À redécouvrir
Red House Painters “I & II” (1993)
Publié le 11/06/2014 à 16:27 - 2 min - Modifié le 31/01/2024 par pj
Sadcore ou Slowcore, l'année 1993 lève le pied, baisse la tête, bousculée par un ralentissement considérable ; entre le printemps et l'automne paraissent deux albums simplement estampillés Red House Painters. Certains ne s'en sont jamais vraiment remis.
Parfois la vérité est aussi belle que la légende. Séquence 1 : une cassette de démos passe des mains bienveillantes de Mark Eitzel grand gourou de l’American Music Club à celles d’Ivo, deus ex-machina du label 4AD. Séquence 2 : les titres de cette même cassette sont édités en l’état sous le titre Down Colourful Hill, premier album de Red House Painters en 1992.
C’est donc à cette date que l’on découvre la voix légèrement voilée et trainante de Mark Kozelek. Les sessions d’enregistrement qui suivront ce premier essai seront transmutées l’année suivante en deux volumes indissociables, et donc sans titres, parus respectivement en mai et septembre 1993. On découvre alors aussi la mine boudeuse de Mark Kozelek et un invidu solitaire, languissant, asocial.
Sur Red House Painters I (Rollercoaster) et Red House Painters II (Bridge), la voix de Mark Kozelek se fait plus chaleureuse, plus caressante et sans doute plus bouleversante que jamais. Dès les premières écoutes, Katy Song, Mistress, Rollercoaster, Bubble ou Helicopter, révèlent leur force et leur caractère de classiques immédiats. On croit entendre à l’époque le télescopage des univers de Joy Division avec ceux de Nick Drake, ou de Cure (période Seventeen Seconds) avec Simon & Garfunkel – ce que confirme justement la reprise parfaite de I Am a rock, parue initialement sur le classique du duo new yorkais Sounds of Silence en 1966.
Tout se joue donc ici entre pesanteur et grâce, légèreté et désespoir, sur ces deux albums lents et magnifiques où des chansons d’une grande richesse harmonique redessinent la carte du sensible. Et on réalise alors combien les tons sépia des photographies désolées qui ornent les pochettes de ces disques protègent discrètement les camaïeux délicats d’un automne éternel.
red house painters by pierre-jean chignard on Grooveshark
Après la séparation du groupe et six albums essentiels sortis entre 1992 et 2001, Mark Kozelek publiera parallèlement des disques sous son nom, et depuis 2003 sous celui de Sun Kil Moon. Il mène jusqu’aujourd’hui les deux projets de front, ainsi que diverses collaborations. Benji, le nouvel album de Sun Kil Moon, est sorti au début de cette année.
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