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Moi, les hommes je les déteste

Pauline Harmange

Contrairement à ce qu'en disent ses détracteurs, ce petit manifeste de Pauline Harmange n'est pas un déversoir de haine ou une mise au pilori gratuite et facile de la gent masculine. L'autrice explique de façon caustique sa misandrie. Et surtout comment et pourquoi elle peut se justifier aujourd'hui. Il faut retenir que cela n'a strictement aucun rapport avec la misogynie : la misandrie n'a jamais tué personne, alors que la misogynie tue, tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes.

Comment concilier le fait d’être en couple avec un homme et être une féministe au fait de toutes les injustices perpétuées par les hommes ? Comment ne pas être en colère lorsque l’on se fait rabrouer si on ne rentre pas dans des cases, dans des standards qui sont systématiquement établis par des hommes, toujours en défaveur des femmes ? Comment ne pas se hérisser en constatant, chaque jour, au vu des chiffres des féminicides, des viols, des agressions de toute nature, combien les hommes détestent les femmes, et particulièrement celles qui ne combleraient pas leurs attentes, combien la seule mention du titre de ce livre peut les gêner davantage que tout ce qu’ils leur font subir ? Il y avait peut-être de quoi titrer, avec une insolence bienvenue, cet ouvrage, qui explique la position des féministes radicales, et exprime avec verve la dualité de la sphère intime et de la sphère politique, qui se rejoignent finalement.

Cet ouvrage, à l’opposé de ce qu’on en pense, n’évoque pas essentiellement des hommes. Il parle aussi – et surtout – des femmes. De leur sororité, de leurs batailles, de leur humour, de leur créativité face à l’oppression systémique qu’elles vivent quotidiennement. Il évoque tout ce qui leur reste pour lutter contre un système qui s’est érigé depuis des siècles contre elles. Pauline nous donne envie de suivre ce conseil bienfaiteur, qui lui est inspiré par Sarah Hagi : « Aie la confiance d’un homme blanc médiocre. » C’est à dire une estime de soi démesurée, que nous sommes obligées d’arracher à ceux qui en ont hérité sans la mériter. Détester les hommes, non pas en tant qu’individus, mais en tant que groupe politique, social, économique, en rire, y réfléchir, exister sans eux, et enfin être libre des diktats qu’ils nous imposent : c’est le cadeau salvateur que nous offre ce livre, piquant et caustique.

Voir dans le catalogue de la BML

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