NUMÉRIQUE
“Le Progrès” en ligne [1/3]
Publié le 25/10/2024 à 12:18 - 6 min - par prassaert
Titre emblématique de la presse quotidienne lyonnaise, "Le Progrès de Lyon" est désormais accessible, par tous et à distance, sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France. A l'heure où la Bibliothèque de Lyon numérise un siècle de presse, il est temps de revenir brièvement sur les grands et petits faits qui ont marqués la vie du journal. Une histoire vieille de 165 ans...
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La collection “patrimoniale” du Progrès
En juillet 1990, la Bibliothèque municipale de Lyon accueillait la collection complète du Progrès de Lyon au terme d’une convention liant la Ville de Lyon et la direction du quotidien. Outre ses multiples éditions locales, dont celles couvrant bien sûr les huit départements de l’ancienne région Rhône-Alpes, ce dépôt comprenait également son éphémère supplément dominical, Le Progrès illustré (1890-1905), ainsi que les divers titres satellites publiés par Delaroche S.A., société éditrice du Progrès, au temps de sa grande expansion dans les années d’après-guerre.
Parmi ceux-ci on signalera notamment Le Progrès Sprint et Le Progrès Soir, Le Progrès savoyard et Le Progrès dauphinois, La Tribune et L’Espoir, diffusés sur la région stéphanoise, ou bien encore Le Progrès Dimanche, son édition du “7e jour”. Jusqu’alors stockés à Villefranche-sur-Saône, ce sont ainsi des milliers de volumes représentant 130 ans d’informations publiées quotidiennement depuis la création du journal en décembre 1859 qui sont déposés à l’abri des dégradations du temps au 16e étage du silo de conservation de la Bibliothèque de la Part-Dieu spécialement aménagé à cette occasion.
Nul ne le contestera, il s’agit là d’un véritable trésor, pour le moins ce qu’il est convenu d’appeler un “fleuron” parmi les collections régionales de la Bibliothèque de Lyon. De ce point de vue, les chiffres donneraient presque le vertige. Imaginez donc : 6295 épais volumes garnissant les centaines de rayonnages de quelques 352 armoires métalliques pour un total de 470 mètres linéaires, soit un demi étage sur les dix-sept niveaux que comptent les réserves de la Bibliothèque de la Part-Dieu. Des volumes qui, s’il fallait les empiler les uns sur les autres, atteindraient une hauteur deux fois et demie supérieure à celle de la tour du Crédit lyonnais ou un monument de papier bien plus important que la tour Eiffel…
Cette collection de référence que des générations de bibliothécaires ont longtemps considéré comme la collection patrimoniale du Progrès, plus ancien et dernier survivant d’une presse quotidienne lyonnaise jadis florissante, est longtemps restée invisible et inaccessible au public, en particulier aux Lyonnais. Il faut dire qu’au moment de son dépôt en 1990, la Bibliothèque possédait déjà la collection presque complète de l’édition lyonnaise du grand quotidien. Une édition très largement communiquée aux lecteurs pour leur information ou leurs recherches personnelles, mais sous une forme microfilmée, à laquelle il convient également d’ajouter les diverses éditions locales conservées par la Bibliothèque de Lyon au titre du dépôt légal imprimeur depuis 1943.
Un projet de numérisation hors normes
À l’aube des années 2020, la Bibliothèque de Lyon se lance donc dans un projet titanesque, l’un de ceux en tous les cas que l’on aimerait voir plus souvent : la numérisation d’environ un siècle de presse quotidienne, toutes éditions confondues mais sur une période pour l’instant limitée jusqu’en 1957 en raison de questions relatives au respect du droit d’auteur. Avec l’aide de sa partenaire, la Bibliothèque nationale de France, et l’accord de la direction du journal, le groupe de presse EBRA, ce sont ainsi des milliers de volumes de cette collection dite “patrimoniale” qui s’apprêtent à prendre la route, en plusieurs lots, vers un centre de numérisation situé en région parisienne.
On s’en doute, ce projet d’exception aura au préalable nécessité un long et fastidieux chantier de récolement pour les équipes de la documentation régionale de la Bibliothèque de la Part-Dieu. Un travail préparatoire inévitable et indispensable, allant de la vérification des volumes et des reliures au comptage du nombre de feuillets dans chacune des éditions concernées, en passant par le repérage des éventuelles lacunes (éditions absentes, grèves des ouvriers du livre ou interdictions de parution).
Lancé en 2021, ce projet est planifié sur une huitaine d’années. À ce jour, 61 années – soit 71 567 numéros, si l’on compte toutes les éditions locales émises dans les départements – sont dès à présent disponibles sur Gallica. Ce premier corpus sera progressivement alimenté, au fil du temps, selon un rythme irrégulier et dans un ordre aléatoire et dispersé, jusqu’en 2029. À terme, ce seront 260 000 numéros, soit 1 685 000 pages qui seront numérisées, ocerisées et publiées sur Gallica.
Dans l’immédiat, une extrême prudence devra cependant être observée lors de la consultation de ce titre de presse en ligne, au moins jusqu’à l’achèvement définitif du projet. De la numérisation de chacune des pages en mode image à leur océrisation (reconnaissance optique des caractères), jusqu’à la mise en ligne de chacun des feuillets, ce chantier ne peut en effet se concevoir que par étapes. Ceci expliquera notamment que des volumes figurant déjà sur Gallica ne soient pas actuellement éligibles à une recherche textuelle. Il faudra donc se contenter d’une numérisation en mode image dans un premier temps.
Des derniers soubresauts du Second Empire à la mort du maire Édouard Herriot, les Rhônalpins – et tous les autres ! – peuvent désormais parcourir les premiers résultats de ce chantier hors normes qui, par son importance et sa volumétrie, ne connait guère d’équivalent en France. Voici en tous les cas de quoi rassasier l’appétit des étudiants et des chercheurs, des historiens et des généalogistes, et au-delà des nombreux curieux d’une histoire régionale en constant renouvellement.
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