Un musicien à redécouvrir
Les trois vies de Frank Morgan
En trois albums
Publié le 22/12/2023 à 08:36
- 4 min -
Modifié le 08/01/2024
par
Eric
Il est des vies toutes tracées et d’autres plus hachées...
Frank Morgan nait en 1933. Il est reconnu comme un élégant successeur de Charlie Parker.
Sur les conseils de celui-ci, Frank Morgan commence par souffler dans une clarinette. Il a 7 ans, mais baigne grâce à son père musicien dans les coulisses du jazz. Puis le très jeune Morgan se met au saxophone alto comme son idole. Son talent est très vite reconnu puisqu’à 15 ans, il se voit offrir la place de Johnny Hodges dans l’orchestre de Duke Ellington. Mais son père le juge trop jeune pour les tournées. Il rejoint alors le groupe d’un club de jazz à Los Angeles, et accompagne des sommités vocales telles que Billie Holiday et Josephine Baker. Le saxophoniste progresse et jeune adulte, devient un musicien recherché. Il continue à jouer avec Parker lors de ses tournées californiennes, mais aussi Lionel Hampton, Max Roach, Clifford Brown, Kenny Clarke… Puis il enregistre en 1955 un premier album hommage à Parker, l’année du décès de celui-ci. Puis deux autres disques sont encore publiés.
“Lullaby” – Frank Morgan – 1:29
Mais comme son maitre Charlie Parker, Frank Morgan est devenu héroïnomane. Pour soutenir sa dépendance, il vole, falsifie des chèques, cambriole, détourne. Il devient un véritable escroc. Et à partir du milieu années 50, il passe quasiment les trois décennies suivantes en prison. Il y monte même un groupe avec Art Pepper, un autre toxicomane emprisonné comme lui.
Puis sa dernière incarcération se termine enfin en décembre 1986.
“Embraceable you” – Frank Morgan – 4:42
Sorti de prison, Frank Morgan recommence à jouer. Il se produit dans les festivals, reprend les tournées et enregistre une quinzaine d’albums sous son nom propre. Retour sur le devant de la scène, il refuse même la proposition de Clint Eastwood d’interpréter Charlie Parker dans le film Bird.
“Listen to the dawn” – Frank Morgan – 7:53
Si lors de ses débuts Frank Morgan est reconnu comme un suiveur de Parker. Il fait preuve dans sa dernière partie de carrière d’un style propre, débarrassé de toute imitation. Et dans ses derniers enregistrements, l’alto puissant, sensible et riche de Morgan trouve enfin son public.
Il compose peu et joue le plus souvent des ballades, accompagnés des plus grands solistes. Ainsi dans Mood Indigo, You must believe in Spring et Listen to the dawn, trois joyaux parmi d’autres, Frank Morgan développe un style mélancolique, doux et légèrement romantique, servi par un son de saxophone déchirant et émouvant. Lors de la sortie des disques, les critiques sont élogieuses et le public conquis. Frank Morgan devient ainsi une icône du Neo Bop renaissant des années 80’ et 90’, retrouvant ainsi un peu de la gloire qui lui était promis dans sa jeunesse.
Puis il mort en 2007 à 73 ans.



Mood Indigo (1989) : F. Morgan, saxophone alto – Wynton Marsalis, trompette – George Cables & Ronnie Mathews, piano – Buster Williams, basse – Al Foster, batterie.
You must believe in Spring (1992) : F. Morgan, saxophone alto – Kenny Barron, piano – Tommy Flanagan, piano – Roland Hanna, piano – Barry Harris, piano – Hank Jones, piano
Listen to the Dawn (1993) : F. Morgan, saxophone alto – Kenny Burrell, guitare – Ron Carter, basse – Grady Tate, batterie
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