À redécouvrir
The Mabuses “The Mabuses” (1991)
Publié le 24/09/2014 à 16:23 - 2 min - Modifié le 31/01/2024 par pj
D'un strict point de vue pop et discographique, l'année 1991 est ce qu'il est convenu d'appeler un grand millésime. Nevermind, Blue Lines, Screamadelica, Laughing Stock, Loveless, parmi d'autres, sont les marqueurs indélébiles de cette année palindrome. Faut-il s'étonner ensuite qu'avec ce premier album décalé et sans titre The Mabuses soit passé inaperçu, à peu près.
Sorti discrètement en fin d’année, le disque est relativement bien accueilli par la critique – chacun s’accordant à l’époque sur le caractère singulier, la réussite mélodique et la richesse de l’ensemble. Dès Cubicles, les voix et les guitares virevoltent – et tout le reste avec. A l’image du “pseudonyme” qu’il s’est choisi, Kim Fahy hypnotise à coups de cadavres exquis. Impénétrable et généreux, il écrit, compose, chante, arrange. Véritable homme-orchestre, il tient à lui seul les instruments, tous ou presque. The Mabuses est un faux groupe. Et n’ayons pas peur des mots, vrai génie mélodique (Nightcap), Kim Fahy aurait bien pu décrocher la lune grâce à Cubicles et Kicking A Pigeon. Mais dans un monde idéal…
Alors psychédélisme pop (The Gibbon Walk) ou pop baroque (Mad Went The Barber, Life On A Lifeboat, The Novice), cet album luxuriant navigue dans des eaux (bien) fréquentées par d’autres trésors insulaires : Andy partridge avec XTC, ou The Cleaners From Venus, le groupe de Martin Newell – on lui trouvera aussi d’assez immédiates parentés esthétiques avec Echo & The Bunnymen et The Monochrome Set.
L’album est notamment co-produit par Kim Fahy et le mystérieux Kramer, personnage de l’ombre, inventeur de Low et producteur de Galaxie 500, Ween ou Daniel Johnston. Ensemble les deux K (Kim et Kramer) formeront Egomaniacs (1993) l’espace d’un disque.
Difficile ensuite de suivre l’itinéraire de ce cinéphile fasciné qui va truffer son deuxième album, l’inclassable The Melbourne Method paru en 1994, de centaines d’extraits (362 !) de films (40 !) et presque autant de sons de guitares et de batteries. Hétéroclite jusqu’au vertige.
Après ça le silence.
Mabused ! sorti en 2007 est une autre petite merveille, inespérée plus qu’attendue, puisque 13 ans après The Melbourne Method, le dernier disque en date de Kim Fahy, conçu et publié notamment grâce au soutien de JP Nataf, fan de toujours, contient lui aussi d’authentiques pépites (Sugarland, Byayaba, Feast…).
Vrai ou faux groupe, The Mabuses se voit froidement chroniqué dans la première édition (2000) du Dictionnaire du Rock de Michka Assayas et disparait corps et bien de celle récemment parue. Alors ça c’est injuste, c’est vraiment trop injuste…
Nous vous invitons donc chaleureusement à revisiter le palais idéal du chanteur Mabuse.
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