Luttons contre les déchets électroniques et électriques !
Economie circulaire, sociale et solidaire en Auvergne Rhône-Alpes
Publié le 01/03/2021 à 08:00
- 12 min -
Modifié le 15/03/2021
par
Tarteàlacrème
Sommes-nous prêt.e.s à passer du sprint à l’endurance ? Et si la performance, c’était la durée plutôt que la vitesse et le débit ? Les objets électroniques sont certainement ceux que nous avons le plus de mal à penser réparables. Ils génèrent une multitude de dépendances qui sont justement un frein à l’acte de réparation. Car l’allié du réparateur, c’est tout de même le temps (et aussi la réflexion, l’ingéniosité) ! Alors, ceux qui s’efforcent de réparer ou faire réparer sont-ils des bisounours ? Pas si sûr : au prix des matières premières, ils sont des précurseurs. Pour s’engager de manière éthique dans cette transformation de l’économie, on plonge dans l’économie circulaire et l’économie sociale et solidaire. Mais qui sont ces défricheurs en Auvergne Rhône-Alpes ?
Commander et lire le numéro 141 de la revue L’Age de faire Résister à l’oppression du numérique
Si vous lisez ces lignes, vous êtes déjà au courant. La pollution générée par la fabrication des appareils électroniques est bien plus importante que celle de leur exploitation. Une multitude de minerais est utilisée pour leur fabrication. Des métaux rares dont certains à l’origine directe de conflits et guerres civiles : les minerais de conflits.
– Ingénieurs sans frontière : les composants d’un smartphone
– Ingénieurs sans frontière : les systèmes extractifs
– Société Européenne de Chimie : Les 90 éléments qui composent notre monde : disponibilité des éléments qui entrent dans la composition des smartphones
A lire :
– Pour les enfants (mais pas que) : Qu’y a-t-il dans ma tablette ? / Stéphanie Duval ; illustrations Matthias Malingrëy, 2020
Pour s’engager de manière éthique dans cette transformation de l’économie, on plonge dans l’économie circulaire et l’économie sociale et solidaire. Mais qui sont ces défricheurs en Auvergne Rhône-Alpes ?
L’économie circulaire en quelques liens
– Référentiel de l’économie circulaire
– Eclaira : le réseau de l’économie circulaire en Auvergne – Rhône-Alpes ; Bulletin Eclaira N°13 Le numérique, allié de l’économie circulaire ?
– Portail de l’économie Sociale et Solidaire en Auvergne Rhône-Alpes
– La maison de l’économie circulaire à Lyon
– Guide-pratique-economie-circulaire-10-questions
De nouvelles lois qui vont changer les règles
– La loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (voir le Plan gouvernemental économie circulaire (JO 11 février 2020) (texte de la loi)
– L’indice de réparabilité est entré en vigueur depuis le 1er janvier 2021. Cette note concerne les téléviseurs, les smartphones, les ordinateurs portables, les tondeuses à gazon et les lave-linge. Elle est attribuée en fonction de la documentation du fabricant, de la facilité à démonter, de la disponibilité et du prix des pièces détachées.
– Actualités Service public.fr
– Changements 1er janvier 2021
– Ministère de l’écologie présentation de l’indice de réparabilité
Les déchets d’équipements électriques et électroniques : les DEEE
Les équipements électroménagers type réfrigérateurs, lave-vaisselles, lave-linges contiennent des composants électriques et maintenant électroniques (technologies smarts). Voir Ces objets connectés qui vont changer votre vie Jérôme Colombain, Yasmina Lecomte & François Sorel (2015).
Il s’agit pour beaucoup d’ordinateurs fixes ou portables, smartphones, écrans, tablettes, micro-ondes équipements son… Les ampoules et panneaux photovoltaïques deviennent également des déchets électroniques en fin de vie.
Mais qu’est-ce-que la fin de vie d’un appareil électronique ? Comment ces objets sortent-ils de l’utilisation courante ? Entre leur fragilité et les mises à jour logicielles qui demandent de plus en plus de ressources, tout concourt à en changer, et vite. Certains sont obsolètes s’agissant de leur exploitation, d’autres sont physiquement dégradés. Comment lutter contre cette pollution ?
Mesurer notre impact
– ADEME : infographie équipements électroniques et électriques
– ADEME : La face cachée du numérique
– ADEME : Rapport 2019 équipements électroniques et électriques
– Ewaste : Déchets électroniques et électriques
– Reporterre : La folie du smartphone un poison pour la planète
Depuis le 1er janvier 2020, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et l’ADEME ont confié à l’agence régionale AURA-EE : Auvergne-Rhône-Alpes Énergie Environnement les missions de gestion et d’animation de l’observatoire régional des déchets SINDRA.
Changer l’économie
Avant qu’ils ne deviennent des DEEE, particuliers et entreprises (via la Responsabilité Sociétale et Environnementale) et collectivités peuvent agir. A ce problème global, il existe des solutions locales.
1. Acheter moins d’objets électroniques neufs
D’abord, ralentir le rythme ! Vous pensez que vous aurez l’air largué.e, ahuri.e sans les dernières infos ? Et si ça s’appelait faire une pause ? Et si nous en profitions pour repenser notre rapport au temps ? Nous serons forcément moins « smart ». Lire les articles sur l’Influx : Penser notre rapport au temps 1 et Penser notre rapport au temps 2
En achetant moins d’électronique neuf, le modèle économique des appareils pensés comme non durables sera revu par les constructeurs.
Voici une revue locale pour repenser notre mode de vie et notre impact : Les lucioles. (Revue consultable sur le blog et archivée à la Bibliothèque de Lyon). Le numéro 6 des Lucioles « La smart city ou la vi(lle) » inhumaine s’intéresse au collectif Les décâblés.
Pour moins acheter et consommer, nous pouvons rejoindre Zero déchet Lyon.
Consulter la revue L’Age de faire : écologie, citoyenneté, solidarité à la Bibliothèque municipale de Lyon.
> Acheter d’occasion, durable…louer (repenser son rapport au temps et à la propriété) ?
– Commown : pour louer un téléphone durable plutôt que le posséder ;
– L’entreprise Fairphone relayé par Envie : un téléphone portable qui tend vers un modèle éthique et durable. Donner son téléphone à cette entreprise pour le recycler.
– Why computing : des ordinateurs pensés pour durer ;
– Des ecolabels à connaître : EPEAT, TCO certified, Nordic ecolabel, Ange bleu. Voir sur Green IT.
A lire :
– La part commune : critique de la propriété privée / Pierre Crétois, 2020
– Peut-on vivre sans smartphone ? : manuel de vie pour utilisateurs de téléphones intelligents / texte Judith Aquien ; illustrations Quentin Vijoux, 2014
– J’arrête de surconsommer ! : 21 jours pour sauver la planète et mon compte en banque ! / Marie Lefèvre et Herveline Verbeken ; préface de Cyril Dion, 2017
– Revue Silence N° 476 – mars 2019, article “À Lyon, les nouveaux réseaux de la décroissance” in Décroissance, où en est-on ?
2. Réparer et réutiliser
> Alors, vous avez volontairement cassé votre smartphone pour tout arrêter…mais finalement vous en avez encore besoin ? Ou : vous l’avez fait tomber sur le carrelage de la cuisine ? Un smartphone, un ordinateur, peuvent se réparer !
– Des associations et des lieux
Réparer un objet électrique ou électronique n’est pas toujours économiquement rentable, mais c’est soutenable. Plus nous serons nombreux à réparer, plus les réparations seront facilitées et les constructeurs devront lutter contre des modèles économiques obsolescents.
L’économie circulaire, en pleine ébullition, donne naissance à de nombreuses initiatives, associations et entreprises. Toutes ont comme but de lutter contre les déchets électriques et électroniques, mais également de créer du lien, de transmettre les savoir-faire et de diffuser des connaissances techniques. La collaboration est un moyen pour mieux comprendre les technologies et de fait redonner de l’autonomie.
Pour les réparations d’objets électriques, le mouvement des Repair cafés est maintenant bien connu et a même son site dédié.
A Lyon, l’Atelier soudé est un organisme qui agit au niveau de réparations électriques et électroniques. L’Atelier soudé agit dans divers lieux : la MYNE à Villeurbanne, Le Croiseur (Lyon 7e)…
Avec Eisenia, l’Atelier soudé a créé le projet Linux et Populus (sur Facebook).
L’objectif est de récupérer des ordinateurs auprès de collectivités ou d’entreprises pour leur redonner une seconde vie. Ils sont remis en état et ensuite revendus à prix solidaire à des associations ou particuliers.
Ces deux associations travaillent à la sensibilisation autour des déchets.
– Les ateliers Ikona à Monchat proposent des formations aux technologies s’inscrivant dans une démarche éthique et écologique, s’opposant à l’obsolescence programmée et favorisant le développement durable (réparation, ateliers de bricolage, recyclage de matériel informatique…) (sur Facebook).
– Lyon Association Libre Informatique Solidaire (LALIS)
> Comprendre et devenir libre !
Un ordinateur qui ne peut plus être utilisé dans un bureau avec des logiciels propriétaires peut connaître une deuxième vie avec des logiciels libres, beaucoup moins gourmands en place. La low-tech est née ! Elle donne lieu à plus d’agilité, inventivité, créativité !
Les problèmes d’exploitation s’avèrent plus complexes avec les smartphones. Comme l’indique le Secrétaire général de l’association Framasoft (communauté dont le siège est à Lyon), Pierre-Yves Gosset : « Ce n’est pas difficile de concevoir un système mobile libre, mais quasi impossible de convaincre un grand industriel de livrer à bon prix un terminal sans y préinstaller Android ! » (L’Obs -site web- Economie, vendredi 10 mai 2019).
– La communauté Ifixit donne des informations sur la réparabilité des smartphones.
– PLOSS Auvergne Rhône-Alpes réunit les entrepreneurs du Logiciel Libre, de l’Open Source, les Entreprises du Numérique Libre (ENL) pour favoriser la ‘coopétition‘, développer, structurer et solidifier un écosystème dynamique
– Association Lyonnaise pour le Développement de l’Informatique Libre : présentation
A lire :
– Histoires et culture du libre. Des logiciels partagés aux licences échangées / Camille Paloque-Berges et Christophe Masutti, 2013
– Réparez vous-même vos appareils électroniques / Jean Boyer, 2018
– Du jetable au durable : en finir avec l’obsolescence programmée / Laetitia Vasseur, Samuel Sauvage, 2017
– Que faire des restes ? : le réemploi dans les sociétés d’accumulation / Nathalie Benelli, Delphine Corteel, Octave Debary, 2017
– ADEME : Longue vie aux objets
– Article Influx : Lyon et l’économie numérique
– Des réparateurs à Lyon : Mcarré, Pickly, Rep-it
– ADEME : Annuaire des réparateurs proche de chez vous
3. Donner à des reconditionneurs

Guide Anciela 2020-2021 : Agir à Lyon & ses alentours : pour une société écologiques & solidaire / Anciela
Le frein psychologique à l’acte de don des appareils électroniques comme ordinateurs et smartphones se situe probablement à l’endroit de la protection des données personnelles. Mais des acteurs de l’économie circulaire et pour certains sociaux et solidaires, assurent un reconditionnement sécurisé. L’inclusion numérique est au cœur de leur démarche, puis la lutte contre les déchets électroniques.
ENVIE est un acteur historique de la réparation en Auvergne Rhône-Alpes. Cette entreprise récupère des appareils électroménagers, les remet en état de fonctionnement pour les revendre à prix solidaire. Envie récupère également des écrans plats pour leur redonner une seconde vie.
Emmaüs connect est né à Lyon en 2013, tout d’abord pour procurer du matériel et une connexion à des personnes en ayant besoin. Puis un accompagnement à l’utilisation de ces outils a été mis en place pour travailler à l’inclusion numérique. Emmanüs connect a mis en place La collecte, pour recueillir des flottes d’ordinateurs d’entreprises.
Weeefund, fondé à Lyon souhaite offrir un ordinateur à des élèves en difficultés via le réemploi d’ordinateurs. Portrait de Cyprien Lefevre par l’Université de Lyon.
Quelques entreprises de l’économie sociale et solidaire signalées par Eclaira :
– Dans le Rhône, à Curis-au-Mont d’Or : Codeo et son projet
– En Isère, à Pont-Evêque, TRI-RA par Eclaira (historique de TRI-RA)
– En Isère, à Saint-Martin-le-Vinoux, AfB. Né en Allemagne, le groupe AfB est implanté à Annecy depuis 2012 « première SAS à but non lucratif dans le domaine de la revalorisation de parcs informatiques » ; « AfB est une entreprise solidaire à but non lucratif, dont l’objet est de donner une 2e vie au matériel informatique favorisant l’accès à un emploi durable pour des personnes en situation de handicap et le respect de l’environnement. ». Voir son projet.
– Dans l’Allier, à Creuzier-le-Vieux, Ecollecte
En Auvergne Rhône-Alpes, certains territoires s’organisent pour mutualiser les collectes de DEEE : c’est le cas de Centre’alp dans le bassin grenoblois : Centr’Alp par Eclaira. Projet d’ écologie industrielle à Centr’alp collecte de DEEE Ecologie Industrielle Territoriale.
Dans l’Ain, à Château-Gaillard, REI Industry (Recyclage et Commerce d’Equipements Industriels) est une entreprise qui travaille à la collecte d’équipements industriels : portrait par Eclaira.
La région Auvergne Rhône-Alpes a mis en place des aides pour la création de ressourceries par les collectivités. La Métropole de Lyon regroupe sur cette page les donneries.
Une association nationale d’entrepreneurs sensibles au réemploi : APRÈS, l’Association des Professionnels du Réemploi des Equipements et Services : présentation.
Enfin, à Bretignolles, dans le département des Deux-Sèvres, l’entreprise Les ateliers du Bocage est un acteur national du secteur du reconditionnement et recyclage des DEEE.
4. Recycler
En fin de compte, le démantèlement et le recyclage interviennent comme les dernières possibilités. Les DEEE font partie d’une filière à REP : Responsabilité Elargie du producteur (Ministère de l’Ecologie). Celle-ci a pour objectif de responsabiliser le producteur initial, le fabricant du produit, quant à la fin de vie de celui-ci. L’éco-participation est un coût que le consommateur assume : celle-ci finance directement les organismes qui recyclent les DEEE (Ecosystem, Ecologic, ERP). Les filières à REP en Auvergne Rhône-Alpes.
Sur le portail du SINDRA, il est possible de trouver les solutions de collecte de recyclage locales.
ADEME : qu’est-ce qu’une Analyse de cycle de vie ?
ADEME : Analyse du Cycle de Vie d’un téléphone portable
Avis du Comité pour les Métaux stratégiques sur le recyclage des cartes électroniques de Juin 2020
Les minerais destinés à fabriquer les appareils électroniques sont extraits dans des conditions néfastes pour l’homme et son environnement. Mais ce n’est pas tout : une fois devenus DEEE, une part d’entre eux est réexportée et pollue a nouveau, loin d’Europe. Voir Déchets électroniques : le grand détournement (Maximal production).
Des solutions résident dans la révision des modèles économiques de conception et de consommation. Nous pouvons nous en faire les relais !
A lire :
– Responsabiliser pour transformer : des déchets aux mines urbaines / Helen Micheaux, 2019
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