Sylvie SELIG, un imaginaire hanté
Publié le 12/06/2023 à 09:17 - 3 min - par Tori
A 81 ans Sylvie Selig est enfin reconnue comme une artiste contemporaine. Les commissaires invités de la biennale d’art contemporain de Lyon en 2022, Sam Bardaouil et Till Fellrath ont découvert son travail grâce à son activité sur Instagram. Impressionnés par son univers féérique et terrifiant, faisant écho à la fragilité de notre monde, ils ont décidé de mettre à l’honneur son œuvre lors de cette biennale « Manifesto of fragility ».
Son univers
Sylvie Selig abandonne l’illustration en 1980 pour revenir à la peinture. Depuis son plus jeune âge, elle dessine, peint, façonne un univers fabuleux, une mythologie peuplée de créatures hybrides, mi-homme, mi- animal. Des femmes au cœur arraché, des lapins humanoïdes masqués se débattent dans une nature tourmentée. Sylvie Selig raconte telle une fable, l’Histoire humaine sanglante construite d’événements traumatiques, oubliés ou niés. Et pourtant, son monde peuplé d’oiseaux, de lapins, de grenouilles, de souris, de cochons anthropomorphiques n’est pas sans rappeler les histoires enfantines. Comme Lewis Carroll dans Alice aux pays des merveilles, sous une apparence innocente, Sylive Selig dessine le monde fabuleusement cruel dans lequel nous vivons.
Nous retrouvons, dans son trait animé et la physionomie des personnages, la beauté et la perfection de l’art grec et plus particulièrement de la sculpture hellénistique (Venus de Milo, Apollon du Belvédère). Les artistes, à cette époque, commencent à s’intéresser à la représentation du corps en mouvement et à l’expression des sentiments. Ils tentent de capter le caractère singulier et la psyché des individus. Sylvie Selig dessine des hommes barbus et des femmes nues aux cheveux bouclés et aux visages expressifs dont les poses évoquent l’iconographie et la statuaire antiques. Dans Even Hellenic statues can shed tears (2020, Feutre sur lin, 124,5 x 141 cm) des morceaux de colonnes évoquent les ruines d’un monde ancien.
Peinture, dessin, broderie, sculpture, papier mâché, bout de ficelle, tissu, objets glanés… Sylvie Selig, créatrice prolixe, récupère, assemble, colle, coud des œuvres monumentales dans un imaginaire foisonnant, des mondes étranges, des histoires qui se terminent souvent mal. L’écriture se mêle souvent au dessin. Les deux univers se nourrissent mutuellement.
Ses expositions
Après avoir exposé à 17 ans en Australie, Sylvie Selig monte sa première grande exposition à Bologne à l’été 2021, avant de montrer ses contes cruels durant l’automne à la librairie Métamorphoses, à Paris. C’est la 16e Biennale d’art contemporain de Lyon, placée cette année sous le thème de la fragilité, qui révèle son travail au monde de l’art contemporain et au grand public. Ses œuvres sont exposées dans la grande salle des usines Fagor (Stateless, une fresque murale de 50 mètre, 28 personnages de sa Weird Family, des broderies, des peintures à l’huile, des dessins sur tissu) et au musée d’art contemporain (Les nombreuses vies et morts de Louise Brunet). En résidence à l’URDLA elle réalise ses premières gravures. C’est une chance pour l’artothèque de Lyon de pouvoir acquérir une gravure (pointe sèche) qui pourra bientôt enchanter vos murs.
Pour aller plus loin
Inside out fairy tales. Les fables cruelles de Sylvie Selig. Paris, Métamorphoses, 2021. Catalogue réalisé à l’occasion de l’exposition de Sylvie Selig à la Galerie Métamorphoses, du 28 septembre au 31 octobre 2021. Première monographie de l’artiste avec un texte de Sylvie Aubenas
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