Franco DONATONI : Spiri-Eco-Ombra-Diario-Lame (1986)

La musique savante explore alors les voies d’un déterminisme absolu (sérialisme) et celles de la soumission au hasard (musique aléatoire). Deux façons très différentes de décentrer le musicien de sa musique, de la soumettre à des lois indépendantes de sa volonté.

Donatoni a successivement adopté ces deux partis avant de s’en affranchir joyeusement. A partir des années 1970 et après un an de silence, il renoue avec l’écriture tout en restant concentré sur les propriétés internes du matériau musical, sans y introduire de thème, de programme ou d’intention descriptive. Sa musique privilégie de petits effectifs et une écriture qu’on pourrait qualifier de « combinatoire ludique ». Elle crépite d’inventivité et de précision, de fantaisie minutieuse et dansante. Une sophistication solaire si l’on ose dire.

Sorti en 1986, cet enregistrement sans titre est l’un des tout premiers CD consacré à Donatoni, citons-en deux extraits :

Diario, pour 8 cuivres est une page lumineuse, pleine de mouvement et de contrastes. Chevauchements, saccades, proliférations et nuances de timbres évoquent un Bartok enjazzé ou un Varèse facétieux.

Spiri, pour 10 instruments, peut s’entendre comme le ramage dansant d’une compagnie d’instruments-oiseaux aux tons clairs (flûte, hautbois, célesta, violons…). Les voici qui se distribuent et se repassent une mélodie, l’altèrent, la concassent, la divisent, l’accélèrent, la multiplient, avant de la reprendre… Et de recommencer, comme une espièglerie virtuose ad libitum.

Ne pas manquer aussi l’exploration obstinée des profondeurs d’une clarinette basse (Ombra) ou le lyrisme descendant et heurté d’un violoncelle (Lame).

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