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“Le Progrès” en ligne [2/3]

- temps de lecture approximatif de 10 minutes 10 min - Modifié le 14/01/2025 par prassaert

Titre emblématique de la presse quotidienne lyonnaise, "Le Progrès de Lyon" est désormais accessible, par tous et à distance, sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France. A l'heure où la Bibliothèque de Lyon numérise un siècle de presse, il est temps de revenir brièvement sur les grands et petits faits qui ont marqués la vie du journal. Une histoire vieille de 165 ans...


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Le Progrès, 165 ans d’histoire(s)

 

I. 1859-1880. – J.-F. Chanoine, propriétaire-gérant.

Le 12 décembre 1859, Jean-François Chanoine (1808-1864), maître imprimeur lyonnais, fait paraître le premier numéro du Progrès de Lyon, imprimé dans les sous-sols de l’hospice de la Charité, lui-même situé entre la place Bellecour et le Rhône, sur l’emplacement de l’actuelle place Antonin-Poncet. Avec un tirage évalué à un millier d’exemplaires de 4 pages, le nouveau titre doit affronter dès sa naissance la concurrence de trois grands quotidiens lyonnais : Le Courrier de Lyon (1832-1901), Le Moniteur Judiciaire (1837-1955) et Le Salut Public (1848-1944).

Progrès de Lyon, 12 décembre 1859.

1862, 24 juin et 28 juillet. – Claude-Marius Vaïsse, sénateur, préfet de département et maire de Lyon, donne au journal ses deux premiers avertissements à propos d’articles hostiles à la guerre du Mexique au lendemain du combat de Camerone, au motif de “Propagation de fausses nouvelles ayant pour but de jeter la déconsidération sur le gouvernement impérial.” (cf. insertion de la condamnation, Le Progrès de Lyon, 25 juin 1862 et 30 juillet 1862).

1863, 30 novembre. – Un arrêté ordonne la suspension de la publication pour une durée de deux mois, entre le 2 décembre 1863 et le 31 mars 1864, en raison d’un article attaquant “les mœurs politiques et les pratiques électorales” (Le Progrès de Lyon, 1er décembre 1863).

1864, 4 juin. – Nouvel arrêté de suspension pour une durée de deux mois, du 6 juin au 4 août 1864, pour un article reprochant un acte de cruauté au maréchal Pélissier (Le Progrès de Lyon, 5 juin 1864).

1864, 20 décembre. – Mort de Jean-François Chanoine. Son épouse, Anthelmette (1804-1880), devient seule propriétaire et gérante du Progrès sous la signature “Veuve Chanoine”.

1867, novembre. – Le journal lance une pétition en faveur de “l’affranchissement de Lyon, privé du droit d’élire son conseil municipal depuis 1852”. Le 20 novembre, le directeur du journal comparait en correctionnelle pour avoir publié “une fausse nouvelle” à propos de l’intervention du gouvernement impérial dans les affaires italiennes. Il est condamné à une amende de 200 francs or (Le Progrès de Lyon, 21 novembre 1867).

1868, novembre. – Le Progrès se rallie à l’ouverture d’une souscription pour élever un monument à Alphonse Baudin, le député de l’Ain tombé sur une barricade parisienne alors qu’il s’opposait au coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte du 2 décembre 1851. La souscription est rapidement interdite (Le Progrès de Lyon, 17 novembre 1868).

1873. – Le journal s’en prend à “l’ordre moral” lancé par Mac Mahon. Après avoir soutenu Thiers, il le traite d’usurpateur et l’accuse du crime de “lèse-nation” (26 mai 1873). La vente de la publication est interdite sur la voie publique. Ses dirigeants sont cités en justice pour avoir attaqué les droits de l’Assemblée. Le rédacteur en chef est condamné à trois mois de prison et à 500 francs d’amende, le gérant à trois mois de prison et à 2500 francs d’amende, l’imprimeur à 2000 francs d’amende. Le journal est suspendu pour une durée de deux mois, du 12 juillet au 11 septembre.

II. 1880-1897. – Léon Delaroche (1837-1897), propriétaire-gérant.

Au décès d’Anthelmette Chanoine le 22 mars 1880, Léon Delaroche (1837-1897), parisien d’origine, rachète le journal. Son nom apparaît pour la première fois comme administrateur sur la manchette de l’édition datée du 2 août 1880. Il s’attachera à moderniser et développer le quotidien. Le tirage est alors de l’ordre de 5000 exemplaires.

1881. – En faisant passer le prix du Progrès de 15 à 10 centimes le 1er mars 1881, puis rapidement à 5 centimes à partir du 20 avril 1881, Léon Delaroche en fait un journal populaire qui va rayonner dans les départements. Les résultats ne se font pas attendre ; le tirage est décuplé en trois mois.

1888-1894. – Le Progrès de Lyon tire à 100 000 exemplaires. Il mène campagne contre le boulangisme et dénonce le scandale de Panama.

1890-1905. – Création du supplément dominical, Le Progrès illustré, dont le premier numéro parait le 21 décembre 1890. Il ne coûte qu’un sou et son tirage atteindra 90 000 exemplaires. Le succès est immédiat notamment grâce aux croquis de Gustave Girrane (1865-1922) qui s’attache à reproduire par la gravure la physionomie des vieux quartiers de Lyon et des communes alentours. Depuis 1885, le journal tire de son côté de trois à quatre éditions quotidiennes, distribuées en région lyonnaise et dans les départements.

Progrès illustré, 2 déc. 1890.

1895, 4 avril. – Inauguration du nouvel hôtel du Progrès dans les locaux de l’ancien Théâtre Bellecour, 85, rue de la République (actuelle FNAC Bellecour). Les imprimeries s’installent en sous-sol avec entrée sur la rue Bellecordière, à l’arrière du bâtiment, où se situent également les imprimeries de son principal concurrent, le Lyon républicain. L’entrée publique sur la rue de la République est quant à elle précédée d’un immense “hall des dépêches” qui va jouer un rôle important dans la communication du journal auprès de ses lecteurs. Jusqu’aux années 1980, il sert à la fois de hall de réception, de “salle des dépêches” et de lieu d’exposition, notamment des innovations du moment (théâtrophone, kinétoscope d’Edison, etc.). Progressivement on y expose dessins, gravures, puis photographies en lien avec l’actualité. Par la suite, on y projette également de courts films ou les informations télévisées.

Une du Progrès, 5 avril 1895.

1895, 27 août. – Lors d’un banquet privé, le Progrès fête pour la première fois son “centième mille”, autrement dit les 100 000 exemplaires vendus en une journée.

III. 1897-1940. – Léon Delaroche (1877-1940), propriétaire-gérant.

A la fin du XIXe siècle, Le Progrès est désormais le premier journal de Lyon, mais il doit encore faire face jusqu’à la Seconde Guerre mondiale à des concurrents de taille : Le Salut Public, organe de la bourgeoisie lyonnaise et doyen de la presse quotidienne lyonnaise, le très catholique Nouvelliste de Lyon fondé par Joseph Rambaud en 1879, et Le Lyon républicain des frères Auguste et Prosper Ferrouillat, son concurrent direct depuis 1878. Ceci sans compter leurs éventuelles éditions du soir apparues dans l’entre-deux-guerres tels que le Lyon-Soir ou Le Soir de Lyon, dernières éditions respectives du Salut Public et du Lyon républicain, ni même les quelques titres qui n’ont pas réussi à survivre (L’Express de Lyon, La Dépêche de Lyon, Le Sud-Est républicain ou Le Nouveau Journal).

1897, 11 novembre. – Mort de Léon Delaroche. Sa veuve Henriette (1843-1903), lui succède quelques années, avant que son neveu, également prénommé Léon et donc homonyme parfait de son oncle, ne reprenne la direction du journal et de sa grande imprimerie commerciale jusqu’à son propre décès en 1940.

1899. – Le Progrès prend parti pour Dreyfus. Dès qu’éclate l’affaire, il écrit : “Une nation ne peut vivre en paix quand la justice est violée.” (Le Progrès de Lyon, 10 septembre 1899).

1902, 26 décembre. – Pour la première fois, le Progrès fête son “deux centième mille”, plus fort tirage atteint par un journal de province à ce jour (Le Progrès de Lyon, 26 décembre 1902).

1907, 2 mars. – Création de la chronique féminine hebdomadaire introduite par ces termes : “Soucieux toujours de plaire à nos aimables lectrices, nous publierons désormais, régulièrement chaque semaine, le samedi, une chronique illustrée de La vie féminine. Sous ce titre, nos charmantes lectrices trouveront les indications les plus précises sur la mode à Paris, de ravissantes figurines leur montreront les robes et les chapeaux les plus nouveaux et des notes d’élégance complèteront cet ensemble par des renseignements précieux sur ces mille petits riens, qui permettent à une femme de rendre plus agréable le foyer familial” (Le Progrès de Lyon, 2 mars 1907).

1913. – Publication du premier article sur la vie économique.

1936. – Le journal prend position contre le franquisme. Mais il adoptera une attitude très nuancée à l’égard du Front populaire.

1939. – A la veille de la Seconde Guerre mondiale, le tirage est de 300 000 exemplaires.


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