Papillons de nuit
Jane Hennigan
lu, vu, entendu par lducy - le 09/01/2024
« Ces histoires, qu'on ne pouvait comprendre qu'en ayant été là, nous les conservions, nous les accumulions, nous ne nous permettions d'en regarder qu'une bribe à la fois. »
Lorsqu’une nouvelle espèce de papillons de nuit apparaît, tous les hommes se transforment en meurtriers sanguinaires ou meurent subitement à leur contact. Avec toute une partie de la population qui n’est plus capable d’assurer ses fonctions, la société se retrouve obligée d’évoluer. Après plusieurs décennies, rares sont celles qui se souviennent de l’époque avant le changement. Les femmes ont toujours vécu dans une société dirigée par des femmes et ne craignent plus les hommes. Seules les personnes âgées se souviennent encore de la société d’avant, comme Mary dont le travail est de s’occuper des hommes dans les instituts. Cette dernière devra faire un choix difficile, pouvant remettre en question tout le fonctionnement de la société dans laquelle elle vit.
Ce roman s’inscrit dans la mode du genre apocalyptique/post-apocalyptique épidémique qui a suivi l’apparition du coronavirus (il est d’ailleurs fait référence audit virus dans ce roman). Cependant, Papillons de nuit parvient à trouver une forme d’originalité en ne se concentrant pas seulement sur le virus mais également sur la mémoire des victimes. En effet, une grande partie des chapitres sont consacrés aux souvenirs de Mary et d’Olivia, deux femmes qui ont toutes deux vécu l’épidémie. Ainsi, il est intéressant de voir comment plus le temps passe, plus la mémoire collective oublie ou se désintéresse de ce qui a pu être vécu alors que des personnes encore bien vivantes s’en souviennent.
Il est aussi intéressant de voir comment la société fonctionne en l’absence d’homme. C’est autant un point positif pour le roman qu’un point négatif ! Autant il est appréciable de voir comment la société fonctionne gouvernée par des femmes, et comment celle-ci a changé entre la période du changement et actuelle, autant l’autrice s’est ouverte à un champ des possibles sans l’effleurer… La misogynie des hommes n’est plus un problème pour les femmes, celles-ci ne se rendent même pas compte qu’elle avait pu être un problème tellement les hommes ne représentent plus une menace. Cependant, l’autrice parle de ces sujets sans véritablement prendre position, et lance des sujets comme la transidentité sans véritablement y refaire référence plus loin. Dans l’ensemble, ce roman représente une lecture divertissante qui aborde des sujets intéressants. L’autrice a même annoncé un deuxième tome qui se centrerait spécifiquement sur cette inversion de pouvoirs hommes/femmes qui lieu dans Papillons de nuit. A voir si cela complètera correctement l’histoire qui malgré ses forts points positifs, retombe parfois un peu à plat.
Voir dans le catalogue de la BML
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