semaine de Noël
Crèche vivante pendant la semaine de Noël in Iconographie du Grand Hôtel- Dieu du Pont du Rhône, Albert Amphoux, Lyon 1934.

L’hôpital, un lieu unique aux multiples fonctions

Un lieu de vie et d’hospitalité dédié à la prise en charge des plus vulnérables

Le Trésor de la langue française rappelle qu’étymologiquement l’hôpital, emprunté au bas latin hospitalis, est un établissement charitable où sont accueillis les pauvres et les voyageurs. Une définition qui correspond bien à la première fonction de l’hôpital médiéval qui est un refuge, un lieu d’hospitalité attenant à un bâtiment religieux. Un lieu de « consolation spirituelle » pour le soin de l’âme et du corps où sont pratiquées les prémices des soins thérapeutiques grâce à la confection de remèdes par l’apothicaire, lequel récolte les plantes médicinales dans le jardin des simples. On ne connaît alors ni l’origine des infections ni la manière de s’en prémunir.

Au XIIème siècle, les Hôtels-Dieu dont celui de Lyon, l’hôpital du Pont du Rhône, sont, dans les villes, « des domiciles de secours », des complexes comprenant une vaste salle des malades, une cuisine, un jardin de plantes médicinales, une chapelle et un cimetière. Le plan en croix grecque dit des 4 rangs permet de séparer les malades en fonction de leurs pathologies afin de limiter la contagion. L’hôpital se finance alors grâce aux dons, aux dots des religieuses, à son patrimoine immobilier constitué notamment par des legs de particuliers et aussi par l’organisation de loteries exceptionnelles. Entre le XVIème et le XVIIIème siècle, l’hôpital contribue au maintien de l’ordre public. C’est un lieu où les indigents sont mis au travail et où les enfants abandonnés fournissent une main d’œuvre peu coûteuse par la couture et le tricotage.

Sur l’Hôtel-Dieu de Lyon :

Un lieu de guérison et de naissance

Au XIXème siècle, les avancées scientifiques liées à l’étude du corps humain permettent que les expériences de traitement visent désormais la guérison.  À partir du XXème siècle, grâce aux réussites du combat contre les maladies infectieuses, l’hôpital peut accueillir la naissance avec la création des services de maternité qui, à Lyon, sont situés pendant longtemps à l’Hôtel-Dieu et à la Charité. La victoire de Louis Pasteur sur les microbes et les bactéries constitue un tournant décisif qui va de pair avec de grandes avancées : hygiène, vaccination, prise en compte de la douleur. La découverte des antibiotiques, de l’antisepsie et de l’anesthésie font de l’hôpital un lieu qui a désormais vocation à la guérison du patient.

Élu à la mairie de Lyon en 1905, Édouard Herriot engage rapidement le projet de construction d’un hôpital moderne dans un secteur alors quasi rural. De cette « cité jardin » composée de différents pavillons dont la première pierre est posée en 1913 et qu’il inaugure en 1933, il dira : « Grange Blanche est ma grande pensée. ». L’architecte Tony Garnier, bien connu à Lyon pour d’autres réalisations, est choisi pour concevoir cet hôpital pavillonnaire.

Un lieu d’enseignement

Les conflits militaires à l’échelle mondiale contribuent tragiquement aux progrès de la médecine générale. La médecine militaire est motrice dans la compréhension de la nécessité du principe d’hygiène (aération des salles, isolement des malades, évacuation des excréments). Créé en 1901, le dispensaire-école des Charmettes à Villeurbanne commence à former, tant sur le plan théorique que pratique et dès 1902, des infirmières, dont le diplôme est reconnu par l’État. Lorsqu’en 1914 la guerre éclate, les jeunes diplômées sont envoyées au front. Lyon devient alors le 2ème centre français de traitement des blessés après Paris. Les progrès de la médecine à ce moment-là concernent notamment la chirurgie réparatrice et la médecine d’urgence. L’école d’infirmières de la Fondation Rockfeller à Grange Blanche est créée en 1932 et placée sous l’autorité de la faculté de médecine. En 1958, la réforme Debré qui institue les Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) fait de l’hôpital un lieu de transmission des savoirs médicaux en permettant aux médecins de partager leur temps de travail entre les soins, la recherche et l’enseignement.

Sur la médecine à Lyon :

Les hôpitaux lyonnais aujourd’hui : un patrimoine foncier et humain au défi de la modernité

De la modeste maison administrée par les ordres religieux et dédiée à l’accueil des indigents et des pèlerins puis au soin des malades qu’il était aux origines, l’hôpital est devenu aujourd’hui une vaste et complexe entreprise publique.

Les Hospices Civils de Lyon constituent la deuxième administration hospitalière française après l’Assistance publique de Paris. Ils naissent officiellement en 1802. Premier employeur de la ville, le maire de Lyon en préside, de droit, le conseil d’administration. Leur naissance remonte, au XVIIIème et XIXème siècles, de la fusion en deux étapes des hôpitaux pour parvenir à une gestion commune dans un souci de rééquilibrage des budgets. Le nom d’hospice est choisi au moment de la Révolution. Les deux bâtiments fondateurs sont l’Hôtel-Dieu du Pont du Rhône (hospice général des malades) et la Charité (hospice des vieillards et des orphelins). Au fil du temps, d’autres bâtiments et spécialités viennent s’ajouter.

Hospices Civils de Lyon – CHU de Lyon (chu-lyon.fr) : Brève histoire des hôpitaux de Lyon

La création de trois groupements hospitaliers, Nord, Est et Sud vise à pouvoir faire des économies substantielles en mutualisant les moyens car un défi majeur de l’hôpital, hier comme aujourd’hui, est de veiller à l’équilibre d’un budget déficitaire.

L’hôpital de la Croix-Rousse, spécialisé dans le traitement des maladies contagieuses puis infectieuses et tropicales, est, à son ouverture, un hôpital de proximité, un lieu de soin pour les ouvriers de la soie, touchés par la tuberculose pulmonaire.

L’hôpital Debrousse tient son nom de l’époux de celle qui est à l’origine de sa construction. Conçu à l’origine pour les personnes âgées, il devient un centre de pédiatrie doté d’un service d’urgence et participe aux progrès de la néonatologie et de la médecine infantile. C’est par exemple dans le service du Professeur Cotte que le premier dépistage massif d’une maladie qui compromet le développement cérébral de l’enfant, la phénylcétonurie, est mis en place en 1966, grâce au test de Guthrie. Debrousse ferme ses portes en 2008, remplacé par l’Hôpital Femme Mère Enfant (HFME).

L’Antiquaille, dont les spécialités originelles étaient la dermatologie et la vénérologie, devient un centre de référence pour les maladies rénales avant d’être réhabilité pour de tout autres usages à l’instar de l’Hôtel-Dieu.

Le premier établissement lyonnais spécialisé en psychiatrie est l’asile départemental d’aliénés de Bron qui deviendra, en 1937, l’hôpital psychiatrique départemental du Vinatier. Aujourd’hui Centre Hospitalier Universitaire, sa ferme, devenue véritable centre culturel interne depuis 1997, comprend une salle de spectacle et une autre d’exposition et propose une saison culturelle. Les objectifs sont, entre autres, de lutter contre la stigmatisation des malades et de favoriser l’expression des patients ainsi que leur ouverture sur la vie culturelle.

La ferme du Vinatier (ch-le-vinatier.fr) : Brève histoire des hôpitaux de Lyon

Henry Gabrielle, médecin militaire, administrateur des HCL et maire de la commune de Beynost dans l’Ain entre 1945 et 1965, donne son nom à l’établissement situé à Saint-Genis Laval. Cet hôpital, qui ouvre ses portes en 1969, est aujourd’hui reconnu au niveau national comme centre spécialisé pour la rééducation des troubles d’origine neurologique, pour la prise en charge des traumatismes crâniens et le suivi du patient après un Accident Vasculaire Cérébral entre autres. Grâce à une équipe pluridisciplinaire de soignants, la manière d’appréhender le handicap et la personne touchée y est globale avec la volonté de favoriser l’insertion sociale et l’autonomie des patients. Une consultation autour de la parentalité y existe afin de trouver des solutions adaptées aux problématiques posées par le handicap dans le quotidien avec un bébé ou un enfant.

Sur les hôpitaux lyonnais :

(Les 3 dernières références sont des numéros de la revue dessinée mensuelle Les rues de Lyon)

L’hôpital du XXème est un lieu unique où s’exerce une multiplicité de métiers et où se vivent les moments les plus intenses de la vie : la naissance, la souffrance, la mort. À Lyon comme dans d’autres grandes villes de France, les Centres Hospitaliers Universitaires sont des villes dans la ville. À l’intérieur, les soignants, soutenus par les technologies médicales les plus avancées, œuvrent pour la santé publique. Les patients sont occupés à guérir ou à se rétablir et leurs familles à les accompagner. En cela ils sont des endroits émouvants, d’humanité profonde et de technicité comme en témoignent les recueils photographiques cités plus haut.

Six autres communes du département du Rhône accueilleront l’exposition : Beaujeu, Belleville en Beaujolais, Condrieu, Saint-Symphorien-sur-Coise, Tarare et Villefranche-sur-Saône.

Et si vous souhaitez continuer à explorer ces lieux, objets à la fois de fascination et de crainte chez beaucoup d’entre nous, la balade urbaine intitulée Itinéraire d’archives, de l’Hôtel-Dieu à la Charité est disponible.

Vous pouvez l’écouter depuis chez vous en ligne, mais une immersion grandeur nature aura plus d’intérêt. Vous serez guidés sur les lieux de point en point avec, à chaque arrêt, des explications éclairantes dans vos oreilles. Une balade au cœur même de la richesse du patrimoine architectural des hôpitaux lyonnais à découvrir sans attendre !

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