A redécouvrir
Anne Clark “Hopeless Cases” (1987)
Lumière et cécité
Publié le 15/01/2021 à 18:14 - 2 min - Modifié le 30/01/2024 par pj
Poétesse et musicienne, Anne Clark occupe une place (un peu trop) à part dans le vaste jardin new wave qui l’a vu éclore aux alentours de 1982. Quelle tristesse...
Quels sont les cas désespérés dont ce disque fait écho ?
Anne Charlotte Clark quitte l’école a 16 ans et parmi les petits boulots qui l’occupent, celui de disquaire lui permet de découvrir le punk et la new wave naissante.
Elle écrit et compose seule, le très romantique The Sitting Room, sorti en 1982, lorsqu’elle n’a pas encore 22 ans.
Sa rencontre avec David Harrow est ensuite décisive. Le duo élabore une poignée de morceaux irrésistibles : Wallies, Sleeper In Metropolis, Our Darkness ou encore Self Destruct.
A défaut d’être des hits, ces titres feront les beaux jours et les nuits branchées des mid-80s.
Le spoken word pratiqué par Anne Clark – dont elle est sans doute l’une des pionnières dans le genre – est singulièrement sombre et incisif. Chargé de solitude et d’incommunicabilité.
En 1983, Changing Places consolide le statut d’Anne Clark, avec une seconde face plus intimiste réalisée avec la collaboration de Vini Reilly aka The Durutti Column.
John Foxx prend le relai avec la même réussite sur l’album de 1985, Pressure Points. Heaven et Red Sands par exemple, réactivent puissamment la potentialité dancefloor du pessimisme percutant d’Anne Clark..
Avec Hopeless Cases, Anne Clark s’éloigne un peu des rivages sombres de la stricte cold wave pour s’enfoncer dans une noirceur plus vaporeuse (ce que confirmera d’ailleurs l’album suivant, Unstill Life, sorti quatre ans plus tard).
Sur cet album charnière sorti en 1987, les rythmiques sont moins marquées, les textes semblent plus présents encore et la musique déjà plus atmosphérique et downtempo. Et puis en 87, la new wave est morte…
Mais ces paysages ne sont pas idylliques et les textes profondément sombres nuancent sans équivoque le propos. Une urbanité morose décrite comme aliénante et isolante.
Musicalement, en demi-teinte, le disque balance entre une inquiétude apaisée (Up) ou franchement lugubre (Cane Hill) et l’atmosphère générale oscille entre une douceur bucolique très anglaise et la tristesse la plus mélancolique. Avec Homecoming et Now, on retrouve les accélérations new wave qui font danser, hier comme aujourd’hui demain les amoureuses et amoureux solitaires de plaisirs inconnus.
A moins d’être d’un optimisme incurable, ou hermétique voire complètement réfractaire à la langue d’Oscar Wilde, il s’avère judicieux de réécouter Anne Clark à l’aune des sonorités d’une nouvelle génération de musicien-ne-s qui se déplacent sans complexe de l’avant-garde à la lumière noire des pistes de danse.
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