Lyon, quelle est ta Nature ?

Pour une ville durable et écologique

- temps de lecture approximatif de 27 minutes 27 min - Modifié le 21/11/2022 par Clairette

Une récente étude de l’INSEE confirme que notre région Auvergne-Rhône-Alpes fait partie des régions les plus exposées aux chaleurs anormales avec des jours et des nuits anormalement chauds qui augmenteront dans les décennies à venir. Aussi, le nouvel été caniculaire que nous venons de vivre en 2022 accélère davantage les enjeux environnementaux et écologiques notamment en milieu urbain, lieu de vie dominant. La métropole de Lyon, qui s’étend sur un territoire de 51 500 hectares, dont la moitié est constituée d’espaces naturels et agricoles, n’échappe pas à ce nouveau paradigme écologique. Elle fait partie des agglomérations d’Europe les plus impactées par le changement climatique, notamment avec ses nombreux ilots de chaleur dans un environnement dense, très minéral, aux sols artificialisés. Le plan Biodiversité du 4 juillet 2018 rappelle que la nature en ville permet de lutter contre les ilots de chaleur en milieu urbain et de favoriser le bien-être physique et mental des habitants. La ville devient alors plus sensible, plus résiliente face aux changements globaux et plus désirable. Les choix d’aménagement urbain sont donc déterminants pour (re)naturer les villes en respectant davantage les écosystèmes. Alors qu’en est-il dans notre métropole lyonnaise ?

Tram Part-Dieu
Tram Part-Dieu Concours photos #PartDieunature organisé par la SPL Lyon Part-Dieu - juin 2022

I. Les engagements de la ville-métropole en faveur de la biodiversité

La métropole de Lyon est engagée dans une démarche « zéro pesticide » depuis 2007 et  la ville de Lyon est détentrice depuis 2017 du label 4 fleurs  qui lui a été renouvelé en 2021. Ce label  récompense “l’engagement des communes en faveur de l’amélioration de la qualité de vie et la stratégie globale d’attractivité mise en place à travers le fleurissement, le paysage et le végétal”. Cette distinction souligne que Lyon est une ville-jardin.

En 2019, la métropole recevait le prix de Capitale de la Biodiversité  pour ses efforts en matière de végétalisation urbaine.

En 2020, dans le dernier Palmarès des villes les plus vertes décerné par l’Observatoire des villes vertes, Lyon était à la 5e place dans le top 10.

Lyon et sa métropole avaient en effet mis en place depuis bientôt 15 ans une stratégie écologique urbaine puis une charte de l’écologie urbaine avec plusieurs outils de travail :

  • son premier plan climat en 2009
  • sa Charte de l’Arbre en 2016  pour renforcer la place du végétal en ville : végétalisation de la ville et présence des arbres sur le territoire
  • sa politique communautaire en 2016 « Eco jardinons le Grand Lyon »
  • son projet « Ville perméable » en 2017, qui consiste à désimperméabiliser la ville sur le domaine public et privé pour favoriser l’infiltration et l’évapotranspiration des sols ;
  • son plan Canopée (2017-2030), qui est une hybridation de la Charte de l’Arbre et du Plan Climat ; ce plan s’articule autour de 25 actions, concernant notamment la protection des arbres existants et le développement des plantations (toutes strates) sur tout le territoire.

Les objectifs du projet “Ville Perméable” et du “Plan Canopée” sont inscrit depuis 2019 dans différentes orientations du Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) afin de “développer l’agglomération en faisant projet avec la trame verte et bleue (TVB)  et en renforçant la présence de la nature en ville” (préserver, mettre en valeur et connecter la TVB de l’agglomération, support de corridors écologiques, de projet et d’usages ; introduire plus de “nature en ville” pour le cadre de vie et l’adaptation au changement climatique, préserver et développer des îlots de fraicheur en s’appuyant sur le végétal (arbres et eau), gérer de manière alternative les eaux pluviales favorisant l’évapotranspiration…). »

La protection de la trame verte du Grand Lyon est également inscrite aux schémas de cohérence territorial Scot Lyon 2030 : le réseau vert

Focus Les trames de couleur : source ecologie.gouv 

  • La trame verte et bleue (TVB) est un programme mis en place par la France depuis 2007, suite au Grenelle de l’Environnement. Elle vise à préserver et restaurer les continuités écologiques pour ralentir la disparition de la biodiversité sur le territoire. La trame verte fait référence aux milieux naturels et semi-naturels terrestres tandis que la trame bleue fait référence aux zones aquatiques comme les rivières, les lacs, les fleuves, etc. Après avoir identifié et cartographié les continuités écologiques, les spécialistes de la TVB proposent des aménagements, comme les corridors écologiques.
  • La trame brune est une expression inventée sur le même modèle que la TVB, appliquée à la continuité des sols. Il s’agit également d’un modèle d’éco-urbanisme.
  • La trame noire consiste en un corridor écologique exempt de pollution lumineuse

 

A LIRE :

Plan Nature – Ville de Lyon mai 2022 : Une nouvelle ambition pour faire de Lyon une ville nature

A la tête de la gouvernance locale depuis juin 2020, les écologistes ont lancé un vaste programme d’actions dans un Plan Nature (2021-2026), pour limiter le dérèglement climatique, protéger la biodiversité et améliorer le cadre de vies de ses habitants :

A LIRE : le DOSSIER DE PRESSE du 17 juin 2021 Plan nature de la Métropole

Ainsi en s’engageant dans son Plan Nature la ville de Lyon, en partenariat avec la Métropole, souhaite « ancrer la nature dans le quotidien des habitants » en écho aux prescriptions de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Soit 10 m² de nature par habitant. A Lyon, on est encore loin avec à ce jour environ 5 m2 d’espaces verts disponibles par habitant.

A SAVOIR :

Une carte inédite, dynamique et participative, qui recense au mètre carré près la végétation de la métropole lyonnaise.

Elle a été réalisée dans le cadre du projet de recherche-action COLLECTIFS sous la direction de Thomas Boutreux, doctorant de l’École urbaine de Lyon, spécialiste de la biodiversité en ville et Arnaud Bellec, géographe, avec l’aide des habitants des immeubles : Carte de l’occupation du sol du Grand Lyon

Le 28 avril 2022, la Ville de Lyon a été lauréate du programme “100 Villes climatiquement neutres” de la commission européenne. Lyon s’engage à devenir une ville climatiquement neutre en 2030  en réduisant les émissions de gaz à effet de serre de son territoire qui produit aujourd’hui 5 millions de tonnes de CO2 par an. Un des leviers d’action : la végétalisation des espaces verts de la ville.  Fin 2022, la ville de Lyon élaborera son Climate City Contract.

Mission “100 villes climatiquement neutres et intelligentes d’ici 2030” – Commission Européenne -Mai 2022

 

Le chalet du Parc – octobre 2022 – copyright Julien Ducaroy

En avril 2022, la Ville de Lyon a également annoncé la création d’un lieu d’expression et de découverte des engagements écologiques lyonnais dans le cadre de la restauration du patrimoine du parc de la Tête-d’Or, en lieu et place du Chalet du Parc fermé depuis 2013.

Sylvain Godinot, adjoint au maire de Lyon délégué à la transition écologique  présente ainsi le projet : « notre ambition est d’en faire un lieu ressource amené à devenir une vigie de contemplation et d’admiration des merveilles de la nature dans un parc emblématique ».

Parmi les trois candidats en lice,  c’est le projet de Yann Arthus-Bertrandparrain de la 1ère édition du festival entre Rhône et Saône en juin dernier,  qui a été retenu avec l’ambition d’implanter sa fondation GoodPlanet, après Bordeaux.  A ses côtés, le promoteur Youse, La fabuleuse Cantine et Maison Gutenberg. Ils bénéficieront d’un bail emphytéotique administratif d’une durée de 50 ans pour reconvertir ce chalet en “lieu totem pour la transition écologique” dont l’ouverture est prévue en 2025.  Source : Un lourd investissement (6 M€) : Yann Arthus-Bertrand choisi pour reprendre et verdir le Chalet du Parc de la tête d’or à Lyon – LE [Lyon-Entreprises], 14 novembre 2022

 

 

II. Les grands chantiers de végétalisation

La place du végétal est très importante pour des questions environnementales mais aussi pour le bien-être des habitants. De nombreuses études sociologiques prouvent que l’on vit mieux entouré de verdure.

A LIRE : Pourquoi la nature nous fait du bien, les scientifiques expliquent / The Conversation, 2018

Il est également démontré que protéger la nature en ville ou de nouveau l’accueillir contribue à pallier les dommages causés par les activités humaines tout en participant au bon équilibre psychique des habitants.

Au lendemain de son élection en juin 2020, le nouveau maire écologiste Grégory Doucet annonçait : « Lyon ne doit plus  être un poids pour la planète » ; « l’on doit retrouver à nouveau une biodiversité florissante et une qualité de vie, ce que réclament les habitants : pouvoir manger et respirer sainement, se déplacer tranquillement, se sentir bien. » Source : Tribune de Lyon, n°760, 2 juillet 2020

Interview de Nicolas Husson, adjoint au maire de Lyon en charge de la biodiversité par Lyon Capitale Live – 17 mai 2022

En mai 2022, la ville de Lyon annonçait le bilan de son plan Nature pour l’année 2021 et les objectifs d’ici 2026 : 7 500 m² de sols sont passés du bitume au végétal à Lyon  et 7 500 enfants bénéficient d’une “rue aux enfants” apaisée et re-naturée ; 35 opérations de proximité ont été réalisées, 53 le seront en 2022, et 50 autres verront le jour chaque année, à 80 % dans les secteurs carencés (les 3e, 7e, 8e, 9e  arrondissement) pour placer le végétal au cœur des projets urbains.

700 nouveaux jardins de rue ont été créés pour un total de 3000 comptabilisés et 400 supplémentaires sont prévus chaque année. Avec un budget alloué à la végétalisation de 142 millions d’euros pour le mandat,  3 axes prioritaires ont été définis : la voirie, les écoles et crèches et les parcs et jardins. Plus de 10 000 arbres vont être plantés en ville, la majorité des 70 cours d’écoles et des 152 crèches reverdies d’ici 2026. Source : Interview de Sylvain Godinot : Comment faire baisser la température ? / Le Progrès de Lyon du 14 sept 2022

A. Les poumons verts de la ville  

Lyon compte 300 parcs, squares et jardins. Les 105 hectares du Parc de la Tête d’Or cohabitent avec le plus humble des jardins de proximité.

Le lac du parc de la Tête d’Or vu du Chalet du Parc – octobre 2022 – copyright Julien Ducaroy

A LIRE :

Depuis 2020, 23 parcs et squares ont été réaménagés sur Lyon.

Plusieurs chantiers d’extension et de création de parcs sont en projet dans le mandat et pour certains en cours :

  • L’extension du parc Henry Chabertde Gerland vers le Nord, côté avenue Tony-Garnier
  • La dernière phase de transformation du Parc Blandan dans le 7epour aménager les 3 bastions qui se trouvent dans la partie haute du parc.
  • La restauration du patrimoine du parc de la Tête-d’Or : rénovation des petites serres et du jardin de plein air du Jardin Botanique, nouvelle charte pour le parc
  • La création du parc des Balmes de Fourvière, quelque 80 hectares à créer, qui partira de Choulans, via Loyasse et Fourvière pour aboutir dans le secteur de Champvert et de l’avenue Buyer. Projet lancé en 2021, cet ambitieux programme nécessite d’acquérir du foncier sur l’ensemble du parcours, négociations actuellement en cours.

Projet du Grand parc des balmes de Fourvière. Copyright Ville de Lyon – Directions des Espaces Verts – mars 2021

La mise en continuité des espaces verts est à l’œuvre également en rétablissant une conjonction entre les parcs et les cimetières. Les crédits affectés à Loyasse et à la Guillotière (1 million d’€ chacun) visent à faire des cimetières à l’anglaise. Après le cimetière de Loyasse, labellisé “refuge de la Ligue de Protection des Oiseaux” en 2017, la Ville de Lyon poursuit sa volonté d’utiliser les cimetières comme centre de biodiversité en partenariat avec la LPO -délégation Rhône. Le 11 juillet 2021, le Cimetière de la Guillotière, d’une surface de 22 hectares répartis sur deux sites, a été labellisé Refuge de biodiversité. Un label qui permettra de préserver la biodiversité locale d’inventorier les espèces et de mieux prendre en compte la faune et la flore dans la gestion du site.

On assiste depuis quelques années à un retour vers une conscience écologique qui conduit à un regain d’intérêt pour ces espaces végétalisés au cœur des villes et des agglomérations. C’est le cas aussi des grands parcs métropolitains qui sont devenus les véritables poumons verts de ces territoires.

A LIRE : Parcs métropolitains : un accès durable à la nature / Archives du Grand Lyon, 2022. Sont présentés les trois grands parcs de la Métropole de Lyon à partir des nombreuses archives notamment iconographiques de la direction du patrimoine végétal :

 

 

B. La plantation d’arbres et de forêts

Comme L’homme qui plantait des arbres, nouvelle de Jean Giono écrite en 1953 pour « faire aimer à planter des arbres » selon ses termes et aujourd’hui considérée comme un manifeste à part entière de la cause écologiste, la ville a besoin de planter des arbres pour lutter contre les impacts du réchauffement climatique.

A Lyon, la ville compte actuellement 58 000 arbres répartis dans les différents parcs, squares et jardins de la ville ainsi que sur les balmes ; ceux des alignements de voirie sont sous la responsabilité de la Métropole. Près de 1 000  arbres sont plantés chaque année. Ils ont tous une petite étiquette avec un numéro.  En 2022, 38 348 arbres sont déjà référencés sur une base de données qui indique toutes sortes d’informations, sur la croissance, l’entretien, la taille, les éventuelles maladies, les contraintes géotechniques des balmes et autres. 4 000 nouvelles plantations sont attendues dans cette base, venant s’ajouter aux 38 348.

Le plan Canopée de la ville de Lyon prévoit d’atteindre un objectif de 100 000 arbres sur les espaces publics (parcs et voiries) d’ici 2030.

La Métropole de Lyon de son côté  poursuit son importante plantation d’arbres sur les 59 communes de la Métropole. Objectif : la barre des 300 000 arbres plantés sur le mandat 2020-2026.

S’agissant du patrimoine vert urbain, de nombreux chantiers de végétalisation/plantation sont contraints et doivent être menés en lien avec le service des Architectes des Bâtiments de France (UDAP de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes). C’est le cas par exemple de l’allée de platanes sur les quais hauts du Rhône entre le parc de la Tête d’Or et le parc des Berges construite au XIXe siècle, où seront remplacés progressivement les platanes qui sont atteints d’une maladie incurable (le chancre coloré du platane) par des essences qui leur ressembleraient et également d’y planter des strates de végétaux plus basses pour accueillir la biodiversité.

Vue du Rhône vers 1900 : pont Lafayette et la passerelle du Collège – copyright Jules Sylvestre

De nombreux projets de plantation et végétalisation sont difficiles à mener en milieu urbain du fait des réseaux en sous-sol. De même, pour envisager des arbres en pleine terre et transformer ainsi des places très minérales comme celle des Terreaux et de Bellecour, il faudrait s’affranchir d’un niveau de stationnement de parking. Source : Plus de vert place Bellecour, pourquoi c’est si compliqué ? / Le Progrès de Lyon du 16 août 2022

Concernant les forêts urbaines, de nombreux  projets ont déjà été réalisés comme la plantation d’arbres cours Charlemagne ou l’arborétum de 107 arbres inauguré en mars 2021 dans la Zac Castellane à Sathonay-Camp dans un espace de 1 400 m² ouvert au public (coût de l’opération à 64 432 €).

La métropole prévoit  dans son Plan Nature la réalisation de 12 corridors écologiques dont l’objectif est de végétaliser et permettre la croissance des populations de végétaux, insectes, et autres oiseaux ; en novembre 2021, a été récupéré un territoire de 12 hectares au nord de Saint-Priest , dans le cadre de la création du couloir écologique reliant le parc de Parilly à celui de Miribel Jonage. Source : Des forêts urbaines au cœur de la Métropole / Le Met’ -Magazine de la métropole de Lyon, avril 2021

À la Part-Dieu, la libération du secteur proche de la rue du Lac liée à la restructuration de la Cité Administrative d’État va permettre de réaliser le boisement Bouchut, entre les locaux de France 3 et la bibliothèque municipale (fin 2025) et également un parc de plus de deux hectares en doublement la place du Lac (2026).

Mail Bouchut actuel avant les travaux du boisement à partir de 2024 – copyright Claire Margaron – octobre 2022

Mais surtout Lyon-métropole compte s’orienter vers la création de microforêts participatives inspirées de la méthode du botaniste japonais Miyawaki qui amène les habitants à être participatifs sur ces projets qui vont concerner tous les arrondissements et les agglomérations. Cette méthode  vise à reconstituer des forêts indigènes sur des milieux fragilisés grâce à des espèces locales, en plantant de jeunes arbres en pleine terre sur un sol paillé, permettant la croissance rapide d’une forêt multistrate très dense. C’est ainsi que les 26 et 27 novembre prochains, les grands lyonnais  pourront participer à la plantation de mini-forêt Miyawaki au parc Nelson Mandela à Saint-Priest lors d’un atelier organisé par Boomforest, l’une des principales associations françaises qui se consacre à l’implantation de forêts Miyawaki en travaillant en partenariat avec les collectivités locales.

 

Cette participation citoyenne est également attendue avec la création des 9 vergers urbains, un par arrondissement, soit 5 000 m2 plantés et 1 200 plants pour une dizaine de variétés sélectionnées avec l’aide du Centre de ressources de botanique appliquée (CRBA) et de l’association Arthropologia. Le  choix s’est porté sur les espèces patrimoniales qui ont existé ou qui ont été créées à Lyon, comme les cerises Burlat ou les reines-claudes d’Oullins. La ville de Lyon souhaite ainsi faire du lien avec son histoire horticole.

Panneau sur le verger planté en 2020 du parc Kaplan – quartier Guillotière 3e arrondissement. copyright Claire Margaron 2022

III. Des actions citoyennes

Les citoyens sont de plus en plus impliqués dans les processus de décisions pour créer la ville de leur choix. Les 3/4 des villes françaises décernent un « permis de végétaliser » afin de verdir les espaces urbains (trottoirs, façades végétales…).

Ainsi, la Métropole de Lyon soutient les projets de végétalisation des espaces privés et  la Ville de Lyon  soutient la création de jardin de rue.

Sous l’effet de l’aspiration sociale à davantage de nature en ville, toutes sortes de mouvements et de collectifs citoyens écologistes ou de forme de vie participative de quartier ont vu le jour plus ou moins influencés par des exemples venus du monde entier.

C’est le cas de l’association  naturaliste Des Espèces Parmi’Lyon (DEPL) créée en 2015  qui œuvre en faveur de la biodiversité en ville.

Montchat, pied d’arbre végétalisé – copyright Sylviane Blanchoz-Rhône -mai 2021

C’est également l’apparition des micro-implantations florales (MIF) qui ont progressivement investi les rues et les quartiers comme celui de Montchat qui devient en 2020 le quartier de Lyon comportant la plus grande concentration de micro-implantation florale.

A LIRE : Biodiversité et végétalisation à Montchat / Article rédigé sur L’Influx en mai 2021

 

Des ilots de biodiversité ont vu le jour sur les toits du Grand Lyon avec le programme Rézotopia porté par l’atelier Capacités depuis 2019  :  « Sur les toits du monde » consiste à développer la végétalisation des toitures plates et toits terrasses de la Métropole de Lyon, par l’ajout de bacs et sacs de plantation avec des végétaux qui ne nécessitent pas trop d’entretien combinés à des aménagements qui serviront de refuges à la faune comme des hôtels à insectes. Trois projets ont déjà été réalisés : le toit de l’IUT Lyon 3, la terrasse de la MJC Confluence et une petite friche sur le CCO. Source : RezoTopia les aide à « créer des jardins sur les toits »/ Le Progrès 9 avril 2022

Une équipe de La Maison des Solidarités locales et internationales, en partenariat avec l’association Atelier Capacités, a réuni cet été un groupe de jeunes de 15-35 ans pour approfondir le sujet dans le cadre de l’appel à projet européen “Mindchangers”, dispositif destiné à renforcer les connaissances et l’engagement des citoyens sur les objectifs de développement durable. Ce travail a abouti, notamment, à une exposition photos visible jusqu’au 31 octobre à la Maison des Solidarités

Certains mouvements collectifs offrent une interprétation de modèles d’agriculture urbaine plus anciens comme l’illustre le renouveau des jardins ouvriers de la fin du 19e sous la forme de jardins partagés qui s’installent dans les squares publics, les friches urbaines ou les pieds d’immeubles.

[Jardins ouvriers] – Jules Sylvestre vers 1900

Dans notre région, le développement des jardins ouvriers ou partagés est accompagné par le Passe-jardins qui les recense dans un annuaire (jardins partagés, jardins familiaux, jardins d’insertion) Parmi les nombreux jardins collectifs de la métropole lyonnaise, on peut citer comme exemple :

Le jardin nomade Brin d’Guill : un jardin de quartier partagé – Ilot d’Amaranthes, rue Mazagran Guillotière 2009 – copyright Nicolas Daum

A Lyon, se sont développés aussi des potagers sur les toits. Si  le toit de Perrache conçu en 1974, a été l’un des premiers toits végétalisé d’Europe,  c’est depuis 2017 un programme porté par l’association Groof qui participe également depuis 2019 à l’aventure de la Maison de l’agriculture urbaine de Lyon

Concernant l’avenir du toit végétalisé de Perrache qui depuis 2011 était pris en main par l’association Les Jardins suspendus de Perrache, dans le cadre de la transformation du centre d’échanges, à la place des jardins actuels, le promoteur va ériger 2 surélévations de deux étages qui seront coiffées de jardins sur une surface d’un hectare où seront plantés des arbres de garrigue, une végétation méditerranéenne qui devrait supporter le fort ensoleillement. Source : Perrache, transformation radicale / Nouveau Lyon, n°62, novembre 2022

Jardin sur le toit du Centre d’échanges de Perrache – Copyright Ecolyon 2011

Les jardins collectifs ont donc une place à part entière aux cotés des parcs et des squares et de l’ensemble des espaces naturels et agricoles. Ils contribuent au renouvellement du fonctionnement de la cité, tant au niveau écologique que social que par leur place dans la trame verte et le fonctionnement écologique de la ville. Ils participent au côté de l’agriculture du territoire à la gouvernance alimentaire de la ville.

 

 

IV. Vers des pratiques plus écologiques et alternatives

 

La biodiversité joue un rôle fondamental dans le fonctionnement des écosystèmes et dans les services qu’ils fournissent.

L’approche fonctionnelle qui permet à la biodiversité urbaine de se rapprocher de la biodiversité naturelle est aujourd’hui bien prise en compte par les services gérant les espaces verts, parcs et jardins :

  • gestion différenciée,
  • abandon de l’usage des pesticides avec la mise en place en janvier 2017 de la loi Labbé, qui proscrit l’usage des produits phytopharmaceutiques par les villes (sauf exceptions)
  • choix d’espèces plus locales, avec l’aide d’outils comme le Sésame  développé par le CEREMA qui recense les essences d’arbres adaptées au changement climatique et aide pour le choix des arbres dans un projet de végétalisation
  • gestion plus économe de l’eau.

Il en va de même pour la conception d’espaces de nature qui est aujourd’hui plus frugale et attentive à la préservation de la biodiversité comme c’est le cas dans l’accompagnement de la voie lyonnaise n°1 des quais hauts de la rive gauche du Rhône.

Ainsi on se rapproche d’une nature en ville plus résiliente.

Moutons dans le cimetière de Loyasse 2005 – Copyright Bertrand Riotord

En France, 68 % des municipalités d’après l’Observatoire des villes vertes feraient appel au pastoralisme pour la tonte et l’entretien de leurs espaces verts, d’autant que l’utilisation de produits phytosanitaires est désormais interdite par loi pour les collectivités.

Cette technique ancestrale, écologique, a aussi le mérite de sensibiliser la population aux enjeux environnementaux.

Actuellement, sur la métropole de Lyon,  c’est la Bergerie urbaine, structure d’agriculture urbaine   qui gère un troupeau de 40 moutons qui pâturent sur 6 sites de  5 communes (10 hectares) : Lyon/La Duchère, Bron, Villeurbanne, Saint Didier au Mont d’Or, Collonges au Mont d’Or.

La Bergerie urbaine propose aussi des animations de sensibilisation notamment à travers sa petite transhumance qui a eu lieu sur 3 jours fin (29/30 sept et 1er oct).

Centre horticole de Cibeins à Misérieux (Ain) – 1991 – copyright Marcos Quinones

On l’oublie parfois mais l’un des poumons verts de Lyon se trouve dans l’Ain, à Cibeins sur la commune de Misérieux, à 30 kilomètres au nord de Lyon.

Depuis 1990, c’est là que se prépare, se travaille et se planifie la végétalisation de Lyon. Une façon de rendre la ville autonome dans sa production de végétaux, à l’heure où les pépiniéristes peinent à répondre aux demandes des collectivités. Les espèces notamment sont rigoureusement sélectionnées. « On privilégie par exemple la bourdaine, un arbuste bien spécifique à la région », précise Daniel Barberet, le « responsable de la plateforme du végétal de la Ville de Lyon à Misérieux ». Mais aussi, « des fleurs de la campagne et autres herbacées » répondant au doux nom de « centaurées, digitales, silènes ou épervières produites au centre horticole même et que l’on ne trouve pas chez les producteurs » insiste encore cet expert du végétal. Source : Le centre horticole de Cibeins fleurit tout Lyon / Le Progrès, mercredi 4 mai 2022

Dans la Métropole de Lyon, de nombreux parcs ont reçu le label Ecojardin  : parc de la Tête d’Or, parc de la Cerisaie, parc Blandan, parc de Parilly, parc domaine de Lacroix-Laval . Quelques-unes des pratiques écologiques qui sont mise en œuvre par les agents des espaces verts : collecte des déchets avec un attelage de cheval de trait, Eco pâturage, mare avec pélodytes, désherbage manuel, conservatoire d’espèces végétales et potager expérimental  en lien avec le CRBA, préservation de la faune (nichoirs et hôtels à insectes en lien avec l’association naturaliste Arthropologia), fauches tardives, semis de prairies fleuries pour préserver la biodiversité et les insectes pollinisateurs. Des actions de sensibilisation à l’environnement sont aussi menées avec de nombreux ateliers pédagogiques et des panneaux d’info, des équipements spécifiques compensatoires comme des mares conçus dans le cadre de la loi de  la protection de la nature de juillet 1976.

 

Conclusion

 

Panneau rue Bouchut avec un extrait de la photo de Benoit Martin – Concours photos de la SPL Lyon Part-Dieu #PartDieunature -juin 2022

L’aspiration sociale au plus de vert en ville et sur l’espace public à laquelle semble répondre le développement des projets dans lesquels le vivant prend de plus en plus de place (projets d’immeubles couverts de végétation, de jardins urbains, de plantations participatives en pied d’immeubles) n’est pas seulement une réaction à la diffusion médiatique des connaissances de la brutale érosion de la biodiversité globale.

Elle n’est pas seulement une réponse factuelle aux phénomènes d’ilots de chaleur urbains.

C’est peut-être aussi l’expression d’une mutation profonde culturelle qui se traduit par un rapport nouveau au vivant notamment par le besoin de développer une proximité et la possibilité de contacts visuels et physique au végétal beaucoup plus prononcé qu’il y a 15 ans.

 

Mur végétal du métro de Cusset – Ecolyon 2011

Le concept de végétalisation est donc fabuleux, cependant les projets sont encore délicats à élaborer (végétalisation des toits ou de murs). L’intégration de ses spots de nature en ville dense peut faire des relais avec les jardins publics, les bords des fleuves, les chemins  plantés, les lotissements et jardins. C’est l’idée de continuité verte !

De même les freins à la (re)végétalisation de la ville sont encore nombreux : notamment d’ordre culturel car on croit encore davantage aux solutions techniques et technologiques ; les villes sont toujours très minérales, c’est l’héritage du passé ; on essaie donc de les désimperméabiliser et enfin la végétalisation des villes a un coût ; elle  demande de se réorganiser dans la société, de prévoir des budgets importants pour planter des arbres, préserver les sols, tous les espaces verts existants.

Barrières trémières – photo de Mathieu Fresson dans le cadre du Concours de photos de la SPL Lyon part-Dieu juin 2022 #PartDieunature – Panneau exposé Rue Bouchut

La constitution d’une nature en ville est donc l’affaire de tous, d’autant que la propriété privée est très largement supérieur à l’espace public.

Les projets municipaux doivent donc aller de pair avec une sensibilisation des citadins (jardin privatifs ou jardins d’entreprises)  pour que ces derniers imaginent eux-mêmes de nouvelles pratiques de jardinage ou d’usage de leurs espaces en cohérence avec un développement progressif de biodiversité.

 

 

 

Sources documentaires & Bibliographie

Articles

 

Livres

Le platane du jardin de France3 Auvergne-Rhône-Alpes – quartier Part-Dieu Cuirassiers – octobre 2022 – copyright Claire Margaron

 

 

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