Les détracteurs de l’art contemporain
Publié le 18/02/2022 à 19:51 - 15 min - Modifié le 22/02/2022 par ycadet
"Nous, peintres, prenons les mêmes libertés que les poètes et les fous." Paul Véronèse
L’art contemporain fait souvent parler de lui en mal. Le rejet de l’art de son temps n’est, lui, pas nouveau. Au XVIe siècle les nudités de Michel-Ange provoquaient l’ire de l’Église. Au XIXe siècle, Courbet fit scandale avec son tableau Un enterrement à Ornan. Le sujet, le traitement, la facture du tableau déclencha une violente polémique qui marqua son époque : le peintre avait osé peindre le laid, le sale et le vulgaire. Il récidive des années plus tard avec L’origine du monde qui choque encore aujourd’hui. Plus tard, les impressionnistes se heurtèrent aux critiques du public qui n’arrivait pas à « voir » ces peintures trop éloignées du réalisme des références classiques auquel il était habitué. Puis vint l’art abstrait, l’ultime défi à la peinture avant le « coup » final de Duchamp avec ses ready-mades, passés, il est vrai, plutôt inaperçus dans une Europe en guerre.
Par rapport aux scandales du passé qu’est-ce qui choque aujourd’hui dans l’art contemporain ? Cette précision de Nathalie Heinich, sociologue de l’art, permet de saisir ce que l’art contemporain met en jeu : « Le propre de l’art contemporain est de mettre en crise les principes canoniques qui définissent traditionnellement l’œuvre d’art, de la notion de figuration à celle même de création. Cette série de défis lancés au sens commun de l’art tend à mettre toujours plus en évidence le caractère tautologique de la valeur artistique, réduite en dernière analyse à cette définition circulaire : l’art n’est rien d’autre que ce que produit l’artiste, qui lui-même se définit par sa capacité à produire des œuvre d’art ». Nathalie Heinich, L’art contemporain exposé aux rejets, Hachette, 1997. P. 11
Jusqu’à l’arrivée de l’art dit « contemporain » à partir des années 60 on assistait à une succession de ruptures. Ainsi la peinture classique est bientôt remplacée par la peinture romantique puis réaliste et ainsi de suite. Puis vint l’art moderne qui, au-delà du geste de Duchamp, se poursuit jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale.
On s’accorde pour considérer Duchamp, Warhol et l’art conceptuel comme les précurseurs de l’art contemporain car ils introduisent un nouveau paradigme : la constante remise en question du sens de la création artistique. Ce “programme” qui distingue désormais l’art contemporain de l’art moderne n’est, dès le départ, pas compris par le public. Résultat, celui-ci se méfie des nouvelles formes qui s’exposent et finit par les rejeter.
Les rejets sont ceux d’abord des publics diversement au fait de savoir où en est l’art d’aujourd’hui par rapport à l’histoire de l’art. Les rejets sont ceux aussi des « experts » rattachés de près ou de loin au monde de l’art.
Rejets du grand public
Pour les non initiés, les choses peuvent sembler simples : en effet, « Pour l’innocent à qui l’on a pas expliqué les pouvoirs magiques du fabricant [de l’œuvre], le roi est nu—et l’artiste n’est qu’un imposteur ». Nathalie Heinich Le débat, lui, est clos, dès lors que sont prononcées des remarques péremptoires et définitives du genre « c’est moche, un enfant de 5 ans pourrait faire pareil » ou encore « l’art aujourd’hui c’est n’importe quoi ».
Rejets savants
En revanche c’est une autre histoire lorsqu’un spécialiste de l’art aussi éminent qu’un ancien directeur de l’École des Beaux-Arts ou même un artiste contemporain reconnu porte un jugement sans équivoque et définitif sur la valeur de cet art contemporain. Si l’Histoire de l’art est remplie d’anecdotes concernant les rivalités et les appréciations négatives vis-à-vis des artistes entre eux, on assiste aujourd’hui à une remise en cause générale de la production de l’art contemporain. Néanmoins lorsqu’on regarde les exemples repris par la plupart des commentateurs spécialistes ou non, une chose saute aux yeux: il y en a très peu. Ce sont souvent pour ne pas dire toujours les mêmes noms qui reviennent: Jeff Koons, Damien Hirch, Maurizio Cattelan, Christo ou Buren. Parfois le nom de l’artiste, Andres Serrano, ne dit rien à personne alors que son œuvre, Piss Christ, tout le monde en a entendu parler. L’ennui c’est qu’en définitive ce sont très peu d’artistes qui servent de boucs émissaires pour discréditer l’art contemporain en général. Mais il n’y a pas que les exemples qui soient limités. Les arguments qu’utilisent les opposants sont souvent les mêmes pour disqualifier l’art contemporain. Néanmoins, parmi les critiques, il y en a une qui est redoutable et il faut le reconnaître convaincante : l’art contemporain est accusé de collusion avec les marchés financiers. En effet, on peut difficilement contester le fait que la valeur des œuvres de certains artistes peut atteindre parfois des sommets dans les salles des ventes. Et c’est peut-être sur ce terrain que ses défenseurs ont le plus de mal à justifier les qualités et mérites de telle ou telle œuvre, tel ou tel artiste. Pourtant, le fait que le marché puisse utiliser un objet d’art, une signature à des fins spéculatives pour produire des liquidités relève des mécanismes propres au système capitaliste financier et non des questions que se pose un artiste lorsqu’il produit une œuvre. Ceux qui ont choisi cet angle pour attaquer certains artistes et à travers eux tout l’art contemporain, ont d’ailleurs un postulat pour le moins simpliste : les œuvres qui atteignent des prix astronomiques sur les marchés n’ont pas de valeur esthétique et/ou artistique, seul compte le nom de l’artiste. On peut déplorer que la spéculation fasse flamber le prix de certaines œuvres mais on ne peut pas affirmer sérieusement que leurs qualités artistiques sont inexistantes. Du reste, la part des artistes qui ont le statut de Star reste infime par rapport à celle de tous les autres artistes contemporains.
Pour distinguer les différents détracteurs de l’art contemporain voici une liste non exhaustive en guise de typologie.
Les détracteurs
Le méfiant lamda.
C’est le premier type, potentiellement le plus répandu. Régulièrement ou occasionnellement il se rend dans les musées et dans les biennales d’art contemporain. C’est aussi celui de la rue qui croise au hasard des œuvres d’art exposées dans les espaces publics. Il peut se sentir humilié s’il ne comprend pas ce qu’il voit ou réagir par un sourire de mépris ou de malaise ; il peut être choqué ou afficher son indifférence. Enfin lorsqu’il s’informe du prix de l’œuvre, il s’en indigne. Ses prises de position peuvent se résumer par cette simple expression : « Cà, une œuvre d’art ? L’internaute a lui un pouvoir de persuasion et d’influence que lui confèrent le web et les réseaux sociaux. Il reprend pour l’essentiel tous les poncifs qu’il peut glaner sur les réseaux à la radio ou la télévision et en matière de rejet et d’aversion de l’art contemporain il y en a beaucoup. Soit il les partages simplement en échangeant son point de vue et ses commentaires sur les réseaux avec d’autres internautes soit il prend du galon et des « followers » en tant qu’influenceur.
Le sceptique cultivé
Il invoque sa culture de l’art pour dénoncer tantôt la laideur de l’œuvre, tantôt l’évidente absence de métier ou de savoir-faire. Il affirme n’éprouver aucune émotion devant l’œuvre. Pour lui rien ne se passe, il n’y a rien à comprendre malgré les explications que l’on peut lui donner (discours, démarches, présentations) qu’il juge de toute façon superfétatoires. En somme, l’artiste prend le spectateur de haut et pour un imbécile.
L’expert (Historien de l’art, critique d’art, artistes, acteurs du Monde de l’art)
C’est un détracteur pas comme les autres et certains d’entre eux se retrouvent là où on ne les attend pas : Un historien et philosophe et ancien directeur des Beaux-Arts comme Yves Michaud, un artiste contemporain comme Christian Boltanski, un.e spécialiste de la photographie contemporaine comme Michel Poivert ou Dominique Baqué. D’autres, au contraire, comme Jean Clair, sont connus pour leur position très tranchée et qu’ils défendent depuis longtemps. Néanmoins, certains de ces experts n’adressent leur reproches qu’envers certaines œuvres ou artistes de l’art contemporain sans pour autant condamner l’art contemporain dans son ensemble.
La vision hyper-désenchantée d’Yves Michaud
Dans son dernier ouvrage L’art, c’est bien fini. Essai sur l’hyper esthétique et les atmosphères Yves Michaud termine ce qu’il avait commencé dans L’art à l’état gazeux. Il est difficile de résumer la pensée d’un auteur en quelques lignes sans risquer de trop la simplifier. Sa thèse, largement inspirée par la conception hégélienne de la fin de l’art, pourrait se définir par ceci : puisque l’esthétique est désormais partout, puisque de son côté l’art semble avoir renoncé à la fois à l’esthétique (le beau ne préoccupe plus l’art aujourd’hui) et à sa capacité à transmettre un message universel (l’art contemporain est incompréhensible) puisque sa démocratisation accélérée avec l’art moderne et confirmée aujourd’hui avec l’art contemporain semble être arrivée à sa fin (chacun peut maintenant jugé l’art comme il l’entend ; grâce à Internet, chacun peut être artiste bien au-delà du quart d’heure de gloire Warholien) et puisqu’en même temps l’art contemporain n’est désormais plus qu’une affaire de spécialistes qui dictent ce qu’est le bon art, et bien, on peut affirmer que l’art est mort. Mort ne veut pas dire, poursuit Michaud, qu’il n’y plus d’œuvres, au contraire, la production artistique n’a jamais été aussi importante dans l’Histoire. Seulement, l’art contemporain se retrouve désormais dans des ZEP (Zones esthétiques protégées) que sont les musées, les galeries et autres lieux d’expositions. L’art est en quelque sorte protégé, c’est-à-dire déconnecté de la société. Il s’agît-la d’une conception très sombre et désabusée de l’art contemporain. Les reproches que l’on fait souvent à l’art contemporain Yves Michaud les reprend. Ce sont peu ou prou les mêmes que ceux que l’on retrouvent chez beaucoup d’auteurs: l’art contemporain est sans contenu ou alors celui-ci est inaccessible (qu’importe puisqu’il est maintenant sanctuarisé dans les ZEP), il ne répond à aucun critère esthétique, il est ennuyeux, il ne suscite aucune émotion, ne nécessite aucun talent particulier, seuls les initiés peuvent comprendre les discours abscons dont les œuvres se parent et enfin la réputation des artistes est construite grâce à la spéculation financière. Pour achever ce tour infernal Yves Michaud n’hésite pas à déclarer que l’art contemporain en France est un «art officiel ». Sur ce plan il rejoint ce que pense Marc Fumaroli dans l’Etat culturel.
Pour Jean Clair il n’y a pas pas d’ambiguïté : « L’art contemporain est à l’image de la société : décadent ». Cette vision, pour le moins réactionnaire, développée depuis longtemps par l’historien, inspire certains jeunes auteurs. Dans L’autre art contemporain. Vrais artistes et fausses valeurs, Benjamin Olivennes qui se réclame de l’historien, dresse un réquisitoire en règle contre l’art contemporain en appelant l’art moderne à la rescousse.
Christine Sourgins Les mirages de l’art contemporain. La Table ronde, 2005
La vision chrétienne de l’auteure considère l’art contemporain comme une menace pour l’homme : « Quels que soient les prétextes esthétiques, politiques ou moraux qu’il se donne, il attaque en fait l’humanité même de l’homme ». Rien de moins!
Autres experts
Ces experts ne sont pas issus du monde de l’art. Ils dénoncent les discours abscons qui, selon eux, accompagnent invariablement les différentes expositions d’art contemporain. Leur argumentaire vise à démontrer que face à un art qui n’intéresse et n’émeut personne, il n’y a rien à éprouver et que l’art contemporain est une vaste arnaque. La liste est longue des essayistes, philosophes, sociologue ou ancien ministre qui range l’art contemporain parmi les plus grandes escroqueries contemporaines : Luc ferry, Denis Olivennes, Marc Fumaroli,
Certains concentrent leurs critiques sur une dénonciation de la politique culturelle de l’État en en France qui érigerait certains artistes en véritables fonctionnaires ou artistes « Officiel ». C’est ce qu’écrit Marc Fumaroli dans L’Etat culturel. D’autres affirment haut et fort leur détestation de l’art contemporain comme Luc Ferry dans une émission de télévision présentée par Claire Chazal.
L’humoriste
Cette méthode par définition est certainement la plus drôle et la plus séduisante. Pour convaincre rien ne vaut la farce et la caricature. C’est en effet très drôle d’écouter Franck Lepage raconter comment l’Amérique a fabriqué et imposé au monde l’art contemporain américain. Comme théorie du complot on ne fait pas plus hilarant. Le groupe humoristique. Les inconnus nous avaient proposé un sketch sur l’art caricaturant les travers de certaines postures d’artistes. Cette farce relevait plus de la dérision que de la dénonciation et en ce sens, si on ne peut pas ranger les humoristes parmi les détracteurs, celle-ci a le mérite de mettre l’accent sur l’un des poncifs récurrents des anti-art contemporain.
Le journaliste
La sortie d’un ouvrage critique sur l’art contemporain ou la dernière polémique sur une exposition offre l’occasion à ce détracteur d’exprimer tout le mal qu’il pense de cet art contemporain qui prend le public pour des imbéciles. Les exemples sont nombreux, en voici quelques uns :
Le censeur
Par qui le scandale arrive, c’est le roi des détracteurs. Par son pouvoir de persuasion, d’action, de pression il peut obtenir le retrait d’une œuvre voir d’une exposition. Il peut appartenir à n’importe quel type de groupe (social, politique, religieux, professionnel, etc,…) Ses motivations peuvent être diverses suivant ses intérêts, ses valeurs, sa philosophie ou sa conception du rôle que doit jouer, selon lui, l’art dans la société. Il arrive qu’artistes et acteurs du monde de l’art s’unissent pour faire pression afin que soit reconsidérée une décision entourant le choix ou l’emplacement d’une œuvre d’art
Le vandale
Le rejet pousse ce détracteur à s’en prendre à l’intégrité d’une œuvre. Presque toujours anonyme, ce détracteur vise parfois une œuvre symbole.
Typologie des artistes contestés
L’artiste millionnaire
Damien Hirsh
Repéré puis pris sous l’aile du collectionneur et Magna de la pub Charles Saatchi, l’artiste Britannique Damien Hirst a bénéficié d’un tout un système associant la finance et le marché de l’art. C’est ce système qui a contribué à propulsé cet artiste parmi les stars mondiales de l’art contemporain. Hirst gère sa carrière comme un homme d’affaires et il remporte, comme son homologue américain Jeff Koons, la palme des artistes les plus cités pour dénoncer la complicité de l’art contemporain avec la finance mondiale. Mais tout comme Jeff Koons, Hirst fait incontestablement preuve de talent et d’inventivité qui sont à l’origine de sa reconnaissance comme artiste majeur. The Physical Impossibility of Death in the Mind of Someone Living ou For the Love of God.
L’artiste entrepreneur
Jeff Koons c’est l’Artiste préféré des détracteurs. Il résume à peu près tout ce que ces derniers détestent dans l’art contemporain. Le problème n’est pas que l’artiste américain prenne tout pour lui à la place de l’art contemporain. C’est l’art contemporain qui prend tout –jusqu’à être considéré comme mort– à cause de lui : « L’art c’est un bouquet de Tulipes de Koons qui vaut cher, fait venir du monde et déverse du sucre d’orge compassionnel sur des victimes d’attentat à la vie ravagée ». Yves Michaud, L’art, c’est bien fini. Essai sur l’hyper-esthétique et les atmosphères. Gallimard, p. 245
Outre des pièces qu’ils jugent froides et moches, les détracteurs ne pardonnent pas à l’artiste le fait d’employer des assistants pour réaliser ses œuvres. Des assistants qui, à ce qu’on dit, sont en plus mal payés.
Takashi Murakami et Mariko Mori. La description qui suit résume bien l’idée négative que l’on peut se faire de ces représentants de l’art contemporain japonais fascinés par la culture populaire et les mangas : « la culture japonaise, plus encore qu’aux Etats-Unis peut-être, a produit les figures les plus accomplies, les plus redoutables aussi, de l’art défini comme entertainment » Dominique Baqué Pour un nouvel art politique. De l’art contemporain au documentaire, p.73
L’artiste subventionné
Buren. Le plus souvent cité, le cas de Buren est franco-français. Ici c’est l’État, par le truchement des subventions et non de la finance comme dans les pays anglo-saxons, qui fait l’artiste. A travers la critique de ces œuvres “subventionnées”, c’est la dénonciation d’un art considéré comme « officiel ».
L’artiste symbole
Warhol, Duchamp, Piero Manzoni. Les précurseurs comparaissent régulièrement parmi les responsables principaux. Sans eux nous n’en serions pas là. Les artistes continueraient sans doute à réaliser de belles toiles et sculptures et les spectateurs ne seraient pas obligés de se poser la question de savoir si celles et ceux qui les ont exécutées ont du talent ou s’ils se payent leur tête.
L’artiste désinvolte (Cattelan, Gianni Motti, Paul McCarty)
Pour leurs détracteurs, ces trois artistes sont sans doute les plus fumistes et dérisoires qui soient. La banane, la pierre tombale et le sapin de Noël exposent tout ce que représentent selon eux l’escroquerie de l’art contemporain ou pire encore signent la fin de l’Art avec un grand A : « L’Art, c’est la banane scotchée de Cattelan qui vaut 120 000 à 150 000 fois le prix d’une banane, qui fait le buzz et qui pourra même nourrir un artiste en mal de célébrité – et le galeriste. » Yves Michaud p. 245
Les détracteurs accusent :
le marché de l’art Même si les critiques visent d’abord certains artistes, beaucoup s’en prennent au pouvoir des acteurs du marché de l’art accusés de maintenir l’illusion de la valeur des œuvres de certains artistes. Les acteurs du marché de l’art (Grandes institutions muséales, galeristes, Grands collectionneurs) « comprennent comment se fabrique de la liquidité à partir d’objets sans valeur justifiée » Aude de Kerros. L’imposture de l’art contemporain. Une utopie financière, Eyrolles, p.12. Pour Aude de Kerros l’art est un produit dérivé. Mais contrairement aux autres produits dérivés parfois à l’origine de crashs boursier, le produit dérivé « art contemporain » semble lui toujours échapper aux risques de la bourse. Il profiterait même des rebonds de la bourse et feraient battre des records de prix aux œuvres des artistes “bankables”.
les pouvoirs publics
Étant donné le système de subventions publiques de l’art propre à la France, c’est à l’Etat que s’en prennent ces détracteurs pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une mauvaise politique culturelle. Mauvaise politique car l’État se tromperait dans son rôle en faisant la promotion d’un « art contemporain » représenté par des artistes en rupture selon eux avec la tradition des Beaux-Arts, des artistes thuriféraires de l’art sans art. L’Etat culturel. Marc Fumaroli
Le Monde de l’art
Il s’agit ici des différents acteurs de l’art que sont les galeries et galeristes, conservatrices et conservateurs de Musées, collectionneurs et spécialistes de l’édition et des médias. Après avoir décrit l’état de déliquescence dans laquelle l’art serait arrivé, Yves Michaud se tourne vers ce monde et déclare : « Le plus drôle dans tout ça, c’est que tout le monde le sait mais personne ne veut le reconnaître. » p. 245
Les artistes eux-même
Ce sont surtout les artistes qui bénéficient d’une visibilité importante et dont les œuvres valent très cher. Jeff Koons, Damien Hirst, Richard Prince. Ce sont aussi les artistes qui vont le plus loin dans la remise en cause de la création artistique : Cattelan, Manzoni
Ce sont ceux qui, enfin, poussent à son paroxysme la provocation : Duchamp (même si Fontaine date de 1917, son concepteur reste pour beaucoup le grand géniteur des artistes contemporain), McCarthy, Serrano
Pour aller plus loin et à titre tout à fait provisoire terminons par cette réponse d’un artiste face à cette demande d’un retour à l’Art, au grand Art: « On attend beaucoup trop des artistes. La plupart essaient seulement de gagner leur vie, et il est parfois dur d’être un saint dans la cité » Entretiens de Jean-Yves Jouannais et Christophe Kihm avec Maurizio Cattelan Les witz de Maurizio Cattela, Art Press, n°256, 2001
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