Armstrong ou Prima
Louis Louis
Publié le 20/01/2023 à 08:40
- 4 min -
Modifié le 11/02/2023
par
Eric
"Il est né à La Nouvelle Orléans, se prénomme Louis, joue de la trompette et chante d’une voix rocailleuse"…
C’est ainsi que le label Capitol présente Louis Prima dans les années 50, jouant sur les similitudes avec Louis Armstrong. Car en effet les carrières des deux sont étonnamment ressemblantes et étroitement liés. Tous deux sont des trompettistes à la voix rocailleuse, tous deux sont des chefs d’orchestre et tous deux ont quitté la Nouvelle-Orléans pour Chicago avant de poursuivre leur carrière.
- Armstrong
- Prima
Louis Armstrong est un des grands monuments de l’histoire du jazz. C’est grâce à lui que le jazz atteint une audience mondiale. Et pour certains il est même l’inventeur du jazz. C’est en tout cas un des premiers solistes du genre, un de ses plus célèbres improvisateurs. Et également un formidable virtuose de la trompette dont l’aura s’étale sur tout le jazz du XXème siècle.
Miles Davis : “Louis a traversé toutes sortes de styles […] Vous ne pouvez rien jouer sur une trompette que Louis n’ait pas joué – je veux dire même moderne. […]. J’aime aussi sa façon de chanter”.
A la fin de sa vie Louis Armstrong délaisse la trompette au profit du chant. Il devient une sorte d’entertainer, le sourire aux lèvres et la joie de vivre en bandoulière. Certains militants antiracistes le traitent d’ailleurs d’Oncle Tom et lui reprochent de ne pas protester contre le racisme. Mais sa voix et sa bonhommie lui ont permis de conquérir un public plus large.
Armstrong nait en 1901, Prima dix ans plus tard, tous deux à la Nouvelle Orléans. Prima est issu d’une famille d’origine italienne, ou la pratique musicale est obligatoire. Il commence donc l’apprentissage du violon à la paroisse locale. Mais en assistant à un concert d’Armstrong le jeune Prima décide de passer à la trompette. Ainsi durant toute sa première partie de carrière Prima est un peu dans l’ombre d’Armstrong.
Avant qu’il n’entame une seconde partie de carrière en incluant des influences de musique italienne (Tarentelle) à son jump blues jazz. Lui aussi interprète un chanteur gouailleur et il surjoue l’italo-américain rigolard et joyeux.
Un exemple, en 1956 Louis Prima reprend la chanson Just a gigolo qui devient un succès. Mais le morceau avait déjà été popularisé par Louis Armstrong en 1931. Mais les deux sont également connectés en raison du film : Le livre de la jungle. Car bien avant l’arrivée des “consultants en diversité” chargés de veiller sur l’image des minorités dans les films, les pontes de chez Disney envisagent Louis Armstrong pour le rôle. Mais ils craignent une polémique en faisant jouer le rôle d’un singe à un afro-américain.
Ils choisissent donc Louis Prima, italo-américain natif également de la Nouvelle-Orléans (Ville du jazz) pour faire la doublure voix de King Louie. Prima considérait d’ailleurs ce rôle comme l’un des temps forts de sa carrière. Et il estimait que grâce à Walt Disney, ce rôle l’avait rendu “immortel”. Alors que beaucoup pense encore aujourd’hui que c’est Louis Armstrong qui chante. Depuis Disney avertit sur les «représentations négatives» du film : “Ces stéréotypes étaient faux à l’époque et sont faux maintenant”.
Deux musiciens au parcours semblables et deux carrières en parallèle.
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