La bergère, le loup et le juge
Retour sur l'instruction de l'affaire Vacher par le juge Fourquet
Publié le 29/01/2021 à 12:06
- 14 min -
par
pylandron
« Le loup-garou des légendes
Est aujourd’hui dépassé.
Il ne fut, dans le passé
Des brigands et des brigandes,
Pas d’être plus enragés
Que le tueur de bergers. »
L’arrestation
Le 25 juin 1893, Joseph Vacher échappe miraculeusement à une tentative de suicide. Après avoir tiré sur la femme dont il est épris et qui vient de l’éconduire, le jeune homme retourne le pistolet contre lui. A sa sortie d’hôpital, en partie défiguré, il est placé à l’asile de Saint Ylie, près de Dole. Il n’y reste que pour un séjour de quelques mois – apparemment traumatisant – avant d’être transféré dans un asile situé en Isère dont le jeune homme est originaire. Le 1er avril 1894, le docteur responsable de son cas le juge en « état de parfaite guérison. » A sa sortie d’asile, Vacher tente bien de trouver un travail chez les maristes qui l’ont élevé, mais ses velléités de stabilité sont réduites à néant par les frères qui refusent d’embaucher leurs anciens étudiants. A vingt-cinq ans, nantis d’un livret militaire obtenu lors de son passage à l’armée en guise de passe-partout, le jeune homme se destine un peu malgré lui à une vie d’errance. Moins de deux mois après sa sortie de l’asile de Saint-Robert, sur une route d’Isère à quelques centaines de mètres d’une usine, Vacher égorge une jeune ouvrière, ouvrant ainsi l’odyssée sanglante qui l’entrainera aux assises trois ans plus tard.
4 août 1897 : dans les bois qui bordent la petite commune de Champis dans l’Ardèche, Vacher attaque une jeune femme alors qu’elle est occupée à ramasser des champignons. Celle-ci se débat vigoureusement en criant, attirant l’attention de son mari et de deux voisins. L’agresseur est rapidement maîtrisé puis maintenu sous bonne garde dans la remise d’une auberge proche. Aux gendarmes qui viennent le chercher, il tente de justifier son geste, mais rien n’y fait, il est interné à la maison d’arrêt de Tournon-sur-Rhône dans la soirée.
L’assassin qui vient d’être arrêté bêtement jonche depuis des années la route de ses errances des corps mutilés de ses victimes, plongeant dans l’horreur la population des infortunés bourgs où le tueur est passé. Si personne n’a encore réussi à l’identifier, ni même à faire le lien entre tous ces crimes, ils n’ont pas laissé la justice aveugle. Un jeune magistrat nouvellement nommé juge d’instruction à Belley, va faire le rapprochement entre un meurtre commis il y a quelques années dans sa juridiction, à Benonces, et un autre qui vient de se dérouler à Courzieu-la-Giraudière dans le Rhône. Emile Fourquet, originaire de Franche-Comté a des origines sociales modestes et rurales ; la Presse le décrit comme un magistrat simple, accessible et affable, un homme sympathique, quoi. Lorsque l’affaire Vacher débute, il vient à peine de prendre ses fonctions dans la juridiction de Belley.
L’assassinat du jeune berger de Courzieu a été confié à Adolphe Benoist, juge d’instruction à Lyon, magistrat expérimenté qui a été chargé quelques années auparavant de l’assassinat du président Carnot. A l’instar de Fourquet, Benoist s’intéresse à des crimes commis dans la région depuis deux ans dont le modus operendi présente de grandes similarités avec celui de Courzieu. En juin 1897, il demande même à ce que les parquets dont dépendent certains crimes non résolus reprennent leurs enquêtes classées, et dresse un portrait-robot du criminel potentiel à partir des témoignages recueillis à Courzieu
C’est le procureur de Belley, Jean Reverdet, instructeur deux ans plus tôt du crime de Victor Portalier à Bénonces, qui attire l’attention d’Emile Fourquet sur les similarités qui rapprochent les deux affaires. Dans les deux cas, les enquêtes ont permis d’établir le portrait-robot d’un vagabond qui rodait sur les lieux du crime, et les descriptions concordent. Fourquet est persuadé d’avoir affaire au même individu. Il prend la décision de rouvrir rapidement l’instruction du crime de Bénonces, qui dépend de son tribunal, pour éviter que l’affaire lui échappe. Le 10 juillet, il rédige alors une commission rogatoire déléguant à ses collègues de la région la recherche sur leur territoire d’individus correspondant au signalement du suspect de Bénonces. Le juge convoque devant les témoins de l’affaire Portalier plusieurs vagabonds arrêtés dans le cadre de cette commission. Mais à chaque fois, c’est la déconvenue : les témoins ne reconnaissent pas le vagabond.
Finalement, fin août, il répond en désespoir de cause à un signalement qu’il a reçu de Julien Garcin, juge d’instruction à Tournon, et qui concerne l’arrestation d’un vagabond pour tentative de viol. Il demande à son collègue de lui faire parvenir une photographie du suspect. A Tournon, le juge Garcin n’a pas les moyens de photographier Vacher. Il propose à son homologue de faire transférer rapidement le suspect à Belley avant qu’il ne puisse faire appel de sa condamnation pour tentative de viol.
Le 8 sept 1897, Vacher arrive à la maison d’arrêt de Belley. Il se déclare aussitôt innocent du crime de Bénonces. La confrontation avec deux des témoins ne produit pas de témoignage décisif. Sans autre inculpé sous la main, le juge Fourquet décide de pousser plus loin la piste Vacher : il fait passer au suspect un examen médical pour évaluer son éventuelle aliénation, examen dont les résultats s’avère eux aussi peu convainquant : Vacher, « détraqué qui ère sur les frontières de la folie », n’est cependant pas un aliéné. Ce qui signifie qu’il est responsable de ses actes et qu’il doit faire l’objet d’une procédure judiciaire.
L’aveu
« Je ne suis pas à ma place ici, […] ; un innocent comme moi ne doit pas rester avec un criminel comme celui-là, […] car je suis innocent. Etant jeune, j’ai été mordu par un chien enragé qui m’a rendu fou. C’est là-dessus qu’on m’a enfermé une première fois dans un asile. Pourquoi les médecins m’ont-ils laissé partir ? Ils n’ont donc rien vu au mal qui m’a poussé malgré moi à faire ce que j’ai fait une fois libre ? Car ce n’est pas moi qui ai tué, c’est la Providence… Oui la Providence, qui, par mon intermédiaire, a voulu répandre sa colère. Je suis donc innocent. N’est-ce pas une honte de penser que ma chère famille me croit coupable ! Je ne veux plus rester dans une prison. Tant qu’on ne m’aura pas transféré dans un asile, je ne mangerai pas. Et tenez, il y a huit jours que je n’ai rien pris. Et ce qui prouve bien que la Providence est avec moi c’est que, malgré le jeûne, je suis toujours fort… »
source : Causerie, Jacques Mauprat in Le Progrès Illustré N°373, février 1898
Le 7 octobre 1897, Fourquet organise une confrontation avec l’ensemble des témoins qui avaient signalé la présence d’un vagabond au hameau d’Onglas près de Bénonces, le 31 aout 1895, jour du meurtre de Victor Portalier. Cette fois-ci, la confrontation ne laisse planer aucun doute : Vacher a beau nier être passé par Onglas ou Bénonces, tous le reconnaissent à divers degré. Pour Fourquet l’affaire est presque réglée : il tient son coupable dont il ne lui manque que les aveux.
Ebranlé par l’avalanche des témoignages qui l’accusent, Vacher, aussitôt regagné sa cellule, rédige une lettre adressée « à la France » où il admet les crimes dont on l’accuse – celui de Bénonces et les crimes qu’on a jusqu’alors pu imputer à l’assassin du jeune Portalier – sans pourtant citer précisément les noms des victimes ou les lieux où les crimes se sont déroulés. Pourtant la forme de ces aveux témoigne de la part de l’assassin d’un flagrant manque de responsabilité : à la fois vis-à-vis de ses actes, mais également sur le fait même de les assumer : s’il s’est tu jusqu’à présent c’est dans « l’intérêt général. » Quant à la raison de sa frénésie meurtrière, elle est due d’une part au traitement qui a suivi la morsure d’un chien enragé quand il était jeune, et d’autre part à la volonté de dieu qui chercherait ainsi à attirer l’attention populaire sur « les abominations qui se commettent dans certains asiles, principalement dans celui de Dôle » (où Vacher fut un temps interné.)
Ses aveux spontanés sous la forme inattendue d’un courrier, s’accompagne dès les jours suivant d’une étrange requête. Quand on lui demande de confirmer ses aveux, l’assassin rétorque : « J’ai pour habitude de suivre mon droit chemin, et de ne pas dévier des principes de la loi morale. » Persuadé de son irresponsabilité sinon de son innocence, il veut que les raisons qui l’ont poussé à tuer soient connues de tous. Il ne collaborera avec la justice qu’à la condition que sa lettre d’aveux soit publiée dans la Presse.
Fourquet est acculé : le principal enjeu de l’instruction est de pousser Vacher à avouer l’intégralité des crimes dont on le soupçonne car il n’y a eu aucun témoin des assassinats. Mais dans un premier temps, s’il veut conserver l’affaire et éviter l’extradition du suspect à Lyon pour le crime de Courzieu, il faut parvenir à l’inculper dans l’Ain pour celui de Bénonces. Fourquet doit donc agir vite. Il demande la permission au procureur général à Lyon d’accéder à la demande de Vacher. Celui-ci la lui accorde le 11 ou 12 octobre, mais demande à Fourquet de concentrer son attention sur l’état mental de l’accusé : est-il fou ou simule-t-il l’aliénation pour échapper à la guillotine ?
Pour Fourquet à l’époque, cela ne semble faire aucun doute : l’assassin est atteint de « monomanie sexuelle, » mais dans ce cas, la poursuite de l’instruction doit cesser avec l’obtention des aveux, car il faut alors reconnaitre l’auteur des crimes irresponsables de ses actes. A ce point de l’enquête, un examen psychiatrique s’impose donc.
De ses entretiens avec le présumé assassin, le juge n’obtient que de vagues informations sur des meurtres qui ne relèvent pas de sa juridiction, et qu’il n’est donc pas en mesure d’instruire. Vacher fait preuve de mauvaise volonté, sans doute pour faire pression sur le juge en vue de la publication de sa lettre. Au même moment, la presse qui s’est emparée de l’affaire se fait l’écho du débat qui se profile : Joseph Reinach député des basses Alpes souligne l’inadaptation de la loi française aux cas dont relève Vacher, celui des aliénés criminels : leur état mental d’aliéné implique la reconnaissance de leur irresponsabilité, mais leurs actes criminels nécessitent un internement plus adapté que celui des asiles d’aliénés.
Finalement, le 14 octobre, la lettre d’aveu de Vacher est publiée par extrait dans Lyon républicain, et Le salut Public et en intégralité dans Le Nouvelliste de Lyon. Fort de cette première victoire, Vacher s’engage alors prudemment dans la voie de la coopération. Il avoue quelques meurtres, sans dévier de sa ligne de défense : même s’il les a commis, il n’est pas responsable de ces crimes. Pourtant, il se défend d’être fou, et s’offusque même qu’un médecin de la prison lui a remis du papier pour « griffonner ses idées. »
Le 16 octobre, la publication de la lettre dans un titre national, Le Petit Journal, accélère les aveux de Vacher. En quelques jours, l’assassin avoue et précise les circonstances de onze meurtres. Il continue de se plaindre à Fourquet que la presse, à laquelle il a visiblement accès, s’obstine à le décrire comme un « fou. » Il persiste à se dire guidé par Dieu, et affirme que la motivation de ses actes n’a rien à voir avec quelque folie mystique dont les journalistes tendent à l’accabler.
Certains journalistes remettent même en question que Vacher puisse être l’auteur de tous les crimes qu’on lui impute. Selon eux, il s’agirait d’un pauvre fou vagabond qui aurait assumé les crimes dont il avait eu vent au court de ses voyages, par leur compte rendu dans la presse ou par les rumeurs populaires. Et les juges, naïvement, accueilleraient avec empressement les aveux d’un innocent mythomane, ou d’un assassin qui souhaiterait ainsi se faire passer pour fou en s’accablant d’une profusion invraisemblable de crimes. D’après Fourquet, c’est par orgueil, pour clouer le bec à ces journalistes que Vacher, lors d’un entretien le 22 octobre, décida de lui révéler un crime encore inconnu. Il confie au juge avoir tué lors de ses errances un jeune vagabond croisé dans une maison abandonnée à Tassin, puis s’être débarrassé de son corps dans un puit proche. Un sondage du puit révèle en effet les restes du jeune garçon. La culpabilité de Vacher ne fait plus aucun doute.
Les journaux de l’époque témoignent de l’intérêt que suscite l’affaire Vacher auprès du public – La Dépêche organise même une exposition autour du criminel dans ses locaux à Toulouse. À Belley, le palais de justice accueille volontiers les journalistes qui affluent dans la petite ville – tout comme un public curieux d’apercevoir le fameux tueur de bergers – et le juge ne rechigne pas à leur ouvrir ses dossiers concernant l’information judiciaire. Echo des opinions populaires, la Presse fait de Vacher plutôt un monstre assoiffé du sang d’innocents simulant la folie qu’un véritable fou : en tout cas, plus ou moins directement, elle pose le problème de sa responsabilité, et souligne la fragilité de la frontière qu’il peut exister entre criminalité et folie meurtrière. Dans la Presse médicale en revanche, le verdict est plutôt celui de la folie, assorti d’une conclusion opportuniste : il faut ouvrir en France un asile pour aliénés-criminels.
L’expertise médicale
Il est donc essentiel d’apporter la plus extrême attention dans l’étude des aliénés avant de les déclarer guéris et inoffensifs. L’inconvénient qu’il peut y avoir à ce qu’un malade soit longuement retenu dans une maison de santé ou un asile ne saurait être mis en balance avec le danger que présente la libération prématurée d’un malade qui peut se porter, d’un moment à l’autre, à tous les excès.
source : Causerie, Jacques Mauprat in Le Progrès Illustré N°385, mai 1898
Fourquet pense être parvenu au terme de l’instruction ; il ne reste pour la clôturer qu’à obtenir une expertise sur l’état mental du prévenu, mais sa requête à cet effet auprès du procureur de la République reçoit une réponse décevante. Celui-ci estime que les aveux obtenus sont insuffisants pour mener l’expertise : il faut plonger plus loin dans l’histoire de l’accusé, revenir en détail sur chacun des meurtres. Un peu découragé, le juge poursuit ses interrogatoires, mais de son côté, Vacher s’est lassé. Il s’enferme dans un mutisme soumis à une nouvelle condition : la publication dans la Presse de l’ensemble des pièces du dossier. Il tient à ce qu’on comprenne qu’il n’est pas fou, mais que ses actes sont le fait d’une volonté divine qui le dépasse, et l’absout donc de toute responsabilité. Pendant tout le mois de novembre, l’assassin s’obstine dans son silence, malgré les tentatives répétées du juge pour obtenir plus d’informations.
A la mi-décembre, trois experts médecins lyonnais – Lacassagne, Pierret et Rebatel – sont commis par le juge qui refuse dans un premier temps le transfert à Lyon de Vacher. C’est donc dans sa cellule à la maison d’arrêt de Belley, que les trois éminents docteurs rencontrent Vacher pour la première fois. A la suite de cette première visite, ils réclament son transfert à la prison Saint-Paul de Lyon, convaincus qu’il leur faudra du temps pour établir le profil psychologique de leur sujet.
Fatigué de n’obtenir rien de plus de l’accusé depuis des semaines, Fourquet fini par signer son transfert à Lyon le 23 décembre. Le 31, Vacher quitte sa cellule. S’il a consenti à laisser partir son accusé, Fourquet reste convaincu que le tueur de bergers ne passera pas devant plusieurs cours d’assise pour ses multiples crimes : si Vacher devait être jugé par plusieurs tribunaux, certains pourraient le reconnaitre aliéné quand d’autres le jugeraient responsable, et cette inconsistance porterait un préjudice terrible à la Justice.
Vacher va rester à la disposition des médecins lyonnais de janvier à mai 1898. Le juge en profite pour mettre de l’ordre dans le dossier d’instruction, le compléter en établissant les cartes dressant les itinéraires du vagabond durant ses années d’errance meurtière. Finalement, il ne lui manque plus que le rapport des experts. Le parquet de l’Ain souhaitant faire passer le procès à la session des assises qui ouvre le 20 avril, le juge prend contact avec le docteur Lacassagne pour suivre l’avancement de leur expertise. Il finit par entretenir une correspondance amicale avec le médecin, qui va probablement contribuer à le faire changer d’avis sur la responsabilité de Vacher. Le collège d’expert soupçonne rapidement la simulation de l’accusé, et ses observations insistent sur le caractère sexuel des assassinats – alors même qu’une minorité d’entre eux est effectivement accompagnée d’un viol. Finalement, le rapport, délivré en mai conclut à la responsabilité pénale de Vacher, maître de ses moyens mais corrompu par la dépravation morale d’un « criminel sadique. »
Vacher regagne la prison de Belley le 20 mai, et le 3 juin, le juge signe une ordonnance de renvoi de l’assassin devant la cour d’assise. Malheureusement un détail administratif vient freiner la procédure : l’ordonnance de décembre 1897 qui commettait les 3 médecins lyonnais est annulée au motif que l’accusé n’a pas été informé de son ordonnance d’expertise. Fourquet, bien qu’affecté par ce nouveau coup du sort, reprend sans tarder la procédure invalidée, commet à nouveau trois médecins dont Lacassagne. L’accusé, six mois après ses derniers entretiens avec le juge, ne démord pas de ses exigences de voir publier les pièces de l’instruction et refuse de coopérer avec le juge, mais à ce point de l’enquête, l’important pour Fourquet c’est le rapport des experts. Celui-ci est à nouveau déposé le 29 juillet sans sérieuse modification par rapport à la première version, et le 22 août la chambre des mises en accusation signe le renvoi de Vacher devant la cour de l’Ain pour le meurtre de Victor Portalier, assassiné à Bénonces le 1er septembre 1895.
Le procès de Vacher s’ouvre le 26 octobre 1898 au palais de justice de Bourg. Le juge d’instruction, semble-t-il, n’y assista pas. La déposition de Lacassagne accable l’accusé dont la responsabilité ressort attestée malgré les efforts de la Défense qui cherche à en faire porter une partie au médecin responsable de sa remise en liberté après son séjour à l’asile de Saint-Robert. Le verdict, rendu à la fin de la journée du 28 est sans surprise : Vacher est reconnu responsable de l’assassinat de Victor Portalier avec les circonstances aggravantes de la préméditation. La sentence, soutenue par la jubilation de la foule présente, prévoit donc l’exécution de l’assassin.
Certains aliénistes français – parmi lesquels le docteur Toulouse, médecin aliéniste à l’hôpital Villejuif – font entendre des réserves quant aux conclusions de l’expertise psychiatrique rendu sur Vacher. Pour eux l’accusé présentait toutes les caractéristiques de la folie, et ce serait l’éventualité d’un simple internement en asile d’aliénés qui aurait convaincu les experts de le déclarer sain d’esprit et donc responsable de ses actes. Pour eux, il manque à l’arsenal juridique français un type d’établissement capable d’accueillir les aliénés meurtriers, un asile fermé où les aliénés dangereux pourront être traités sans présenter de menace pour la population.
Le 31 décembre au petit matin, sur la place du Champs-de-Mars à Bourg, Joseph Vacher est guillotiné par l’incontournable Louis Deibler, bourreau officiel – qui, pour cette occasion, a été tiré de sa retraite anticipée (pour cause d’hématophobie, ça ne s’invente pas !). L’affaire, qui pendant toute une année aura enflammé l’imagination des Français, va pratiquement s’éteindre en même temps que le Tueur de Bergers sur le Champ-de-Mars de la petite ville de l’Ain retombé bientôt à son anonymat. La révision du procès Dreyfuss est sur le point d’accaparer la Presse et les conversations, et le siècle qui se profile offrira au public de nouvelles – et nombreuses – occasions de plonger son regard au cœur du gouffre noir de l’âme humaine.
Bibliographie
- Joseph Vacher, l’éventreurde Emile Fourquet
- Vacher l’éventreur : archives d’un tueur en série sous la direction de Marc Renneville
- Vacher l’éventreur et les crimes sadiques du Dr Alexandre Lacassagne
- sur le catalogue de la bibliothèque
Partager cet article