A redécouvrir
Fourth Wall / The Flying Lizards (1981)
Décomposer en s'amusant, jouir de la monotonie et bricoler savamment...
Publié le 11/09/2020 à 18:18
- 2 min -
par
pj
Comme ça, vite fait, la musique des Flying Lizards ressemble un peu à de la new wave plutôt free - et la démarche est passablement dadaïste... c'est bien comme début, non ?!
David Cunningham commence par écrire des pièces pour piano. Avec de la suite dans les idées, il crée ensuite Piano, son propre label, qui lui permet d’éditer sa musique.
En 1977, Grey Scale est la première référence du label. Un piano minimal, préparé, trituré et accompagné de sonorités organiques ou électroniques. Une musique répétitive et aléatoire, dont l’erreur système constitue parfois la composante de trames déphasées.
Quelques années plus tard, la démarche de déconstruction pop du projet The Flying Lizards tient davantage de Fluxus.
L’écoute du premier album et des reprises de Summertime Blues et de Money procure illico les indices précieux du décalage opéré.
Et il suffit pour s’en convaincre tout à fait, de jeter un œil – forcément amusé – à la capture vidéo de leur passage à TopPop en 1979 :
Hormis quelques titres, Fourth Wall sorti en 1981, est relativement moins désincarné que son prédécesseur. Certains repères existent : ici la guitare de Robert Fripp, sur Glide/Spin et Lost And Found, là une reprise de Curtis Mayfield, Move On Up.
Mais, alors que le disque progresse vers des ambiances différentes, les sonorités nous égarent vers des horizons bigarrés. Et les voix sont à la fois tendrement cacophonique et sans affect.
Le très no-wave A-train et sa belle ligne de funk froid, précède un instrumental crypto-lynchien, suivi un peu plus loin, d’un bref morceau ambiant, An Age. Et puis, Hands To Take et sa fausse progression cuivrée, engluée, inexorable – sans doute l’un des sommets de l’album. Another Story nous plonge à nouveau dans une no-wave un peu lugubre et entièrement drivée par David Cunningham.
Dans ses dissonances et ses libertés, le disque s’apparente naturellement, esthétiquement et techniquement, à l’avant-garde. Il navigue dans les eaux du Brian Eno période Another Green World ou My Life In The Bush Of Ghosts et bien entendu avec la musique produite à peu près au même moment par The Residents, The Pop Group ou Family Fodder ; voire des miniatures des Young Marble Giants.
En résumé, il s’agit bien de new wave expérimentale.
En 1984, sort un troisième album justement intitulé Top Ten avec pas moins de dix reprises au programme. Tutti Frutti, What’s New Pussycat, Suzanne… et puis Sex Machine !
On ne saurait rater l’aspect dérisoire et parodique du projet…
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