AU FIL DE L'AIGUILLE
Le vinyle en pointes
Publié le 13/12/2019 à 06:27 - 3 min - Modifié le 18/12/2019 par GLITCH
Fragile point de contact entre le disque et l’appareil de lecture, l’aiguille du phonographe –ou de la platine- demeure cette petite chose indispensable au culte de l’analogique. Vieux clou ou épine de cactus, pointe en diamant ou faisceau laser, petit survol curieux de cet être sensible.
L’aiguille a du style
Au commencement du phonographe, l’ingéniosité et les tâtonnements techniques donnent lieu à une jolie variété de modèles.
Les plus utilisées sont les aiguilles métalliques. Malgré leur apparence de vulgaire clou ou d’aiguille à coudre, elles sont usinées, taillées et polies pour s’adapter au sillon du disque. S’usant vite, et d’une dureté agressive pour le support, elle doivent en général être changées après une seule écoute, une vingtaine pour les modèles de luxe.
Les phonographes des débuts ne possédant pas de volumètre, on a imaginé des aiguilles de différents poids (plus lourd = plus fort) pour ajuster le volume de l’écoute.
Les autres types d’aiguilles, plus rares, plus chères sont presque toutes en fibre végétale. Bambou, épine de cactus ou de rose peuvent être retaillées à la maison. Leur souplesse respecte le disque et offre une meilleure restitution sonore.
Le site collection-frioud.ch propose une remarquable galerie d’articles et photos autour du phonographe et ses accessoires. Entre autres, modèles d’aiguilles, collections de boîtes, affûteurs, supports publicitaires… un festival rétro-geek !
Diamonds are presque forever
Plus tard, le vinyle remplace la gomme-laque des 78 tours et les appareils et accessoires de lecture font leur mue.
Le saphir (artificiel) et le diamant (plus durable) recouvrent les pointes de lecture des platines.
Vinyl record playing under electron microscope
by ininterestingasfuck
L’enjeu -du moins chez les discophiles- est désormais celui de la forme de cette pointe, qui doit répondre aux nouvelles avancées techniques comme la stéréo.
Traditionnellement, lors de la gravure d’un disque, la musique préalablement enregistrée sur bande est transmise à un burin que le signal sonore fait vibrer. Le burin creuse alors un sillon en forme de “V” et grave cette empreinte sur les bords.
Lors de l’écoute, l’aiguille qui court dans le sillon “lit” cette succession de reliefs.
La stéréo permet la lecture différenciée des deux bords. L’aiguille lit alors les variations du relief, non seulement dans le sens horizontal du défilement (creux et bosses) mais aussi dans le sens vertical (écartement et profondeur du sillon).
Bref, nouvelles missions et donc nouveaux profils pour notre vaillante aiguille..
Sphérique, elliptique, shibata… les formes de pointe se multiplient, cherchant la plus grande surface de contact avec la gravure. La recherche du compromis entre l’usure du diamant et celle du disque, coût et rendu sonore laisse le débat -pointu- toujours ouvert, comme en témoigne cet article de on-mag superbement illustré, ou ce comparatif.
Aiguille laser
Et voilà que le laser, jusqu’ici réservé aux CD fait son apparition sur la scène vinyle. Un appareil qui remplace la tête de lecture par un faisceau laser. Plus de contact avec le support, pas d’usure, fidélité et constance du rendu sonore… le Graal ! Mais aussi précision impitoyable de la lecture, qui restitue aussi bien les poussières que le signal enregistré, et exige que le disque soit parfaitement nettoyé !
Une présentation de la bête, à lire sur on-mag.
Peut-être pas la platine de salon de demain, mais la perspective de continuer à lire des disques rares, fragilisés par les ans et les écoutes.
La lecture laser permet aussi de restaurer l’image sonore de disques cassés, rayés, fêlés ou déformés. L’INA développe ainsi un procédé permettant de ramener à l’écoute des milliers de disques jusqu’alors illisibles.
En bonus, cette vidéo vous dit tout ou presque sur l’aiguille
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