La pochette : Tout un art

Reid Miles, graphiste designer (1927-1993)  

- temps de lecture approximatif de 7 minutes 7 min - Modifié le 04/09/2024 par Eric

Pour beaucoup de fans de jazz, Blue Note est une référence incontournable. D’ailleurs le label en a fait son slogan : "Le meilleur du jazz depuis 1939". Mais c’est au début des années 50’ que Blue Note prend toute sa place et affine son identité.

Free Form - Donald Byrd
Free Form - Donald Byrd

Durant cette période les managers de Blue Note recrutent deux hommes. Tout d’abord l’ingénieur du son Rudy Van Gelder qui apporte finesse, clarté et cette sensation d’espace aux enregistrements. L’homme devient la référence en la matière.

Et ils embauchent également le graphiste Reid Miles. Celui-ci va transformer les pochettes en quasi œuvre d’art. Il devient un maitre en la manière. Et de la même façon que les managers du label laissent toute liberté aux musiciens. Ils laissent libre Reid Miles pour ses créations. Ainsi au cours des années 50’, Blue Note se redéfinit comme un modèle de qualité sonore avec une identité visuelle unique.

A son arrivée Reid Miles est sous contrat avec la firme Columbia. Il travaille donc la nuit et les week-ends pour Blue Note. Et la demande des managers de Blue Note est claire : 50 dollars par pochettes et il doit utiliser les images du photographe maison Francis Wolff. La rumeur dit pourtant que Reid Miles préfère la musique classique au jazz. Il donne ou échange même les disques qu’il reçoit du label contre des enregistrements classique. Et pour créer les pochettes il s’inspire des explications de son employeur Alfred Lion. Mais cela ne l’empêche pas de proposer des designs emblématiques qui marquent leur époque.

Ainsi du début des années 5O jusqu’au milieu des années 60’ Reid Miles révolutionne l’art de la pochette de disque. Pour ses créations, il sélectionne des images ou prend lui-même des photographies. Qu’il décale, découpe, colore, optant pour des angles non conventionnels, ou des géométries atypiques. Mais surtout Reid Miles compose avec les typographies traitant celles-ci comme des éléments visuels. Qu’il brise, empile allant jusqu’à envahir la couverture des pochettes de lettres. Il innove également en jouant des contrastes et des asymétries. Il redéfinit ainsi ce que doit être une pochette de disques de jazz. C’est audacieux, ludique, et percutant. D’ailleurs ses créations marquèrent le design graphique.

Mais en 1967, Alfred Lions le créateur du label se retire. Blue Note est vendu. Reid Miles passe la main et entame une seconde carrière dans la publicité. Il devient célèbre en signant un contrat d’un million de dollars par an pour créer les publicités de la firme Coca Cola.

Puis dans les années 70’ Reid Miles ouvre son propre studio de photographie. Dès lors il développe des images dans la lignée du Réalisme américain. Des photos mises en scène qui racontent des histoires par l’image. Des illustrations entre réalisme et humour qui magnifie le rêve américain dans la lignée de Norman Rockwell. Il travaille pour différentes marques : Kawasaki, Kellog’s, Chevrolet, Buick, Philip Morris… Puis à nouveau l’industrie musicale le sollicite. Il signe ainsi des couvertures ou des photographies intérieures de disque pour Bob Dylan, les Jacksons, Chicago, Cheap Trick, The Band, Liza Minelli…

Reid Miles créa ainsi plus de 500 pochettes pour Blue Note, marquant ainsi le design graphique, plus quelques autres dans les années 70’. Il décède en 1993. Laissant une trace importante dans le design graphique des pochettes de disques et nombreux sont ceux qui revendiquent son héritage.

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