La cabane dans tous ses états

- temps de lecture approximatif de 20 minutes 20 min - Modifié le 28/12/2024 par La BD c'est la santé

Un panorama de cabanes, via une sélection totalement incomplète et arbitraire, de ses déclinaisons matérielles, littéraires… ou pas.

cabane libre droits
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Cabanes de pêcheur, de chasseur, de chantier, de jardin, de Robinson, dans les arbres, en bois, en pierre sèche… la liste est longue quant aux déclinaisons de ce qui est, à la base, un petit abri rudimentaire, souvent fabriqué en fonction des matériaux trouvés sur place et qui n’est pas vraiment fait pour durer. Mais la cabane est aussi celle du sans-abri qui, à l’aide de cartons, de bâches en plastique et d’autres éléments récupérés, se bâtit justement une forme de « chez lui », une protection. Elle est également synonyme de prison – « aller en cabane » –, autrement dit, un lieu pas vraiment choisi et que l’on espère temporaire !

Une cabane est une construction immobilière destinée à servir d’abri temporaire, saisonnier ou provisoire à des personnes, des biens ou des activités de loisir, par opposition à la maison, laquelle sert d’abri permanent.

Le terme est attesté en 1387 dans le sens de « petite habitation sommaire » et en 1462 dans celui d’« abri pour les animaux ». C’est un emprunt au provençal cabana, « cabane », « chaumière », attesté en 1253, issu du bas-latin capanna.

Cabanes d’enfants

Les enfants adorent se réfugier dans leurs cabanes. Un endroit où ils/elles peuvent s’isoler et s’amuser. Si pour les tout petits -moins de 2/3 ans- ce sont d’avantage les parents qui fabriquent la cabane, pour les plus grands construire une cabane fait partie de l’activité et permet de développer sa créativité. Il existe une multitude d’idées pour créer un coin douillet isolé du reste de la maison. Il faut juste faire preuve d’imagination.

En intérieur

Parmi les cabanes d’intérieur les plus faciles à réaliser : la nappe cabane et la cabane de couvertures.

Si vous vous sentez l’âme d’un bricoleur et avez envie de fabriquer une cabane d’intérieur résistante qui durera dans le temps, la meilleure solution est d’utiliser du bois pour fabriquer une petite maisonnette.

Cabanes pour enfants: 15 projets à réaliser soi-même de Virginie Desmoulins et photographies Claire Curt

Je construis une cabane de Didier Schmitt et des illustrations d’ Anne Eydoux 

Le livre des cabanes de Louis Espinassous et illustration d’ Amandine Labarre, Frédéric Pillot et Christian Verdun

En extérieur

C’est un abri de fortune qui se construit rapidement et facilement dans son jardin ou en plein milieu de la forêt. L’objectif est de ne s’en servir que sur un temps réduit : une journée ou un été. Construite en utilisant uniquement ce que la nature nous met à disposition, l’enjeu est que la cabane puisse disparaître sans laisser de traces et sans avoir d’atteinte sur l’environnement. Quelques outils peuvent éventuellement être utilisés pour faire gagner du temps et de l’énergie comme un couteau ou de la ficelle en jute (biodégradable).
En deux en trois mouvements,  vous allez pouvoir leur construire une véritable cabane pour s’amuser jusqu’à la tombée de la nuit !

Cabanes et cachettes de Myriam et Nicolas Martelle et illustrations de Lucie Bryon

Cabanes et abris : imaginer, créer, fabriquer, construire de Renée Kayser et ill. de Pierre Ballouhey et de Lucie Brunellière

Cabanes d’adultes

La cabane se distingue, par un certain nombre de caractéristiques, de la maison, qui est un habitat familial fournissant une adresse. On peut les définir selon plusieurs critères :

Elles sont destinées à abriter le plus souvent séparément, soit des hommes, soit des animaux, soit du matériel.

Les cabanes en pierre sèche de France : textes et dessins de Christian Lassure et photographies de Dominique Repérant

Cabanes, chalets et bergeries de Jean-Paul Bonfort

Cabane : l’architecture : du vernaculaire au contemporain d’Alejandro Bahamon, Anna Vicens Soler et raduit de l’espagnol par Yves Ropars

Cabanes de jardin d’Hugues Peuvergne et préface Philippe Niez

Elles sont bâties de manière rudimentaire, d’où leur fragilité et leur précarité éventuelle. Elles ne sont en général pas divisées en pièces ou locaux. Elles ne font pas l’objet des mêmes procédures administratives pour être construites que la « maison d’habitation ».

Elles ne représentent qu’un faible investissement financier, voire aucun, d’où souvent leur valeur marchande faible ou inexistante… quoique !

Une pièce en plus dans le jardin : container, cabanes et autres solutions de Marie-Pierre Dubois Petroff

Cabanes et petites constructions de Pierre Nessmann ; photographies de Brigitte et Philippe Perdereau

Un monde de cabanes dans les arbres de Peter Nelson ; photographies de Radek Kurzaj

La cabane de mes rêves photographies d’AbracadaRoom ; Anne-Sophie Puget

Cap Moderne : Eileen Gray et Le Corbusier, la modernité en bord de mer de Tim Benton

Elles font appel habituellement à un matériau local : le bois dans les zones forestières, la pierre dans les zones rocheuses, mais les matériaux de récupération ne sont pas à exclure, surtout dans les zones péri-urbaines (tissu, métal, plastique, carton, etc.).

Huts, temples, castles d’ Ursula Schulz-Dornburg ; [postface Tom Wilkinson]

Cabanes comme espace de liberté et de résistance

Édifices uniques ­ – une fois détruites, elles ne peuvent être refaites  à l’identique –, réponse à l’urgence écologique,  élément constitutif des « zones à défendre », les « petites maisons »  interrogent au moins autant qu’elles attirent.

Crise écologique, sociale, migratoire,… nos vies doivent s’adapter en permanence. Alors pourquoi ne pas questionner nos formes de vie et imaginer d’autres façons d’habiter ce monde ?

De manière générale, l’autoconstruction désigne le fait, pour un particulier, de réaliser une construction sans l’aide ou presque de professionnels.

ZAD

Le terme « ZAD » est, entre autres, employé par des militant.e.s, souvent issu.e.s des milieux écologistes radicaux et anticapitalistes, qui utilisent les zones occupées en question pour y développer des projets à vocation politique et/ou sociale. Les militant.e.s animant une ZAD sont surnommés les « zadistes ».

Nos cabanes de Marielle Macé

Habiter en lutte : ZAD de Notre-Dame-des-Landes, quarante ans de résistance par le Collectif comm’un

Notre-Dame-des-Landes : ou le métier de vivre avec des entretien de Patrick Bouchain avec Jade Lindgaard ; texte de Christophe Laurens ; dessins des étudiants de DSAA Alternatives urbaines ; photographies Cyrille Weiner

Les cabanes de la zad en images extrait du blog « Zad.nadir.org »

Auto construction

De manière plus ou moins volontaire ou contrainte, pour de raisons de coût, d’adaptation aux matériaux, ressources naturelles et humaines localement disponibles, ou encore d’intégration écopaysagère, les autoconstructeur-rice.s ont testé ou développé de nombreuses techniques alternatives intégrant par exemple :

  • le recyclage intégral : certaines maisons détournent aussi des objets des murs de bouteilles ou de pneus récupérés comme accumulateurs de chaleur ou tampon thermique,
  • la biodégradabilité, avec éventuellement une maison entièrement biodégradable (terre crue, ou terre-chaux + paille et bois), une fois qu’on en a enlevé les systèmes électriques et tuyauteries,
  • des structures innovantes, telles que la maison-conteneur, la maison bulle, le zome , maisons dans les arbres, habitat semi-enterré, habitat troglodytique, flottant, etc.

Maisons vivantes de Véronique Willemin

Habitats autogérés par le Mouvement pour l’Habitat Groupe Autogèré (Paris)

L’architecte aux pieds nus : manuel d’autoconstruction de Johan van Lengen ; préface de Patrick Bouchain

Shelter de Lloyd Kahn

Cabanes comme objet littéraire et plus si affinité(s)

Les cabanes, contrairement à ce que pourrait laisser croire l’étymologie, ne sont pas de «petites maisons» : elles abritent des individus qui ne s’y installent pas, n’y habitent jamais véritablement. Aux marges des villes et des sociétés, perdues loin de tout, elles recomposent une certaine idée de la nature à laquelle nous désirons nous confronter tout en la craignant. Cette ambivalence fondamentale fait de la cabane un lieu de contradictions mais aussi de passage. Dans ce voyage littéraire, entre nature et solitude, la cabane se fait tour à tour sanctuaire, arche ou temple. C’est là qu’enfant, on se réfugie loin de la colère des parents, que l’on goûte aussi à la liberté et aux premières aventures. Plus tard, à l’âge adulte, elle permet de renouer avec le vivant et la pleine nature qui nous entourent, et autorise des explorations intérieures, méditatives, parfois spirituelles ou mystiques. S’isoler et se poser donc, pour mieux renaître et résister.

Espace de retrait et de retour sur soi

Walden d’Henry D. Thoreau ; préface de Jim Harrison ; traduction de Brice Matthieussent

Notes de ma cabane de moine de Kamo no Chômei ; traduit du japonnais et annoté par Révérend Père Sauveur Candau ; postface de Jacqueline Pigeot

Le texte de Grey Owl : « Récits de la cabane abandonnée »

Destination ou lieu du voyage

Fiction(s) 

Le Baron Perché d’Italo Calvino (édition de La Pléiade)

Tom Sawyer de Mark Twain (éditions de La Pléiade)

Sukkwan island de David Vann

Et autres « robinsonnades » : Robinson Crusoé, le Robinson suisse, l’École des robinsons

Bandes Dessinées

Bricoles & bestioles d’Anna Conzatti

Ma cabane de Guillaume Guéraud etAlfred

La grande parenthèse de Simon Hureau

Lou de Julien Neel

Carnets de Cerise de Joris Chamblain et Aurélie Neyret

Les cabanes de Nylso de Nylso

Par la force des arbres d’Édouard Cortès et Dominique Mermoux d’après le récit d’Édouard Cortès ; dessin et couleurs : Dominique Mermoux

Ma vie dans les bois de Shin Morimura ; traduit du japonais par Tetsuya Yano

Penser et dire la cabane

De la nécessité des cabanes : petite conférence de Gilles A. Tiberghien

La vie en cabane : petit discours sur la frugalité et le retour à l’essentiel de David Lefèvre

La « mise en cabane »  selon Clément Gaillard

La « cabane », selon Bob

S’accompagner de musique

Dans les forêts de Sibérie : bande originale du film de Safy Nebbou / Ibrahim Maalouf ; Safy Nebbou

L’intégrale des enregistrements studio & live de Nino Ferrer

Yenisei-punk de Yat-Kha

Gula gula de Mari Boine

Chamber music de Ballaké Sissoko, kora et Vincent Segal, violoncelle

« En retrait du monde : Récits de cabanes et de refuges  et Immensités solitaires » podcast de Céline Develay-Mazurelle sur RFI

Cela ressemble à des cabanes mais ce ne sont pas des cabanes

Habitats vernaculaires, nomades et sédentaires

L’architecture vernaculaire, selon Paul Olivier, est définie comme étant l’« architecture des gens », l’architecture sans architecte, faisant appel aux matériaux disponibles sur place et mettant en œuvre des techniques traditionnelles (par opposition à l’« architecture pour les gens », l’architecture d’architecte). Encore n’est-il pas question des architectures vernaculaires du passé, seules sont concernées celles encore observables à la fin du XXe siècle.

Bidonvilles et abris

Selon « Géoconfluences », à l’origine, le mot bidonville désignait les « maisons en bidons » bricolées par les migrant.e.s des campagnes vers les villes marocaines. Comme son équivalent anglais, le slum, utilisé par les instances internationales, le terme n’est pas exempt de misérabilisme. Or il masque une réalité très diversifiée. En effet, les quartiers réalisés en matériaux de récupération donnent souvent naissance, à plus ou moins long terme, à des quartiers consolidés aux habitations construites en dur et en voie progressive de reconnaissance et de viabilisation, avec toute une gradation de formes intermédiaires. De plus, autoconstruction ne veut pas toujours dire matériaux de récupération : les matériaux de construction sont parfois achetés, notamment grâce au système de la tontine. Dans certaines villes, les quartiers autoconstruits sont la norme, ou au moins une forme de norme, et au fil des générations leurs habitant.e.s ont pu consolider leur position socio-économique. Lorsqu’il n’a pas été détruit au bulldozer par les autorités municipales ou d’échelon supérieur, le devenir habituel d’un quartier autoconstruit est d’être légalisé, raccordé aux réseaux, et finalement inséré dans la trame urbaine.

L’urbanisme informel : au-delà du droit à la ville par Jean-Jacques Terrin, Ina Wagner ; préface par Hélène Peskine

La jungle de Calais: les migrants, la frontière et le camp  par Michel Agier [introd. & coord.] ; avec Yasmine Bouagga, Maël Galisson, Cyrille Hanappe [et al.] ; avec la collaboration de Madeleine Trépanier, Céline Barré, Nicolas Lambert… [et al.]

Viva favela ! : quand les démunis prennent leur destin en main de Joaquim Melo

4# La Baraque : la lutte par l’auto-construction : issu du blog de voyage « le tour de France du vivre autrement »

Pour finir

« Savoir que je pourrais vivre heureux dans une cabane, en toutes circonstances, m’a toujours rassuré…

Mon engouement pour les cabanes a plusieurs raisons. La liberté architecturale qu’elles inspirent, la légèreté de leur mise en œuvre, une façon de vivre au contact de la nature… Mais en filigrane de tout cela, la cabane est un style de vie, une façon aussi d’échapper à ma vieille peur des engagements lourds, immuables, emprisonnants. La pierre et le béton sont les matériaux de l’insertion, du placement, alors que la cabane a quelque chose de léger, d’évolutif, d’éphémère. Elle participe d’une philosophie de la simplicité : un abri plein de charme, un jardin pour les légumes, des poules pour les œufs, des arbres pour les fruits…

Mais pour avoir atteint ce qui a longtemps représenté un idéal de vie, l’idée d’une liberté assouvie, je veux encore dire combien il est important de concrétiser ses rêves, même si le chemin qui y mène est difficile à suivre, même si une vie n’y suffit pas.

Je sais aussi qu’il n’y a pas d’âge pour les réaliser. »

Jean-Louis Etienne

Pour aller plus loin

FAPE 2006 « Abris, cabanes et autres refuges » de Raymond Balestra, Christine Charles et Richard Roux

Site : les cabanes.com

Au cœur des saccages, faire cabane ? Elisabeth Renau, master de création littéraire

Ma cabane au Canada ; Les pompiers du Mexique de Loulou Gasté

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