Circé
Madeleine Miller
lu, vu, entendu par Mad - le 10/02/2024
Une fresque antique revisitée et modernisée avec une grâce sulfureuse et une puissance littéraire remarquable : des milliers d'années défilent sous nos yeux, vécus par la narratrice de l'histoire, la fameuse Circé, rendue célèbre grâce à l'Odyssée d'un héros troyen. Madeline Miller rend enfin justice à l'enchanteresse grecque en la plaçant sur le devant de sa scène, et nourrit l'imaginaire de ses lecteurs et lectrices en dessinant un univers épique et dangereux, fantastique et impitoyable, où la liberté s'acquiert toujours au prix fort.
Circé, John Waterhouse, 1891
Circé est un personnage mythologique sur lesquels sont projetés beaucoup de fantasmes, négatifs ou positifs. En cette période de réappropriation du terme – et du thème – de la sorcière, la figure de la sulfureuse enchanteresse colportée par les auteurs depuis des éons évolue, s’affine et se développe.
Madeline Miller la place au centre d’une restitution passionnante et façonne Circé en héroïne faillible, mal aimée, déclassée mais toujours fière, obstinée et volontaire, en laquelle chacune peut s’identifier. Mal dégrossie, ignorante et gauche, on suit l’évolution de la nymphe à mesure qu’elle progresse et toutes les femmes semblent alors l’accompagner, jusqu’à ce qu’elle devienne cette créature puissante et formidablement libre, malgré le monde des Dieux et des Hommes qui tentent désespérément de la contraindre.
L’autrice arrive à nous offrir un précepte de vie à travers le parcours d’une immortelle, un exemple de résilience grâce au bannissement d’une éternelle paria, et une belle leçon de sororité avec les liens que tisseront deux femmes que tout aurait dû opposer.
Une fresque émouvante et forte, à lire et à relire, et qui donne envie de se plonger dans Homère ou dans Eschyle.
De la même autrice, un roman mythologique passionnant également : Le chant d’Achille.
Voir dans le catalogue de la BML
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