Qui n’a pas d’enfant et ne s’intéresse pas à cette période n’a pas de définition précise de ce terme.

La Périnatalité

- temps de lecture approximatif de 8 minutes 8 min - Modifié le 05/09/2024 par emarcende

La période périnatale s’étend de la préconception (le moment où le désir d’enfant peut se mettre en place) au  post-partum (jusqu’au un an de l’enfant officiellement mais spécifique à chaque femme officieusement).

La mère encrée
La mère encrée

Les définitions sont plus moins similaires suivant les instances. Dans le Rapport public thématique de l’Observatoire Nationale de Protection de l’Enfance , il est possible de trouver ces différentes occurrences :

La définition la plus restrictive est celle adoptée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui va de 22 semaines d’aménorrhée (au moment où le poids de naissance est normalement de 500 g) à sept jours révolus après la naissance.
Le ministère chargé de la santé retient une acception plus large, fondée sur « l’ensemble des processus liés à la naissance, depuis la contraception jusqu’aux premiers mois de la vie du nourrisson, en passant
par le désir d’enfant, le diagnostic anténatal, la grossesse, l’interruption volontaire de grossesse, l’accouchement ou l’allaitement ».
La période périnatale suivant l’accouchement peut être aussi envisagée au-delà de la première année de vie du nourrisson. La commission dite des « 1 000 premiers jours » a retenu une durée pouvant aller jusqu’aux trois ans de l’enfant.

Chaque acteur (politique, professionnel) s’accorde pour dire que c’est une période majeure et dont l’enjeu n’est plus à légitimer mais bien à élargir pour que le grand public s’en saisisse et comprenne plus particulièrement ce qui se joue pour le parent en devenir mais aussi pour l’enfant qui naît.

Une multitude de soignants œuvrent dans ce champ pour apporter soutien et accompagnement aux parents et/ou futurs parents dans cette étape transitoire qu’ils traverseront avec plus ou moins de difficultés.

La préconception :

Avant d’entrer de plein fouet dans ce rôle de toute une vie (plus ou moins conscientisé), le couple de parents imagine, fantasme cet enfant lorsque le désir est présent.

En tout cas, dans l’imaginaire collectif, il est de mise qu’un homme et une femme après avoir vécu ensemble quelques années, décident de donner la vie pour perpétuer le nom, pour fonder une famille.

Mais nos modèles familiaux ont largement évolué ces dernières décennies. Les familles homoparentales et les familles monoparentales sont bien plus présentes. Ces nouveaux modèles interrogent et obligent à des pratiques différentes dans l’accompagnement proposé. La question de la procréation est au cœur des familles, quelle que soit leur constitution. De nombreux couples rencontrent ce que l’on peut qualifier des parcours chaotiques pour concevoir un enfant. C’est ainsi qu’ils se trouvent .

Cette notion de procréation médicalement assistée empêche, voire parasite, la notion même de conception. Ce qui devait s’apparenter à un acte spontané et immédiat se transforme en des années de combats.

Une fois l’embryon implanté dans l’utérus de la mère (naturellement ou avec une aide médicale) cela pourrait être le début d’une belle aventure sans aucun nuage noir à l’horizon. Mais cela serait bien trop simpliste et loin de la réalité de finir par « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ».

C’est un nouveau monde qui s’offre aux futurs parents lorsque la grossesse s’amorce.

La grossesse :

On entend de tout côté dire que la grossesse n’est pas une maladie. Mais les rendez-vous médicaux, nombreux, peuvent faire penser le contraire.

C’est l’occasion d’aller à la rencontre des gynécologues et des sages-femmes. Doulas et accompagnantes périnatales se donnent aussi pour mission d’accompagner les parents d’un point de vue émotionnel car elles n’officient pas en tant que professionnel.les de santé. Certains parents font le choix de repousser le plus tardivement possible l’entrée dans le monde hospitalier. Si la grossesse se passe sereinement (dite non pathologique), le couple découvre qu’un suivi en libéral peut être proposé. Les sages-femmes sont toutes disposées à suivre les parents durant les 9 mois que devrait durer la gestation. On néglige trop souvent la pratique de ce métier pensant que seuls les gynécologues ont le monopole de cet accompagnement. Que nenni, elles sont bien plus présents lors de grossesses dites pathologiques (des problèmes médicaux entamant parfois le bonheur des futurs parents).

Plusieurs échographies émaillent la grossesse. L’échographie de datation, la toute première, est un examen assez souvent émouvant où les parents voient pour la première fois un petit haricot. Entendre un cœur battre alors que l’embryon n’est pas encore formé donne une dimension toute particulière à cet examen.

A chaque examen médical, les parents, et la mère plus encore, peuvent éprouver une boule d’angoisse à l’idée que l’on découvre une anomalie à ce bébé qu’elle porte et dont elle se sent pleinement responsable.

Les injonctions faites aux femmes sont nombreuses : elles ne doivent pas prendre trop de poids, elles doivent rester féminines, arrêter l’alcool et la cigarette (il n’est plus à prouver la dangerosité de ces points sur le développement du fœtus), elles doivent être au comble du bonheur et ne surtout pas se plaindre. Elles doivent, elles doivent,… Cela entrave quelque peu le processus en marche, celui de la naissance.

Peurs et angoisses :

Quand quelque chose vient à clocher, les femmes se sentent alors emplies de culpabilité.

La fausse couche, dans le 1er trimestre de grossesse, est pour un grand nombre, un traumatisme, vécu dans une grande solitude et dont on mésestime totalement l’impact psychologique sur le couple et sur les grossesses à venir. Certaines femmes peuvent en vivre plusieurs d’affilée. Des examens complémentaires peuvent être demandés par le professionnel mais pas avant la 3ème fausse-couche. Le but n’est pas ici d’expliquer la manière dont le personnel soignant s’occupe de ce suivi. Mais les curetages et autres joyeusetés en service de maternité n’aident aucunement les femmes à se remettre de cet évènement. Elles se relancent parfois très rapidement dans une nouvelle grossesse. Mais, pour d’autres, le deuil (car elles le vivent ainsi) les empêche de se projeter.

L’angoisse mentionnée par les femmes enceintes est par conséquent prégnante et ce, dès le test de grossesse. C’est la valse des émotions mêlés aux maux physiques de la grossesse.

La grossesse a son lot de contrariétés. Le diabète gestationnel en est une. Un test est effectué en laboratoire d’analyses médicales sous forme de boisson fortement sucrée à ingérer. Attention, cet examen non obligatoire est fortement conseillé. La femme enceinte est soumise à une certaine pression si elle décide de ne pas le pratiquer. Dans le meilleur des cas, aucun signe de diabète ne sera détecté. Mais si les taux de sucre sont anormalement élevés, direction le diabétologue avec un régime strict à la clef et un minimum de 6 piqûres par jour pour vérifier les taux de sucre dans le sang. Ce test est aujourd’hui remis en cause mais toujours proposé.

Rappelons le, la grossesse n’est pas une maladie. Et pourtant, on vous surine l’importance d’une hygiène de vie impeccable pour donner naissance à un bébé en bonne santé.

Quand l’enfant naît :

Après le temps de la gestation vient le temps de la naissance, l’accouchement.

C’est une étape qui peut être redoutée par les couples, ces derniers ne sachant pas, quand il s’agit de leur premier enfant, la manière dont cela va se dérouler. Bien évidemment les représentations sur le sujet ne manquent pas. D’un accouchement naturel et sans accrocs à un accouchement traumatique, la naissance de l’enfant semble entourée d’un halo de mystère. La mortalité en couches et des mères et de leurs bébés a énormément diminué puisque les techniques médicales permettent aujourd’hui de réduire les risques.

Cependant, la physiologie est bien moins présente dans les salles d’accouchements pour de multiples raisons dont les tensions qui occupent les hôpitaux aujourd’hui. Les futurs parents se questionnent fortement sur le choix de la maternité, sur les possibilités qui leur sont offertes. Des débats existent dans les milieux hospitaliers sur l’accouchement à domicile (AAD) mais également, même si restreints en nombre, les accouchements non médicalisés (ANA).

La naissance est à la fois très intime mais aussi un sujet qui occupe et agite l’espace public.

Les représentants d’usagers dont le CIANE (collectif inter associatif) travaillent et collaborent avec les institutions, les acteurs de première ligne à une meilleure prise en compte des souhaits des futurs parents tout en s’adaptant aux contraintes hospitalières.

Le marathon n’est pas terminé : le post-partum

Tout laisse à croire qu’une fois l’enfant sorti du ventre de sa mère, tout s’achève.

Mais ce n’est point le cas. Bien au contraire ! Ce n’est que le début d’une grande aventure qui débute par la rencontre d’un petit inconnu qu’est le bébé. Dans les semaines et mois qui suivent l’accouchement, le maître mot est apprentissage. Cet enfant va avoir des besoins primaires essentiels mais pour les comprendre, il faut le décoder. Il va pleurer pour se faire comprendre et dire ce que sa découverte du monde lui fait vivre. Ses parents sont un phare auquel il se rattache jours et nuits. Le couple peut avoir tout projeté mais quand il vit au rythme de son bébé, il prend conscience des responsabilités qui lui incombe.

Cette période postnatale est d’autant plus complexe pour la femme que cette dernière vient tout juste de courir 20 kilomètres sur les 42 annoncés. Son corps s’est modifié, son esprit aussi. Chacune ne sera pas logée à la même enseigne mais se retrouver physiquement peut prendre quelques mois, quelques années. Il n’y a aucune règle malgré l’injonction forte à perdre rapidement ses kilos de grossesse. Et ce n’est pas la seule : reprendre une sexualité dès que possible, reprendre le travail tout en étant la parfaite mère instagramable. Fort heureusement, il y a maintenant quelques années, le #monpostpartum a permis de donner la voix à toutes les mères pour dire leur réalité, leur vérité. Ce qui pouvait se tramer tout bas occupe la sphère sociale et politique. La santé physique et psychique peut alors être accompagnée et prise en soins si nécessaire car tout n’est pas tout rose au pays des cigognes.

Ce petit aperçu de la période périnatale montre que ce temps suspendu de la grossesse, de la naissance et du post-partum a longtemps été tu en le définissant assez catégoriquement comme une affaire réservé aux femmes alors que c’est une période cruciale dans la construction de la famille, les co-parents étant tout aussi concernés.

Pour aller plus loin :

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