Bien manger : un défi ?
Publié le 24/05/2012 à 23:00
- 10 min -
Modifié le 30/09/2022
par
Admin linflux
L'alimentation est, à travers le monde, le miroir d'une culture et d'un mode de vie. Pour autant, le repas typique est-il un gage de santé ? Par ailleurs, les habitudes alimentaires tendent à évoluer voire à s'uniformiser. Et l'obésité gagne toujours plus de terrain dans les pays développés et émergeants alors que certaines zones du monde demeurent touchées par la faim.
1 – L’alimentation dans le monde
a) Des victimes de sous-nutrition et de surpoids
b) Des pratiques variables selon l’identité et la culture de chacun2 – Bien manger : oui mais comment ?
a) Connaitre nos besoins énergétiques
b) Décrypter une étiquette alimentaire3 – L’action des pouvoirs publics
a) La prévention
b) Taxer la malbouffe4 – De nouvelles sources d’inquiétude
a) Notre environnement est-il empoisonné ?
b) Les additifs alimentaires
c) Pour ou contre les OGM ?
1 – L’alimentation dans le monde
Dans les années 1960, les politiques publiques envisageaient l’amélioration de l’alimentation sous l’angle de l’augmentation de la production. La question du « bon » régime alimentaire est apparue plus récemment : il ne s’agit plus d’assurer une quantité de nourriture suffisante pour tous mais de gagner en qualité d’alimentation produite.
« Une nutrition malsaine est une catastrophe en matière de santé publique », déclarait le 7 mars Olivier De Schutter, rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation, s’appuyant sur le rapport qu’il avait publié pour l’ONU fin 2011.
Alors que la question centrale semble résider dans une alimentation saine et équilibrée pour tous, la malnutrition et les famines n’ont pas disparu de notre planète. Le documentariste Erwin Wagenhofer met en exergue ce paradoxe dans le film We feed the world, en déclarant que nous produisons actuellement de quoi nourrir 12 milliards d’êtres humains.
Pour aller plus loin :
- L’alimentation dans le monde : mieux nourrir la planète / Jean-Paul Charvet, Larousse, 2009
- Se nourrir : l’alimentation en question / Les Entretiens d’Auxerre ; sous la direction de Michel Wieviorka, Sciences humaines éditions, 2009
a) Des victimes de sous-nutrition et de surpoids
Une personne sur 7 dans le monde souffre encore de la faim, et 34% des enfants des pays en voie de développement n’ont pas la taille d’un enfant de leur âge. Outre la dénutrition, les carences en micronutriments (vitamines A, fer, iode, zinc…) affectent de nombreuses personnes.
Pour aller plus loin :
- Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
- Etat de l’insécurité alimentaire dans le monde 2011
D’autre part, plus d’un milliard de personnes dans le monde sont en surcharge pondérale et au moins 300 millions de personnes sont obèses, ce qui entraîne chaque année 2,8 millions de décès dans le monde. Ainsi, actuellement, « 65 % de la population mondiale vivent dans un pays où le surpoids et l’obésité tuent plus de personnes que l’insuffisance pondérale » ; cette situation a dépassé le cadre des seuls pays riches.
Les « mauvais » régimes alimentaires accroissent la pression artérielle, les risques d’attaque cérébrale, de maladie cardiaque et d’insuffisance rénale. Selon Oliver De Schutter, rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, ONU, « le droit à l’alimentation ne saurait être réduit au droit à ne pas mourir de faim. Il s’agit d’un droit global à un régime alimentaire adéquat fournissant tous les éléments nutritifs dont une personne a besoin pour mener une vie saine et active, ainsi qu’au moyen permettant d’accéder à ces éléments. »
Pour aller plus loin : Précédent Point d’actu L’hypertension artérielle : une maladie contemporaine
b) Des pratiques variables selon l’identité et la culture de chacun
Que signifie l’expression « bien manger » ?
Claude Fischler, directeur de recherches au CNRS, a réalisé au début des années 2000 une grande enquête auprès de 6000 personnes dans six pays : Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Italie et Suisse. La définition du « bien manger » varie considérablement d’un pays à l’autre : par exemple, le Français évoquera plus la notion de « plaisir » que l’Américain et ce dernier mettra davantage en avant l’aspect diététique.
2 – Bien manger : oui mais comment ?
a) Connaitre nos besoins énergétiques
Nos aliments nous apportent l’énergie vitale qui permet à notre corps d’être actif toute la journée. Cette énergie est mesurée en calories et en joules. Le principe fondamental de l’équilibre énergétique est le suivant :
Évolution des réserves en énergie (graisse) = apport d’énergie (Calories) – dépenses d’énergie (Calories)
Les macronutriments sont les éléments qui nous fournissent des calories ; ils sont classés en trois catégories :
– les glucides
– les protéines
– les lipides
Notre corps dépense de l’énergie de trois façons :
– au repos : métabolisme de base ou MB
– pour digérer, absorber et stocker la nourriture : thermogénèse alimentaire
– dans l’activité physique
Dépense totale en énergie = Métabolisme de base + Thermogénèse alimentaire + Activité physique
Pour calculer vos besoins énergétiques quotidiens, l’European food information council propose un outil interactif : l’energy balance.
Pour aller plus loin :
- Le guide nutrition et santé / Vidal, 2006
- Les 100 mots de la diététique et la nutrition / Florence Pujol, Presses universitaires de France, 2010
- Nutrition : principes et conseils / Laurent Chevallier, Elsevier Masson, 2009
- Nutrition et bien-être mental : pourquoi et comment notre alimentation influence notre cerveau ? / Veronica Van der Spek ; avec la collaboration d’Anne Bernard ; préface du Docteur Jean-Paul Curtay, De Boeck, 2009
- L’alimentation-santé : progrès ou dérive ?
b) Décrypter une étiquette alimentaire
Sur tout produit alimentaire est collée une étiquette afin d’aider le consommateur à acheter et à se nourrir en connaissance de cause ; on y trouve notamment les quantités caloriques. Cependant, les indications qui y sont inscrites demeurent souvent sybillines pour la plupart d’entre nous…
Pour aller plus loin :
- Dico-guide des étiquettes alimentaires : les décoder et les comprendre pour : protéger sa santé, garder la ligne, éviter les allergènes, dépenser à bon escient / Laurence Wittner, Leduc éditions, 2008
- L’association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV) a mis en ligne en 2008 un site internet sur l’alimentation pour une information pratique, gratuite et indépendante des industriels de l’agroalimentaire ; il a pour nom Le point sur la table.
3 – L’action des pouvoirs publics
a) La prévention
Lancé en janvier 2001, le Programme national nutrition santé (PNNS) a pour objectif général l’amélioration de l’état de santé de l’ensemble de la population en agissant sur l’un de ses déterminants majeurs : la nutrition.
Certains des objectifs initialement fixés ont été atteints, au moins de façon partielle, comme la réduction de la prévalence du surpoids et de l’obésité chez l’enfant, la réduction de la consommation de sel ou de sucre, l’augmentation de la consommation de fruits chez les adultes. Mais ces améliorations n’ont pas concerné la globalité de la population : les inégalités sociales se sont au contraire creusées.
Le président de la République a donc souhaité la formalisation d’un plan obésité (PO) pour la France, avec pour objectif de répondre à la croissance du nombre de sujets gravement atteints. Le Parlement a institué, en 2010, un programme gouvernemental quinquennal relatif à la nutrition et à la santé (Code de la santé publique article L. 3231-1) ainsi qu’un programme gouvernemental pour l’alimentation (Code rural, article L. 230-1).
Ces actions de prévention et d’éducation sont bien sûr déclinées au niveau local : il existe ainsi un réseau des villes françaises associées au Programme national nutrition santé.
b) Taxer la malbouffe
Trois millions de Terriens meurent chaque année de la malbouffe.
Face à ce constat, Oliver De Schutter, rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation, a invité le mardi 6 mars les gouvernements à taxer les sodas et les aliments très gras, très salés, et très sucrés.
En France, la loi de finances pour 2012 (article 26) a intégré une contribution sur les boissons non alcoolisées contenant des sucres ajoutés ; cette taxe doit être appliquée dès le premier janvier 2013. Des taxes semblables existent aussi au Danemark, en Finlande et en Hongrie.
4 – De nouvelles sources d’inquiétude
a) Notre environnement est-il empoisonné ?
Aujourd’hui de nouvelles sources d’inquiétudes émergent chez les consommateurs : qu’y a-t-il vraiment dans ce que nous mangeons ? Des pesticides aux nanomatériaux en passant par les organismes génétiquement modifiés (OGM), de nombreuses substances s’infiltrent dans les produits que nous ingérons, et ainsi ce sont nos organismes eux-mêmes qui sont « envahis ».
Pour aller plus loin :
- Notre poison quotidien [D.V.D] / réalisation de Marie-Monique Robin, INA Editions, 2010
- Médecines et alimentation du futur : santé et modes de vie / sous la direction de Philippe Desbrosses et Nathalie Calmé ; préface d’ Edgar Morin et Nicolas Hulot ; postface de David Servan-Schreiber, Le Courrier du Livre, 2009
- Pesticides : révélations sur un scandale français / Fabrice Nicolino, François Veillerette, Hachette Littératures, 2008
- Précédent Point d’actu Les nouveaux ennemis de la fertilité
b) Les additifs alimentaires
Produits naturels ou synthétisés, ils sont ajoutés aux denrées alimentaires commerciales destinées à l’alimentation humaine et à l’alimentation animale. Ils doivent être mentionnés sur l’étiquette du produit, dans la catégorie « ingrédients », ce qui est contrôlé par l’Autorité européenne des aliments (EFSA).
Les additifs alimentaires inquiètent le consommateur mais sont employés depuis des siècles : salage des denrées pour les conserver, salpêtre utilisé par les Romains… L’European food information council propose un dossier très clair sur ce thème.
Pour aller plus loin :
- Additifs alimentaires : ce que cachent les étiquettes ! / Hélène Barbier du Virmont, Guy Trédaniel éditions, 2008
- Additifs alimentaires, danger : le guide indispensable pour ne plus vous empoisonner / Corinne Gouget, Editions du Chariot d’or, 2011
c) Pour ou contre les OGM ?
Un Organisme génétiquement modifié (OGM) est un organisme vivant dont le patrimoine génétique a été modifié par l’homme. L’usage de cette technologie dans l’agroalimentaire génère de vives tensions sur lesquelles l’Union européenne peine à statuer, ce que souligne un dossier intitulé L’imbroglio européen sur les OGM sur le site euractiv.fr.
Et si les OGM allaient sauver l’humanité ? Tel était le titre d’un article du Figaro daté du 5 mars 2012. Des membres de l’Académie nationale de pharmacie, le Docteur Joël Guillemain, expert national et européen sur les biotechnologies, et le biologiste Louis-Marie Houdebine Directeur de recherche à l’INRA citaient différents points sur lesquels les organismes génétiquement modifiés pouvaient améliorer la santé des hommes, à l’instar de la biotechnologie dans les années 1980.
Les OGM pourraient ainsi transformer la prise en charge des maladies graves, aider à la lutte contre les carences, permettre un usage réduit des pesticides et enrichir la quantité en Oméga de nos aliments.
Pour aller plus loin :
- L’alimentation de demain : le règne des OGM ? / Olivier Révélant, Milan, 2001
- OGM : quels risques ? / Jacques Testart, Yves Chupeau, Prométhée, 2007
Partager cet article