Patronne des musiciens
Sainte Cécile
Publié le 21/06/2024 à 09:00
- 7 min -
par
Civodul
La fête de la musique a pour parrain Jack Lang, qu’on ne présente plus, et pour marraine Sainte Cécile, patronne des musiciens, que l’on présente encore.
Un peu d’histoire
Fêtée le 22 novembre, sainte Cécile est une martyre qui vécut à Rome au IIIème siècle de notre ère. Elle y est vénérée depuis la fin du Ve siècle. Son culte semble s’être répandu dans l’Albigeois dès le haut Moyen Âge. Elle est également patronne de la cathédrale d’Albi. La légende de Cécile de Rome est principalement connue par la Légende dorée de Jacques de Voragine, ouvrage rédigé en latin qui raconte la vie des saints chrétiens. Cécile de Rome est une jeune femme, issue d’une noble famille, condamnée au martyre après avoir converti de nombreuses personnes au christianisme. La musique est très tôt attachée à Cécile : selon Voragine, lors de ses noces, Cécile se serait adressée à Dieu en chantant et en lui priant que son corps reste immaculé. Un autre passage stipule qu’en allant au martyre elle aurait entendu la musique de Dieu. Elle devient ainsi, assez naturellement, la patronne des musiciens.

Raphaël, 1483-1520
Bibliothèque municipale de Lyon (I16BON004672)
Rome
En 1585 Sainte Cécile est faite patronne de la fameuse Académie nationale de Rome consacrée à la musique. En 1716 le Pape Clément Xl décrète que toute personne pratiquant la musique devra s´inscrire à l’Accademia et réussir l’examen pour devenir Maître de Chapelle. Maître et non maîtresse, puisque Maria Rosa Coccia (1759-1833) musicienne et compositrice italienne qui avait pourtant réussi brillamment cet examen s’en vit interdire l’accès parce que du « mauvais » sexe. Cette vénérable académie est l’une des plus anciennes sociétés musicales du monde et gère aujourd’hui hui encore l’Orchestre national de Sainte Cécile (Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia) créé en 1908 et basé à Rome.
Hommages
Sainte Cécile a inspiré nombre de compositeurs de toutes époques.
- Hail! Bright Cecilia, appelée également Ode to St. Cecilia (Ode à sainte Cécile), est une œuvre pour voix et orchestre de Henry Purcell datant de 1692. Cette pièce a été composée sur un texte de Nicholas Brady pour la fête de Sainte Cécile, patronne des musiciens. Alternant choeurs majesteux et délicats ensembles l’Orphée britannique a accouché d’une pure merveille. Ici, quintessence de la suavité British, le langoureux dialogue des deux contre-ténors :
- La Messa di Santa Cecilia (“Messe de Sainte Cécile”) est une oeuvre religieuse d’Alessandro Scarlatti, écrite en 1720 pour cinq solistes, chœur et orchestre, commandée par et dédiée au cardinal Aquaviva. Un bel et pompeux hommage à Sainte Cécile. Le compositeur dédie deux autres oeuvres à la sainte : l’oratorio martyre de sainte Cécile et les Vêpres de sainte Cécile.
- L’Ode for St. Cecilia’s Day (HWV 76) est une œuvre lyrique de Georg Friedrich Haendel qu’il compose en 1739 sur un poème éponyme – en anglais – de John Dryden, exaltant le rôle de la musique dans l’harmonie de l’Univers. Cette composition («ode») se situe à mi-chemin de la cantate et de l’oratorio, tant en ce qui concerne la durée que l’importance de l’effectif musical. Elle comprend des pièces instrumentales, des arias solistes et des chœurs. La première représentation eut lieu le 22 novembre 1739, jour de la fête de Sainte Cécile à Londres
- En 1766, alors qu’il prend la direction de la chapelle des Esterházy Joseph Haydn commençe à travailler à la Missa Cellensis, plus connue sous son surnom de “Messe de Sainte Cécile“ que sous son titre original. Avec sa formation orchestrale importante et sa durée d’environ une heure, cette composition est la plus vaste et la plus longue messe de Haydn.
- La Messe solennelle en l’honneur de sainte Cécile est une composition musicale du compositeur français Charles Gounod. Il s’agit de son œuvre la plus connue en dehors de ses opéras.
- S’inspirant librement de cette messe de Gounod, Franz Liszt compose une pièce pour piano :
- L’hommage à Cécile est une tradition britannique à laquelle Benjamin Britten, second Orpheus britannicus né le jour de la Sainte Cécile, se devait de contribuer. Son Hymn to St Cecilia, op. 27 est une pièce chorale mettant en musique un poème de W.H. Auden. La pièce, créée en 1942, comporte trois sections, la troisième est plus lyrique avec des solos, chaque voix décrivant un instrument différent.
- Avec le mysticisme frissonnant qu’on lui connait Arvo Pärt (né en 1935) a également salué la vierge romaine martyrisée.
- Le compositeur et prêtre italien Marco Frisina (né en 1954) apporte un regard touchant et kitschement doloriste à la légende encore vivace.
Le martyre de Sainte Cécibel
Si – ce qu’à Dieu ne plaise – belle Cécile revenait, par l’opération d’un Saint-Esprit farceur et mélomane – un jour de Fête de la musique, armée de sa seule viole de gambe unplugged et tentait de nous faire entendre quelques accords … Las ! engloutie sous un déluge de décibels, n’endurerait-elle pas un second martyre ?
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