Ces animaux qui prennent leur temps

- temps de lecture approximatif de 4 minutes 4 min - Modifié le 17/08/2023 par DptSciencesTechniques

Les sociétés humaines sont entraînées dans une course effrénée, une recherche constante de rapidité, d’instantanéité du fait notre grande maîtrise des transports, de l’information et des communications. Nous vous proposons ici de faire une pause et de prendre le temps de lire ce court et salutaire appel à musarder de quelques représentants du règne animal.

Prendre le temps de naître

Nous patientons normalement aux alentours de neuf mois avant de voir le jour. Mais l’éléphant d’Asie prend plus de temps puisque la gestation dure environ 20 mois, et l’éléphant d’Afrique s’accorde 22 mois avant de naître : record chez les mammifères.

Et que dire de la salamandre noire des montagnes, dont la gestation peut durer jusqu’à 38 mois dans les Alpes suisses, au-dessus de 1400 m d’altitude ?

Salamandre noire des montagnes (Wikimedia Commons)

Prendre le temps de grandir

Bien sûr, la durée de l’apprentissage chez les animaux est à mettre en relation avec la durée moyenne de vie. C’est chez les mammifères que le temps consacré à l’apprentissage des jeunes est le plus important.

Et parmi ces derniers, le petit de l’Homme est de loin le moins habile dans son jeune âge. C’est donc le petit humain qui passe le plus de temps à être éduqué pour affronter la vie : aujourd’hui 26 ans en moyenne pour quitter le nid familial chez les petits européens ! À comparer par exemple aux 7 à 8 mois avant que les petits renardeaux quittent la famille.

Prendre le temps de se déplacer

Nous ne sommes pas les animaux les plus rapides, bien loin du guépard et ses 110 km/h de vitesse de pointe, bien loin du faucon pèlerin et ses 300 km/h en piqué. Mais bien plus rapides que le mammifère le plus lent, le paresseux ( singe aï) qui se déplace à terre à la vitesse de 120 mètres à l’heure ! Il est beaucoup plus rapide dans les arbres où il fonce à… 270 mètres à l’heure !

Les tortues se traînent à 250 mètres à l’heure, et les escargots de jardin rampent à 50 mètres à l’heure, avec un record officiel mondial de 99 m/h établi en 2006. “Rien ne sert de courir” dit la fable.

Tortue terrestre (Wikimedia Commons – Photo Magda Ehlers)

Prendre le temps de s’accoupler

Nous ne nous appesantirons pas trop sur le sujet. Sachez cependant que le record de durée appartient à un couple de phasmes observé en captivité : l’accouplement a duré cinq mois ! Chez le putois, le coït dure plus d’une heure. Et saluons Lulu et Ximei, couple de pandas prolongeant l’extase pendant 18 minutes et 3 secondes, en direct à la télévision chinoise en avril 2015 !

Prendre le temps de manger et de digérer

Toute personne ayant repris le travail après une bonne choucroute ou un cassoulet copieux comprend que la digestion absorbe une grosse partie de notre énergie. Certains animaux gros mangeurs se sont adaptés à ce type de situation en allongeant ce temps de digestion.

Le boa constricteur (Amérique du Sud et Centrale), grâce à sa mâchoire désarticulée, engloutit des proies entières parfois plus grosses que lui. Il n’a pas de venin mais les étouffe et les gobe parfois étourdies mais vivantes. En cas de gros repas, la digestion peut durer plus de cinq jours !

Boa constrictor imperator en plein repas (Hippox- licence Creative Commons)

Prendre le temps de dormir

Rien de tel qu’un sieste après un gros repas. Et le nec plus ultra de la sieste est l’hibernation. Après avoir ingéré et stocké de bonnes réserves de nourriture, certains animaux passent la saison froide dans cet état. Nous en connaissons quelques-uns : marmotte, loir, tortue terrestre…

En la matière, le record de durée semble appartenir au petit écureuil de Point Barrow, Alaska, qui hiberne neuf mois sur douze ! Les trois mois restant, il se nourrit, se reproduit, et fait des provisions pour son terrier.

Dormir comme un loir (Pxfuel- licence Creative Commons)

Prendre le temps de vivre avant de mourir

Dame Nature a inventé la reproduction sexuée permettant l’évolution, mais avec comme conséquence finale la mort.

En attendant, toutes les espèces ne sont pas logées à la même enseigne en termes de longévité : quelques heures pour l’Éphémère, insecte qui porte bien son nom, mais plusieurs décennies pour de nombreux mammifères. Et chez ces derniers c’est l’Homme qui détient le record avec plus de 120 ans.

Mais nous sommes battus à plate couture par un coquillage, Arctica islandica, une petite praire de l’Atlantique Nord. On a trouvé en 2006 un spécimen surnommé Ming dont on a pu estimer l’âge : environ 507 ans.

Et encore aurait-elle pu continuer sa vie paisible un certain temps mais elle n’a pas survécu à sa datation au carbone 14. Pauvre petite créature sacrifiée à la science des Hommes comme tant d’autres.

Bibliographie

Les records du monde chez les animaux : Nathalie Tordjman et Frédéric Michaud. Salamandre, 2018.

Guiness world records 2023 / Guiness world records, 2022.

L’art d’être parent chez les animaux / Vincent Albouy. Quæ, 2019.

Les éléphants : puissants et délicats / Tom Jackson. L’imprévu, 2020.

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