Le syndrome du stress post-traumatique

- temps de lecture approximatif de 11 minutes 11 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

Le "Syndrome post traumatique" appelé aussi "Trouble du stress post traumatique" est un mal (parfois invisible) qui touche bon nombre de personnes victimes de la guerre, d'attentats, d'actes de violence divers, de catastrophes, etc. Les conséquences ont souvent des effets à long terme dans le psychisme et le physique du sujet victime : dépression, phobies, troubles de la personnalité et du comportement, idées suicidaires, isolement social, abus d'alcool, de drogues, etc. Comment peut-on définir ces traumatismes ? Comment peuvent-ils être diagnostiqués et pris en charge par la société ?

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“Syndrome post traumatique”, “traumatismes psychiques”, “psycho-traumatisme”, “trouble du stress post-traumatique”, autant de termes pour définir des maux peu connus du grand public et souvent mal diagnostiqués. Pourtant, bon nombre de personnes vivent au quotidien des formes plus ou moins prononcées de ces pathologies qui font de leur vie un enfer. Il s’agit de troubles provoqués accidentellement par un agent extérieur au sujet : agression, actes de violence, catastrophe, blessure affective, stress prolongé peuvent provoquer des crises d’angoisse, des états de confusion. Comment peut-on définir ces “blessures invisibles” ? Comment sont-elles diagnostiquées ? Dans quel contexte, une pathologie si peu prise en considération par les pouvoirs publics, à travers le monde, peut-elle être prise en charge ?


Illustration Tardi, Voyage au bout de la nuit de L.F. Céline

L’homme à l’épreuve de l’Histoire : un siècle de traumatismes
Des blessures invisibles
Une réelle prise en charge existe-t-elle ?

L’homme à l’épreuve de l’Histoire : un siècle de traumatismes

Le XXe siècle fut une période de haine et de sauvagerie sans commune mesure. Guerres mondiales, destruction, génocides (horreur des camps nazis, régime de Pol Pot au Cambodge, guerre ethniques en ex-Yougoslavie, génocide arménien, rwandais…), catastrophes naturelles, ont provoqués des traumatismes violents pour bon nombre de rescapés civils et militaires : souvenirs obsédants, visions hallucinées, cauchemars, accès d’étrangeté et d’angoisse, sentiment d’insécurité, peur phobique de tout ce qui rappelle la guerre ou la violence, impression d’être incompris, irritabilité et tendance au repli sur soi…
Une catastrophe est, d’après l’OMS, un événement qui perturbe les conditions normales d’existence et provoque des souffrances qui dépassent la capacité d’adaptation de la communauté touchée. C’est aussi une grave interruption de fonctionnement d’une société causant des pertes humaines, matérielles ou environnementales étendues que la société affectée ne peut surmonter avec ses seules ressources propres.

Le traumatisme est un événement subi par un sujet qui ressent une très vive atteinte affective et émotionnelle, mettant en jeu son équilibre psychologique
Le syndrome post-traumatique recouvre l’ensemble des troubles observés chez certains patients à la suite d’un accident, en l’absence de toute cause organique.
On parle de syndrome de stress post-traumatique lorsque les symptômes durent plus d’un mois (ils débutent souvent plusieurs semaines après l’événement). La durée des troubles peut se limiter à quelques mois, ou être beaucoup plus long jusqu’à devenir chronique.
Il s’agit d’une forme de trouble anxieux qui fait suite à un événement particulièrement traumatisant sur le plan psychologique : attentats, bombardements, accidents graves, catastrophes, violences physiques, viols… La personne qui présente le tableau de stress post-traumatique peut être la victime elle-même de l’événement. Elle peut être le témoin d’un accident survenu à un proche, ou d’une catastrophe ayant concerné de nombreuses victimes.

Au départ, les travaux sur le syndrome du stress post-traumatique, ou trouble psychotraumatique, se concentrent uniquement sur les vétérans de guerre, puis un peu plus tard, dans les années 80 sur des personnes victimes de catastrophe collective ponctuelle.
Nos sociétés évoluent et la possibilité d’être confronté à un événement traumatique augmente.

Quelques statistiques :

  • 75,5% des victimes des attentats de Paris en 1995 sont toujours atteints d’un stress post-traumatique 2 ans et demie après ;
  • 44% d’américains très indirectement exposés aux attentats du 11 septembre 2001 sont touchés par le STP 7 jours après ;
  • 86% des populations de réfugiés cambodgiens et 75% des bosniaques sont concernés ;
  • En France, environ 30 000 personnes au minimum (juste pour les accidents de la voie publique) souffriraient donc d’un SPT chaque année. Cela touche 60 à 80% des personnes violées, 45,5% des personnes hospitalisées en urgence suite à l’accident d’AZF cinq à dix semaines après l’explosion.

(Sources : Doctissimo ; Petit Larousse de la médecine, 2004 ; Dictionnaire petit Larousse de la psychologie, 2005 ;site de l’OMS)

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Psycho-traumatologie, ed.Dunod, 2013

Un outil synthétique qui présente la psychotraumatologie en 45 notions clés : les traumatismes psychiques, leur cause et leur prise en charge, les bases théoriques, les techniques thérapeutiques et la clinique.


expé
L’expérience inoubliable, ed.BPI, 2007 (DVD)

Document sur le syndrome post-traumatique qui frappe des individus ayant frôlé la mort. Le film est illustré par des images d’archives, provenant notamment d’hôpitaux militaires, et rassemble à la fois des témoignages de victimes et des entretiens avec des neuropsychiatres et des neurobiologistes.

L’effroi des hommes, ed.ADAV, 2005 (DVD)

Certains ont fait la guerre, celle d’Algérie ou du Viêtnam, d’autres ont été victimes d’attentats, d’agressions ou de catastrophes naturelles, mais tous ont été confrontés brutalement à l’imminence de leur propre mort ou de celle d’autrui. Dix ans, trente ans après le drame qui a brisé leur vie, ils se repassent encore et encore dans leurs nuits d’insomnie le film obsédant de leur tragédie.

Ces blessures invisibles : quand la vie est un enfer

Le mécanisme du syndrome post-traumatique

Le professeur Louis Crocq, psychiatre spécialiste des névroses de guerre et des réactions des populations bombardées, est l’initiateur des cellules d’urgence médico-psychologiques prenant en charge les victimes d’attentats, d’accidents ou de catastrophes naturelles.
Selon lui, ce traumatisme se définit “comme un événement violent et brutal faisant irruption dans la vie d’un individu. La victime est complètement débordée face à l’événement, ses défenses psychologiques sont anéanties”. “Pour les rescapés, la symptomatologie post-traumatique se décompose en trois périodes”, indique l’expert : la réaction immédiate, le temps de latence puis les réactions tardives, qui constituent le syndrome post traumatique proprement dit.


trauma guerre
Les traumatismes psychiques de guerre, ed.O. Jacob, 1999

Sursauts, angoisse, souvenirs obsédants, visions hallucinées, cauchemars, repli sur soi : tels sont les principaux symptômes dont souffrent tous ceux qui ont vécu l’enfer de la guerre.
Pour les combattants comme pour les civils se pose alors la question : peut-on oublier ? Peut-on guérir des violences psychiques de la guerre ? Et comment ? Parvenir à parler authentiquement de cette indicible expérience, n’est-ce pas l’unique solution permettant de l’assumer pleinement et de trouver, enfin, l’apaisement ?


psychopatho
Psychopathologie des violences collectives, ed. O. Jacob, 2007

Les violences collectives créent des traumatismes psychiques chez les populations impliquées. L’auteure a créé une nouvelle discipline, la psychologie géopolitique, pour prendre en charge cet aspect des relations internationales. Elle décrit comment les traumatismes sont perpétrés intentionnellement et comment l’histoire s’inscrit dans le destin individuel, et présente des traitements.



empire
L’empire du traumatisme, ed.Flammarion, 2007

Les auteurs, qui ont enquêté sur la genèse, l’expansion et les multiples usages du traumatisme, en explorent trois développements emblématiques : la victimologie psychiatrique, dans les suites de l’explosion de l’usine AZF, à Toulouse ; la psychiatrie humanitaire, présente dans les territoires palestiniens durant la seconde Intifada ; la psychotraumatologie de l’exil, au sein des associations œuvrant auprès des demandeurs d’asile. Ils décrivent ainsi trois politiques – de la réparation, du témoignage et de la preuve – dans lesquelles le traumatisme est moins une donnée psychologique qu’une ressource sociale ambiguë. S’il permet de défendre des causes, de revendiquer des droits, de justifier des actions publiques, il conduit aussi à exclure des groupes humains, à occulter des inégalités sociales et à produire de nouvelles hiérarchies d’humanité.

Une réelle prise en charge existe-t-elle ?

Un coût social et médical

Les conséquences du psychotraumatisme sont à long terme très lourdes :

  • Troubles anxieux, phobiques, paniques et dépression (60% durant le premier trimestre après l’évènement et même encore 3 ans après) ;
  • modifications de personnalité : Sentiment de culpabilité, dysfonctionnement sexuel, colère ;
  • Le SPT multiplie par 4 le risque d’abus d’alcool et de tranquillisants ;
  • Idées suicidaires et suicide : augmentation importante du taux de suicide (4 fois plus de tentative de suicide et 7 fois plus de mort par suicide) jusqu’à plusieurs années après l’événement traumatique ;
  • Incapacité à travailler ou perte d’emploi en raison de pertes de mémoire, de difficulté de concentration, d’absentéisme non justifié, pour la plupart des personnes ;
  • Douleurs de la sphère digestives, cardio-vasculaires, gynécologiques, maux de tête, vertiges ;
  • Fibromyalgie ;
  • Préjudice social et familial : difficultés relationnelles et méfiance vis-à-vis de l’entourage qui aboutit à l’isolement. Séparations et divorces fréquents augmentant l’isolement des personnes et ajoutant des difficultés financières supplémentaires, relations altérées avec les enfants ;
  • Problèmes d’impulsivité et de fonctionnement quotidien : changements brusques d’emploi, de lieu de résidence, de mode de vie.

Le traitement du syndrome de stress post-traumatique : l’EMDR

Le syndrome du stress post-traumatique peut s’assimiler à une cicatrice qui se serait formée dans le cerveau et qui continuerait à se manifester dans le présent à travers des cauchemars récurrents, des images intrusives et de vives réactions émotionnelles et physiques.

L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing, en français intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires) est une thérapie brève qui suit une procédure rigoureuse pouvant avoir lieu à l’intérieur de quelques rencontres. Bien que la thérapie ait recours à des pratiques psychothérapeutiques classiques, sa caractéristique est l’utilisation de la stimulation double (dual attention stimulation). Tandis que le sujet replonge intensément dans ses émotions stressantes, le thérapeute interrompt périodiquement l’expérience pour provoquer une stimulation sensorielle, comme déplacer rapidement ses doigts devant le visage de la personne. Cette dernière doit alors les suivre des yeux tout en gardant la tête fixe. Le mouvement rythmique des deux yeux serait équivalent à celui qui a lieu spontanément pendant les rêves (la phase de sommeil dite rapid eye movement ou REM). Cette stimulation se répercuterait de manière complexe dans le cerveau, plus précisément dans sa partie la plus ancienne (dans l’évolution humaine) qu’on appelle cerveau limbique ou cerveau émotionnel.

La prise en charge sociale des victimes : une certaine forme de reconnaissance

Les actes de terrorisme perpétrés dans le monde au cours des deux dernières décennies sont nombreux et leurs conséquences sont souvent dramatiques. En 1986, un fonds d’indemnisation est créé en faveur des victimes d’attentats en France et des ressortissants français victimes d’actes de terrorisme à l’étranger, comme ce fut le cas à Karachi en 2002, à Madrid en 2004 ou encore, plus récemment, à Londres en juillet 2005.

En 1990, le fonds d’indemnisation des victimes d’actes de terrorisme est étendu aux victimes d’autres infractions pour devenir le Fonds de Garantie des victimes d’actes de Terrorisme et d’autres Infractions (FGTI).
Le site du FGTI fournit toutes les informations sur les droits des victimes et facilite les démarches administratives.
La loi du 1er juillet 2008, entrée en vigueur le 1er octobre 2008 confie au FGTI une nouvelle mission : aider les victimes d’infractions qui ne peuvent pas bénéficier d’une indemnisation à obtenir l’exécution, par l’auteur des faits, de la décision de justice leur accordant des dommages et intérêts.

(Sources : site Passeport Santé ; site du FGTI)


trauma
Traumatismes psychiques : prise en charge psychologique des victimes, ed.Elsevier Masson, 2007

Dans ce livre, le lecteur trouvera des approches thérapeutiques originales et peu connues, comme l’intervention psychothérapeutique post-immédiate (IPPI), l’approche sérielle des victimes et l’accompagnement psychologique des familles endeuillées ; il sera également initié à des techniques thérapeutiques spécialisées, telles l’EMDR, la technique des trois dessins et la mallette de jeu portable. Cet ouvrage, résolument pratique, s’adresse à l’ensemble des psychologues confrontés aux traumatismes psychiques, ainsi qu’aux psychiatres et autres professionnels de santé mentale qui reçoivent de plus en plus de patients enfants et adultes traumatisés.


guerir emdr
guérir avec l’EMDR : traitement, théorie, témoignages, ed.Seuil, 2007

Ouvrage consacré à la méthode de traitement des traumatismes psychiques EMDR qui s’appuie sur la désensibilisation par le mouvement des yeux et le retraitement de l’information. L’auteur éclaire ce mécanisme par des récits et des analyses de cas divers. Il développe des hypothèses qui éclairent ces pathologies et permettent de comprendre comment fonctionne cette thérapie.


psy cata
“Psy” des catastrophes : dix années auprès des victimes, ed.imago, 2007

Face au terrible choc émotionnel résultant de la confrontation directe avec l’horreur, il convient d’apporter, sur le terrain même puis dans les jours qui suivent, une aide psychologique. Il analyse les différents troubles pathologiques surgissant de façon brutale ou différée – de ce face-à-face soudain avec la mort, et décrit les recours thérapeutiques proposés aux victimes. Il nous offre ainsi, à travers son expérience et son parcours, un émouvant témoignage sur la vocation et la passion de l’aide humanitaire.

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