Julien Guinand. Église baptiste de Nachikatsuura ; préfecture de Wakayama, péninsule de Kii, 2017. Série Two mountains
Publié le 13/01/2021 à 16:52 - 1 min - Modifié le 09/03/2021 par ycadet
"[…]représenter les forces revient à inventer l'image de ce qui s'éprouve sans se voir" Michel Poivert
Pour répondre aux risques naturels auxquelles ils sont soumis en permanences, les japonais ont développé des techniques de stabilisation des sols qui ont imposé partout dans le paysage la présence du béton. Cette photographie de Julien Guinand prise à Nachi Katsuura, petite commune située dans une région riche en patrimoine culturel et naturel et qui a subi le passage d’un typhon dévastateur par le passé, montre à quel point ces ouvrages mis en place pour répondre aux catastrophes font partie du quotidien des habitants.
Qu’il soit soumis au processus de transformation et de dégradation de l’érosion ou à la puissance des catastrophes naturelles le relief se présente comme une menace permanente. Pour y faire face l’homme choisit de modifier le paysage entrainant des transformations radicales des espaces extérieurs. Derrière des bâtiments, une église et une maison, s’élève une colline recouverte par une armature en béton. Celle-ci épouse à la fois le relief qu’elle retient comme le ferait une camisole de force et l’image que restituerait un miroir déformé : l’envers du décor
Dans les photographies de ses séries précédentes le photographe suggérait déjà une fiction sous-jacente, laissant deviner les tensions et les forces en jeu. Ici l’image atteste de manière presque banale, tranquille, la force latente d’une catastrophe, menace potentielle que l’ouvrage en béton est chargé d’empêcher de se produire ou de se reproduire. Ainsi entre le calme apparent émanant du lieu photographié et l’énergie dévastatrice des éléments que cache dans le décor, l’ouvrage humain, une tension s’instaure entre l’artificiel et la nature, entre le visible et l’invisible.
L’œuvre sera bientôt disponible au prêt à l’artothèque.
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