TALK TALK “Spirit Of Eden” (1988)
Publié le 30/10/2013 à 23:06 - 2 min - Modifié le 31/01/2024 par pj
Dans la seconde moitié du XXème siècle, le génie britannique a placé l'excentricité au centre de la musique pop (Julian Cope, Andy Partridge, Jarvis Cocker...). Au point que furent rendus possibles des décalages et des glissements tels qu'un chanteur new wave, irrésolu et pourtant fort de ses succès, puisse n'en faire qu'à sa tête et produise une musique sans étiquette.
Apparu il y a tout juste 25 ans Spirit Of Eden est un disque sophistiqué et ambitieux. Il devait placer d’emblée Mark Hollis dans la très convoitée sphère des musiciens admirés.
Pour mémoire, avant ça, depuis 1981 il y eut les tubes : Talk Talk, It’s My Life, Such A Shame, Life What’s You Make It…
Et puis Colour Of Spring troisième album sorti en 1986 qui apparaissait déjà moins immédiatement accessible que ses prédécesseurs, révélant des nuances, des tonalités acoustiques et suffisamment bariolées pour que des oreilles curieuses en fassent plus qu’un simple disque pop.
Quatrième album du groupe, Spirit Of Eden est difficilement séparable de Colour Of Spring et de Laughing Stock (1991), deux disques dont il est le pivot. Plus qu’un tournant, un virage dangereux. Une ascension dans la chute. Chute car le succès n’est que d’estime ; le public ne suit plus et le contrat avec EMI est rompu.
Ascension puisque la critique dans son ensemble reconnaît l’intensité et la réussite du disque écrit et réalisé par Mark Hollis et Tim-Friese Greene qui en est également producteur. Les néo-romantiques d’hier peuvent jouer dans la cour des grands et ainsi considérés deviennent les précurseurs du post-rock. Impressionniste et organique le disque est l’aboutissement d’innombrables fragments d’enregistrements, savamment recomposés. Entre pianissimo et fortissimo puisque Mark Hollis compose aussi avec le silence, ce qui produit une dynamique sonore rare sur un disque formaté pop-rock. Piano, orgue, harmonium, hautbois, harmonica, trompette et chœurs viennent s’ajouter aux guitares et à la section rythmique. Et puis il y a l’instrument ultime, la voix de Mark Hollis, tour à tour murmurée ou incantatoire, dont chacune des modulations semble d’une irremplaçable mélancolie.
Le disque suivant Laughing Stock creuse encore davantage le même sillon. Sorti sur le prestigieux label Verve il clôt la carrière du groupe et forme avec Spirit Of Eden un diptyque inespéré.
La musique inspirée et le talent introspectif de Mark Hollis allaient crescendo. Son unique album solo sans titre viendra le confirmer magnifiquement dix ans plus tard.
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