A redécouvrir
Les musiciens de jazz et leurs trois voeux
Publié le 29/03/2019 à 18:14 - 3 min - Modifié le 12/06/2023 par Eric
De la vielle Europe au nouveau monde, de la noblesse de robe au jazz, Pannonica de Koenigswarter interroge les musiciens.
Étrange destinée que celle de Pannonica, elle nait Rothschild en Grande Bretagne en 1913. Entre vie mondaine et pratique artistique, elle adopte tout d’abord la vie d’une riche héritière européenne. Puis elle rencontre et épouse un noble officier Français. Elle se nomme désormais Pannonica de Koenigswarter. La seconde guerre mondiale éclate. Ensemble ils effectuent des missions au service de la France libre. Pannonica brave les dangers et la mort. Puis la guerre finie, l’aventure prend fin. Son mari devient diplomate. Elle élève leurs 5 enfants. Mais la vie d’ambassadeur ne convient pas à Pannonica. Elle s’ennuie et ils se séparent. Enfin libre, elle s’installe à New York puis renoue avec son amour de jeunesse : le jazz.
A New York, Pannonica écume d’abord les bars de Jazz. Elle rencontre et se lie s’amitié avec les jazzmen, s’impliquant toujours plus dans sa passion. Par la suite elle adhère au syndicat des musiciens, puis un moment elle sera l’agent d’Art Blakey et ses Jazz Messengers. Plus tard sa suite hôtelière se transforme en lieu de jam session et d’after show. Elle devient ainsi l’amie, la confidente, la protectrice, la muse. Elle héberge, soigne, console, défend les âmes blessées du Jazz. Charlie Parker décède chez elle et Thelonious Monk finira sa vie dans sa maison, mutique et reclus…
Durant les années 60, elle photographie les musiciens avec son polaroid. Ses images rompent avec l’iconographie habituelle du jazz. Puisque ses photos montrent des moments de repos intimes des jazzmen, des pauses quasi familiale. Pannonica décide d’en faire un livre (Les musiciens de jazz et leurs trois voeux), accompagné des réponses à la question qu’elle pose à tous ceux qui passent chez elle : « Quels sont tes trois souhaits ? ». Trois cent jazzmen répondent. Photos et souhaits sont la matière de ce livre. Ouvrage étrange, désuet et fascinant à la fois, c’est une juste illustration des tourments créatifs, économiques, affectifs, politiques et sociaux de ces musiciens durant les années 60. A la fameuse question Miles Davis répond : « Etre blanc », quand Wes Montgomery déclare : « Bonheur – Plus aucune discrimination – Paix », Paul Chambers : « Célébrité – Fortune – Bonheur ». Trois cent réponses, trois cent parts d’humanité et un bonheur de lecture.
En complément, deux ouvrages viennent de sortir en ce début d’année. Le premier : Pannonica est un disque qui reprend quelques-uns des enregistrements originaux des chansons composés en hommage à la muse du jazz. Chaque morceau est introduit par la voix de Pannonica De Koenigswarter. On y trouve Monk bien sûr, mais aussi Horace Silver, Sonny Rollins, Art Blakey, Hank Mobley… Le second est une bande dessinée réalisée par Youssef Daoudi : Monk! Thelonious, Pannonica… qui évoque les dernières années de Thélonious Monk et sa relation avec la baronne Rothschild.
Le livre de Pannonica obtint le Prix du meilleur livre jazz de l’Académie du jazz en 2006.
Le livre de Youssef Daoudi obtint le même prix en 2018.
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