L’espion dans la littérature policière.

- temps de lecture approximatif de 8 minutes 8 min - Modifié le 20/03/2025 par EM

Entre fantasme et réalité, l'espion a toujours fasciné. Dans la littérature, des professionnels reconvertis aux stéréotypes du genre, levons le voile sur la production fictionnel.

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De James Bond à The Gentlemen, de Fleming à Le Carré, du cinéma à la littérature, l’espionnage fascine. Des smokings aux belles voitures, des gadgets aux messages cryptés, quelle part revêt du fantasme ou de la réalité ? De plus, la littérature “d’espionnage” possède enfin son prix littéraire, il faut dire que là où le secret est de mise, les plumes se délient.
Dans la littérature policière, comment le roman d’espionnage a su asseoir une profession dans la fiction ?

Définition

Pour commencer, le roman d’espionnage s’impose comme un sous-genre du roman policier.
Dans l’Ancien Testament, l’Iliade d’Homère, l’Art de la guerre, œuvre chinoise du XIVe siècle, des activités d’espionnage sont relatées. Ainsi depuis la nuit des temps, quand il est question de stratégies militaires et de guerre, épier son adversaire s’impose comme une évidence universelle.

Son rôle se définit comme : surprendre des faits d’un autre pays pour servir les intérêts de son propre pays, recueillir des renseignements au profit d’une puissance étrangère.

En premier lieu, le personnage de l’espion apparaît dans la littérature française en tant qu’observateur des mœurs étrangères dans les Lettres persanes de Montesquieu en 1721.

« L’espionnage serait peut-être tolérable s’il pouvait être exercé par d’honnêtes gens. »

En plus d’un témoin, l’espion s’affirme comme un héros de l’histoire lors de grands conflits, et s’impose parallèlement comme un personnage de fiction dans la littérature.

L’apparition de l’espion dans la littérature policière.

Le premier roman où le personnage principal est un espion apparaît dans L’Espion publié en 1821 par l’auteur américain  James Fenimore Cooper. Dans la littérature française classique, Stendhal évoque des opérations secrètes policières et politiques dans le Chartreuse de Parme dès 1839. Dans Une ténébreuse affaire (1843) et Splendeurs et misères des courtisanes (1838-1847), Balzac met en scène des espions. Alexandre Dumas quant à lui présente en 1846 un espion en la personne de Joseph Balsamo autour de l’affaire du collier de la reine.

Malgré ces titres, les auteurs britanniques revendiquent la paternité du genre.

L’hégémonie des auteurs anglais dans l’espionnage.

Par ailleurs, au delà de la Manche, dès 1893, Conan Doyle infiltre les services secrets britanniques dans ses romans par le personnage de Mycroft Holmes. Dans Kim (1901), Rudyard Kipling narre les premiers pas d’un jeune espion anglais. Joseph Conrad contribue à cet essor avec son Agent secret en 1907. En 1938, Graham Greene répond d’un livre du même titre. Il y croquera un portrait plus cocasse de l’espion dans Notre agent à la Havane. Agatha Christie consacrera quelques romans sur ce thème dans : Les Quatre, Le chat et les pigeons, Rendez-vous à Bagdad.

De plus, en 1953, Ian Fleming crée le personnage de James Bond dans Casino Royale. Fort du succès et des adaptations qui en découlent, une série de 12 livres impose à jamais l’espion legendaire.

De surcroît, Ken Follett s’illustrera dans les romans d’histoire et d’espionnage avec notamment son titre L’arme à l’œil en 1978.

Enfin, John Le Carré, a su reconvertir sa carrière d’agent du MI5 en roi des romans d’espionnage avec l’Espion qui venait du froid 1963, la Taupe 1974, Les gens de smiley 1980 et La Maison Russie 1989.
Son personnage récurrent, George Smiley incarne un anti-James Bond.

L’espion dans la production littéraire contemporaine.

Côté américain, Tom Clancy avec Octobre rouge et James Grady pour Les six jours du Condor furent à tour de rôle adaptés en film. Ainsi, le grand écran a icônisé l’image de l’espion grâce à des adaptations populaires à succès comme celles de James Bond. Une image de mystère et de glamour enveloppe l’espion. Le petit écran lui a réussi dans un réalisme déroutant à soumettre des séries passionnantes comme le Bureau des légendes ou récemment Black doves.
Quels titres évoquent l’espionnage avec brio dans la production littéraire aujourd’hui ?

Les mouettes de Thomas Cantaloube. Marcel Gaingouin, directeur des opérations à la DGSE, confie une mission périlleuse au capitaine Yannick Corsan. Il doit exfiltrer Canaque, un jeune agent infiltré chez les djihadistes Aqmi. Le temps presse un attentat se prépare au Mali.

Ma sœur est une espionne de Flynn Berry Mère célibataire et journaliste, Tessa Daly travaille à Belfast. La police suspecte sa sœur d’avoir rejoint l’IRA et perpétré une attaque terroriste. Marian refuse d’y croire et mène l’enquête.

Pierre Olivier, premier récipiendaire du Prix du roman d’espionnage pour Lorsque tous trahiront. 1945 autour de Sigmaringen, après avoir combattu sous l’uniforme allemand, Jacques Doriot est abattu. Un jeune lieutenant enquête sur cet assassinat.

Le Prix du Roman d’Espionnage couronne en 2024, Pierre Pouchairet pour son ouvrage Captagonia. Maïssa Thabet, policière franco-palestinienne, est blessée lors d’un attentat. Durant sa rémission, la drogue Captagon, d’origine syrienne s’étend en Occident. Maïssa, polyglotte, s’impose comme un atout pour démanteler son réseau.

Mick Herron, avec le quatrième volet de sa saga sur le MI5 Mission tigre allie modernité et espionnage. Brillamment adaptée en série avec Gary Oldman dans le rôle titre.

David McCloskey avec Mission damas bonifie ses années passées comme analyste de la CIA. Basé durant plusieurs années au Moyen-Orient, il s’avère également spécialiste de la Russie. Un roman captivant.

En conclusion, rendez-vous Jeudi 3 avril 18h30 Bibliothèque Part Dieu, salle de conférence.
Inaugurez le Festival Quais du Polar avec une conférence sur L’espionnage : entre mythe et réalité avec l’auteur Thomas Cantaloube et le professeur spécialiste du renseignement, Sébastien-Yves Laurent.

Bonnes lectures et Bon festival.

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