Stylo bille, tout un art. 2
Publié le 20/02/2023 à 08:30 - 14 min - Modifié le 24/02/2023 par Pam
Objet du quotidien dans son utilisation artistique Volet 2
« Le but de ce livre est de montrer qu’un outil aussi simple qu’une pointe bille, qui n’offre qu’une gamme restreinte de couleurs et une seule épaisseur de trait – autrement dit, un instrument d’une expressivité très limitée – se prête à une grande diversité de créations. »
Ainsi est présenté le stylo bille dans son utilisation artistique dans le livre L’art du stylo bille que nous possédons à la bibliothèque et qui terminait le premier article sur cet objet de création original.
Outre une présentation et histoire du stylo, l’ouvrage offre une mise en lumière des artistes orfèvres. Focus, non exhaustif, sur ces artistes dans ce 2ème opus (les citations non sourcées sont issues de ce livre).
« Les artistes qui travaillent aujourd’hui au stylo à bille sont généralement séduits par ce médium pour deux raisons. La première est son côté pratique. Nous avons tous en permanence un stylo bille sous la main … La seconde raison … tient aux qualités techniques du stylo : il offre un débit d’encre régulier et on n’a pas besoin de le tailler, de l’humecter ou de le recharger en pleine exécution du dessin. »
« Le dessin au stylo à bille est un travail laborieux qui demande de la concentration. Il sollicite davantage le poignet que le bras entier et le résultat, même à grande échelle, demeure intime. »
Artistes selon différents courants
- Classique contemporain
Artistes qui usent des techniques de l’illusionnisme, du dessin au trait et des hachures. Œuvres essentiellement figuratives réalisées avec des «techniques de dessin habituellement associées au crayon, au fusain ou à la plume. »
« Cet artiste remplit des carnets de croquis du monde qu’il observe autour de lui. Il gribouille des portraits page après page, mais également des scènes de fermes accidentées et d’animaux, des souvenirs de lieux en République dominicaine et en Chine. Sanchez explore les racines de sa propre identité, plongé dans une éducation bi-culturelle qui s’étend du Midwest américain à l’histoire rurale de sa famille au Mexique. Son compte Instagram illustre parfaitement son travail et son talent. car en plus de son savoir faire extraordinaire au style à bille, Sanchez est également peintre et travaille dans d’autres styles très différents. »
elleadore.com
« Pour Nicolas, le stylo à bille donne un sentiment de liberté. Sans faire d’esquisse au préalable au crayon, il commence son dessin au stylo et continue de même. »
Ses œuvres sont d’un tel réalisme qu’il est difficile au premier regard de penser qu’elles sont réalisées avec ce procédé.
« Si Dina Brodsky est peintre avant tout, le dessin fait partie intégrante de sa démarche créative. Elle le pratique surtout dans ses carnets de croquis, qui s’apparentent à des journaux visuels » … « Elle se déplace toujours avec un carnet dans lequel elle ne dessine qu’au stylo bille ».
« Dina faisant principalement de la peinture, elle remplit ses carnets de croquis surtout pour le plaisir ou pour faire des expérimentations ».
Sa série The Secret Life of Trees est représentative de son travail au stylo bille.
- Abstraction contemporaine
Il s’agit là d’une exploration de « la nature même du stylo bille » et de « ses limites » … « Parfois, le stylo devient le sujet en soi. Il peut aussi faire partie intégrante du concept de l’œuvre, créée en fonction des spécificités de l’instrument et des contraintes qu’il impose. Ces dessins abstraits ne pourraient être exécutés autrement qu’au stylo ».
« Pour Joanne Greenbaum, le dessin est un point de départ. Lorsqu’elle dessine, elle prend simplement son stylo et laisse les choses se produire, sans se donner de but. Parfois, elle se contente de griffonner ; parfois, ses travaux sont plus détaillés et analytiques. Les formes surgissent au fur et à mesure qu’elle dessine. »
« Il faut voir ses dessins comme des formes et structures non définies, sans rapport avec le monde réel. »
Elle « travaille sur plusieurs dessin à la fois ; elle les classe en piles suivant leur stade d’avancement et revient tour à tour sur chacun jusqu’à ce qu’il soit achevé ».
« Elle cherche à créer quelque chose qui fascine son propre regard. Chaque dessin doit exprimer quelque chose de différent et doit lancer un défi artistique ».
« Le travail de Joan Saló consiste à créer une harmonie de lignes droites avec une gamme complète de stylos de couleur. Chez lui, le matériel et la technique sont le reflet du concept qui sous-tend l’œuvre. »
Il « a choisi une technique fondée sur la contrainte, en n’utilisant que des traits droits, parallèles aux bords de la toile et soulignant sa forme. Son style dérive de normes expressionnistes, selon lesquelles le trait est au centre du vocabulaire de l’artiste. »
« Le matériel qu’utilise Joan est réduit à sa plus simple expression, comme son mode de travail : » … « au stylo bille – dans toute une gamme de couleurs – sur toile de coton. »
« La peinture de Shane McAdams est un équilibre entre la représentation réaliste de paysages et une démarche abstraite. »
«Shane vise, par ses procédés et ses expérimentations sur son matériel, à dévoiler l’aspect chimique du médium. Ses différentes méthodes ont un lien avec la façon dont la nature et le temps façonnent le paysage réel.»
Il « a une prédilection pour les médiums industriels, habituellement peu utilisés dans l’art, qu’il décompose et utilise de manière non conventionnelle. Résine époxy, marqueurs permanents, correcteur liquide, colle blanche, polystyrène expansé, pulls usagés ».
Pour lui, « dessiner, c’est expérimenter un matériau. »
Fille d’une artiste peintre, Carine Brancowitz voue une passion au dessin depuis toute jeune.
Elle fut directrice artistique junior dans une agence de communication spécialisée dans la mode et a commencé à user du stylo bille en 2007. Ses sujets ont pour caractéristique d’être des hommes ou femmes jeunes dans un cadre imaginaire, de facture moderne teinté de monuments anciens et de sculptures grecques ou romaines.
- Illustration et design
Le stylo bille dans les projets publicitaires, bandes dessinées ou dessins d’articles de presse des graphistes, illustrateurs et designeurs.
Fille d’une artiste peintre, Carine Brancowitz voue une passion au dessin depuis toute jeune.
Elle fut directrice artistique junior dans une agence de communication spécialisée dans la mode et a commencé à user du stylo bille en 2007. Ses sujets ont pour caractéristique d’être des hommes ou femmes jeunes dans un cadre imaginaire, de facture moderne teinté de monuments anciens et de sculptures grecques ou romaines.
« Ses dessins ont pour point de départ une image mentale, un instant qu’elle tente de traduire sur le papier. Le dessin est un acte inconscient : sa main fait une chose tandis que le cerveau en fait cent autres. Cela provoque chez elle une sorte de transe. »
Illustrateur barcelonais, « son travail mêle sa connaissance de la figure classique à son amour pour l’abstraction moderne et le graphisme. Il exploite différents procédés au stylo à bille : doux modelé, photoréalisme ou aplats graphiques. »
« Si Chamo se considère avant tout comme un illustrateur, surtout lorsqu’il travaille sur commande, il réalise aussi des œuvres destinées à être exposées dans des galeries. Ses graphismes empruntent autant au graphisme qu’à l’art classique. »
Joo Chung :
Illustrateur, « Joo Chung enseigne le dessin depuis plus de vingt ans à la School of Visual Arts de New York. Si à titre professionnel, il pratique surtout la peinture, il pratique surtout la peinture, il utilise principalement le stylo à bille dans ses recherches personnelles. »
Le côté pratique et le fait de ne pas avoir à tailler ou à recharger en encre cet outil l’ont séduit.
Alors que ses dessins sont réalistes, l’artiste s’estime plutôt illusionniste.
Sa technique « dérive de celle des dessinateurs pré-caravagesques » (lumière, ombre et trait)
« Ses œuvres, qui reflètent une forme d’observation rappelant la façon dont un appareil photo observe la lumière, ont marqué un nouveau pas vers la modernité. »
- Carnets de croquis
Les carnets de croquis connaissent un retour net ces dernières années. Les « œuvres sont réalisées à l’aide de médiums portatifs parmi lesquels le stylo à bille occupe une place essentielle. »
Les « dessins se caractérisent fréquemment par leur densité. On remarque aussi chez eux une interaction entre l’observé et l’imaginé. »
Travaillant principalement à l’huile, il utilise le stylo à bille pour ses dessins et croquis.
Il « fait des lavis à l’acrylique sur ses tracés au stylo bille pour les illuminer et accentuer l’étagement entre les superpositions de dessin. »
Fruits de son imagination, ses œuvres sont toutefois marquées par sa connaissance de l’anatomie humaine et animale qu’il a étudiées.
Ses traits sont énergiques, en tension, on devine une pression, un poids.
Et l’éclairage est important (dégradé de lumière) : « De tels éclairages s’ajoutent au choix de mes sujets pour évoquer la lutte et la transcendance de la nature »
« Artiste narrative », Melissa Ling « travaille surtout dans le domaine de l’illustration. Publiées dans la presse magazine, ses œuvres associent les médiums les plus divers : acrylique, huille, fusain, graphite, encre … »
« Dans ses ses œuvres, Melissa raconte des histoires inspirées de films, de livres, de souvenirs ou de rêves. »
« Je rêve toujours en noir et blanc. Ce sont souvent des personnages au visage flou sur un arrière-plan obscur, dans une scène qui repasse en boucle. Dans mon enfance, j’ai subi beaucoup de tension silencieuse. Sans cesse, je puise dans mon réservoir de souvenirs en quête de réponses et cela se reflète dans mes œuvres. »
Mu Pan :
«Mu Pan est surtout connu pour ses peintures grand format à l’acrylique et à l’aquarelle. Dans ses œuvres complexes, l’histoire et la culture populaire japonaises, chinoises et américaines fusionnent pour donner naissance à d’épiques allégories, sans distinction entre le réel et l’imaginaire. Cependant, son plus ancien médium de prédilection est le stylo à bille. »
« le sytlo à bille est le principal médium dont Mu se sert dans ses carnets de croquis. Il préfère les BIC et les SKP 0.5 de Taïwan, dotés d’une pointe très fine. »
« Les dessins de Mu sont peuplés d’une imagerie très particulière : guerriers, animaux géants, etxtes en chinois et autres références culturelles »
« Chaque public interprétera mon travail comme il le voudra, et il y trouvera ses propres références. »
- Réalisme contemporain
Les artistes « utilisent, voire inventent, de nouvelles façons de voir le monde réel et de le représenter. »
Le réalisme contemporain « se démarque clairement des méthodes classiques reposant sur une tradition bien établie de l’ « observation » et du « rendu ». »
«Dominique Vangilbergen se considère comme un conteur qui ne livrerait ses histoires qu’en partie »… « Son objectif est de suggérer une atmosphère, de mettres en scène une histoire sans la raconter véritablement. »
« Dominique procède par étagement, en différentes gammes de valeurs destinées à créer une profondeur. » Il « ne se contente pas de poser des hachures pour créer des ombres. Quand on regarde son travail de plus près, on observe que chaque forme est identifiable par une série particulière de traits. »
« La participation du public ferme la boucle, car c’est son interprétation du scénario qui achève l’histoire.
Pour « elle, outre un instrument d’écriture ou de dessin, le stylo à bille est un « instrument de pensée ». Même dans une œuvre dépourvue de texte, le trait au stylo à bille incite à « lire », et pas seulement à « regarder ». »
« Dawn dessine dans des formats très variables. Souvent, ses œuvres de grande dimension s’étalent sur plusieurs feuilles de papier. »
« Au début d’un dessin, Dawn a une idée de la composition qu’elle veut réaliser, mais les choses peuvent changer en cours d’élaboration et elle accepte volontiers l’inattendu. »
« Dans ses natures mortes minutieusement détaillées, Joo Lee Kang reprend des motifs typiques des styles naturaliste et décoratif victoriens et de la peinture hollandaise du XVIIe siècle. »
« Joo Lee travaille à partir de représentations d’animaux et de végétaux trouvées dans des magazines, des livres consacrés à la science et à la nature et sur des sites internet. Mais les créatures qu’elle dessine sont purement le fruit de son imagination. »
« Au stylo à bille, Joo Lee travaille par superposition de hachures pour former les noirs intenses de ses dessins et créer un effet de profondeur. Encore mieux qu’à l’encre traditionnelle, elle sait créer avec ce médium toute une échelle de gris. »
Elle « a adopté le stylo à bille parce qu’elle le trouvait pratique pour faire des esquisses. » Elle est tombée amoureuse « des qualités de ce médium : non effaçable, convenant aux superpositions et permettant de beaux dégradés. Enfin, la finesse de la pointe assure une précision du détail, un aspect important de son travail qui rappelle la minutie des naturalistes chargés d’établir un catalogue scientifique des espèces avec leurs caractéristiques physiques. »
Créer au bille, liberté à l’infini …
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