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Kendra Smith “Five ways of disappearing” (1995)

- temps de lecture approximatif de 3 minutes 3 min - Modifié le 31/07/2024 par pj

La discrétion extrême avec laquelle Kendra Smith traverse la petite histoire de la musique californienne est phénoménalement proche de l’effacement.

Sa présence sur les deux premiers albums du groupe culte de Los Angeles The Dream Syndicate suffit déjà à la placer sur la carte éphémère du néo psychédélisme pop folk 80’s, connu sous le nom de Paisley Underground.

En 1983, le projet Rainy Day marque sa rencontre avec David Roback. En résulte un disque unique où là encore la discrétion, plus qu’une marque de fabrique, semble constituer l’ADN de ces covers. L’atmosphère de cet album scelle également le son que Kendra Smith et David Roback vont élaborer quelques années en duo sous un nouveau nom, Opal et avec un nouvel album cultissime sorti en 1987, Happy Nightmare Baby.

Dès 1988 Kendra Smith vit retirée, hors des courts-circuits du monde de la musique alternative, dans une ferme à la campagne.

Si Five Ways Of Disappearing est précédé d’un court essai en 1992 avec The Guild Of Temporal Adventurers, on peut tout de même le considérer comme le seul véritable album solo de Kendra Smith. Sorti chez 4AD au printemps 1995, il acquiert immédiatement et jusqu’à aujourd’hui son statut de grand disque mineur.

Avec cet album translucide, Kendra Smith trouve sa propre voie.

Difficilement classable de prime abord, Five Ways Of Disappearing parait toutefois offrir trois climats à la fois analogues et pourtant variés.

Le premier serait globalement le plus lumineux, proche de l’univers Paisley Underground cher à Kendra Smith avec des morceaux dream folk Temporarily Lucy et Space Unadorned, le plus rock In Your Head et le très beau Valley Of The Morning Sun à l’ambiance western.

Aurelia, qui ouvre le disque, le primesautier Maggots, mais aussi le très psyché Drunken Boat et l’éthéré Judge Not semblent brouiller davantage les pistes et vouloir habiter un deuxième climat assez hétéroclite.

Enfin trois morceaux bien plus sombres et languissants nous entrainent irrémédiablement, via l’harmonium, vers des profondeurs méditatives et des paysages lugubres, comme l’entêtant Get There ou ce Bohemian Zebulon, qui après deux minutes et demie de folk grégorien mute en chanson de cabaret. L’album se clôt sur la magnifique et tournoyante reprise de Bold Marauder du duo folk 60’s Richard & Mimi Farina.

Cet album décalé, cérébral et rustique, n’a jamais été réédité.

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