Françoise Pétrovitch
« Créer pour vivre et lutter »
Révérence
Publié le 11/08/2021 à 11:14 - 2 min - Modifié le 07/08/2021 par Tori
La question du féminisme est présente dans toute l’œuvre de Françoise Pétrovitch. « Je suis une femme et je suis une artiste, alors est-ce que je suis une artiste-femme ou une femme-artiste… J’ai plus envie de me métamorphoser, d’être une louve blessée qui hurle à mort ou une fourmi qui se hâte en poussant une précieuse miette et pourquoi pas une bonne vieille hache (à strass évidemment !) » Françoise Pétrovitch in « Tout le sang du possible vers le cœur » (entretien avec Marie-Laure Bernadac). La figure de la femme est un sujet récurrent dans son travail, qu’elle suggère à travers des dessins fragmentés, qui s’interrompent, s’évanouissent au-delà du papier.
Françoise Pétrovitch questionne, dans ses œuvres, l’identité et plus particulièrement la féminité. Elle bouscule les codes sociaux, interroge les normes établies autour du genre. Son univers peuplé de figures (poupées, enfants, animaux…) fait surgir des visions de l’enfance, des réminiscences d’un univers imaginaire qui mêle le merveilleux au terrifiant : bribes d’histoires étranges, saynètes dérangeantes, instants fragiles figés.
Conte de fées cruel et drolatique
Sur le fond blanc du papier se dessine d’un trait rouge mat le contour d’une jeune fille, sans modelé, sans relief, au visage vide, blanc, fantomatique. Elle s’incline, courbe l’échine face au spectateur. Le trait rouge, fil de la vie, sang qui assure la circulation d’un âge vers un autre, désir éveillé de la jeunesse ou rouge de la timidité, de la transgression ou de la honte (Série Rougir). La jeune fille porte des oreilles d’âne. Est-ce un serre-tête grotesque ou un bonnet d’âne ou une référence au conte populaire « Peau d’âne » ?
Paradoxe entre la douceur du geste, tout en retenue et le ridicule du déguisement (travestissement) qui renvoie à des moments d’humiliation enfantine.
Fragilité, délicatesse et sensibilité côtoient honte et cruauté suscitant chez le regardeur un sentiment étrange : celui de retourner en enfance.
Cette œuvre peut mettre mal à l’aise. Elle est dérangeante. A travers ses dessins, gravures, peintures, sculptures, vidéos… où la couleur rouge est dominante, Françoise Pétrovitch joue sur l’ambiguïté (homme-femme, homme-animal) et la pluralité de significations. Elle cultive l’incertain, les contradictions, les faux-semblants. Son œuvre a une charge tragique mêlant dérision et humour.
Série « Rougir »
Cette série commencée en 2005 s’est poursuivie sur plusieurs années. Chaque œuvre est à la fois autonome et donne sens aux autres, comme la grande histoire de la vie. L’ensemble forme une installation à chaque fois différente selon les lieux d’expositions et la manière de les montrer.
« Ce sont des croquis qui deviennent sérigraphies, comme un grand carnet de dessins, qui prend ensuite place sur un mur. Il a la liberté du carnet d’esquisses dans la mesure où des choses simples, dramatiques, comiques parfois aussi, peuvent effectivement cohabiter. » Françoise Pétrovitch, entretien avec Cécile Pocheau-Lesteven pour Les Nouvelles de l’estampe.
Pour Aller plus loin
A l’automne 2021, cette sérigraphie « Révérence » sera présentée dans un atelier de sensibilisation à l’Art Contemporain « Quel genre d’œuvre es-tu ? » pour les enfants de 6 à 12 ans dans différentes bibliothèques de Lyon. Ce rendez-vous est proposé en écho à l’évènement féminisme A corps et à cris.
Cet article fait partie du dossier Féministes tant qu’il le faudra !.
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