Du bon gros lourd américain… en poche !
"Le roman noir est à l’Amérique ce que le bikini est à la mode estivale" (Marcel Proust, apocryphe)
Publié le 08/08/2016 à 13:00 - 3 min - par Boxer
La taille du polar n’a aucune importance, on vous le répète assez dans tous les magazines qui font la une de vos kiosques chéris. Ce qui compte, c’est son épaisseur (dramatique), sa profondeur (psychologique) et le style, le style ! Voici réédités en format poche de grands classiques du polar américain qui vont - vous distraire - vous épatouiller - vous faire monter aux rideaux (avez-vous choisi les bonnes fixations aux murs ?) - vous transporter vers des confins insoupçonnables (ne cherchez pas, les confins sont insoupçonnables, on vous dit). Bonnes lectures XXL !
Kiffe 1 : Horace McCoy
Un linceul n’a pas de poches (1937)
Voici l’histoire d’un homme qui a entrepris de dire, d’écrire et d’imprimer la vérité. Forcément c’est une histoire courte, et logiquement, elle devrait mal finir. Ce livre de Mac Coy est le réquisitoire le plus violent, — le plus dépourvu d’espoir aussi — qui puisse être dressé contre ce qu’on appelle « l’ordre établi ».
Kiffe 2 : Ross McDonald
Les oiseaux de malheur (1958)
La journée commence mal pour Lew Archer. D’abord, un homme débarque chez lui au petit matin, le tire de son lit et lui demande de faire la lumière sur la mort soudaine de son père, sénateur de l’État de Californie. Puis, ce même type manque de l’étrangler avant de lui voler sa voiture. Et voici comment le détective se retrouve impliqué dans les affaires de la famille Hallman où les succès politiques côtoient escroqueries, infidélités, vengeances et morts suspectes.
Précision de taille : James Ellroy est un grand fan de Ross McDonald et lui doit beaucoup.
Kiffe 3 : Chester Himes
Tout pour plaire (1960) :
S’il n’y avait qu’une phrase à retenir, ce serait celle-ci et elle est extraite des Mémoires de Chester Himes : “Tout être humain, quelles que soient sa race, sa nationalité, sa foi religieuse ou son idéologie est capable de tout et de n’importe quoi”. (Regrets sans repentir, 1979 ).
Gros Kiffe 4 : Herbert Lieberman
Nécropolis (1976) : attention ce roman n’est pas pas du tout mais alors pas du tout vegan.
Paul Konig est le médecin-chef de l’Institut médico-légal de New York. Avec plus de quarante ans d’expérience, c’est une sommité au diagnostic parfait; son jugement fait loi et tous le respectent. L’implacable médecin n’a qu’une faille : le naufrage de sa vie de famille. Sa femme, morte d’un cancer, sa fille disparue et qu’il sait en danger. Noyant sa peine dans un travail acharné, Konig doit résoudre une affaire peu ordinaire: un véritable cimetière a été retrouvé sur les berges du fleuve. Combien de corps, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, comment sont-ils morts et pourquoi sont-ils là?
Kiffe 5 : Ned Crabb
La bouffe est chouette à Fatchakulla (1978) : connaissez-vous un titre aussi accrocheur ? On a tout de suite envie de prendre son pick-up, brancher le GPS et aller faire une virée dans ce bled improbable des Etats-Unis. Pas sûr qu’on en revienne du reste.
Polar estampillé livre culte. Vous êtes prévenus.
Kiffe 6 : P.D. James
Un certain goût pour la mort (1986)
Relisez bien le titre au cas où vous penseriez lire un petit badinage rohmérien avec des garçons et des filles en maraude. P.D. James a un certain goût pour les aristocrates et les clochards saignés à blanc. Et vous ?
Méchant Kiffe 7 : Deon Meyer
Les soldats de l’aube (2000) : vous voulez comprendre l’Afrique du Sud ? Lisez ce livre. Comme dirait Patrick Raynal, ancien directeur de la Série Noire chez Gallimard, “voilà une littérature qui vient faire irruption dans le monde pour mieux l’éclairer”.
Johannesburg. Zatopeck Van Heerden, dit Zet , est un ancien policier qui essaie de surmonter sa dépression. Son collègue Kemp vient le sortir de prison pour lui proposer une affaire qui devrait le remettre en selle. Il lui demande d’enquêter en tant que détective privé pour le compte d’un cabinet d’avocats…
Il vous reste deux minutes ? Servez-vous un bon Fernet-Branca et plongez-vous dans la lecture de l’essai signé Benoit Tadié : Le polar américain , la modernité et le mal (1920-1960). Eclairant, vif et bien écrit.
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