Dopage des performances sportives et santé publique

- temps de lecture approximatif de 8 minutes 8 min - Modifié le 21/06/2017 par Bib4

Cyclisme, athlétisme jusqu'au football, plus aucun sport n'est épargné par les ravages du dopage. Ses conséquences sur la santé des sportifs sont nombreuses et deviennent un problème de santé publique.

© Pixabay
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De révélations fracassantes en procès retentissants, impossible d’ignorer la consommation de produits dopants par certains sportifs de haut niveau. Cyclisme, athlétisme jusqu’au football, plus aucun sport n’est épargné par les ravages du dopage et le phénomène touche aussi le sport amateur. Cancers, dérèglements hormonaux, risques accrus d’accidents vasculaires cérébraux, pharmacodépendance, troubles psychologiques et du comportement, la liste des effets secondaires du dopage sur la santé est longue…et devient un problème de santé publique.

Dopage ou conduite dopante ?

On parle de conduite dopante lorsqu’une substance (médicament, stupéfiant) est utilisée dans le but de surmonter un obstacle, que celui-ci soit réel ou supposé, à des fins de performance. L’obstacle peut être un examen, un entretien d’embauche, un travail difficile et /ou pénible, une épreuve sportive, etc.

Le dopage lui, ne concerne que les sportifs qui, dans le cadre de compétitions  ou de manifestations organisées par les fédérations, utilisent des substances ou des méthodes

inscrites sur une liste établie chaque année par l’Agence Mondiale Antidopage.

Source : Livret « Se doper ou pas ? » [pdf]/ Inpes,  Mildt, Ministère de la Santé et des Sport

Au cours de ces 40 dernières années, la notion de dopage a évolué et s’est réglementée. D’une simple interdiction, synonyme de tricherie, il est dorénavant l’objet d’un code d’éthique sportive au niveau mondial.

La loi française définit le dopage comme « l’utilisation de substances ou de procédés de nature à modifier artificiellement les capacités d’un sportif ou à masquer l’emploi de substances ou procédés ayant cette propriété ». Et l’Unesco de compléter : « Il y a dopage  à partir du moment où un sportif utilise des substances ou méthodes interdites pour améliorer ses résultats à l’entraînement et en compétition. Les stéroïdes sont les substances qui viennent le plus souvent à l’esprit lorsqu’il est question de dopage, mais le dopage comprend aussi l’utilisation par le sportif d’autres substances interdites (comme les stimulants, hormones, diurétiques, narcotiques et marijuana), le recours à des méthodes interdites (comme la transfusion sanguine ou le dopage génétique), et même le refus de se soumettre à un contrôle du dopage ou encore la tentative de fausser les résultats d’un contrôle. »

En France, la liste des substances et méthodes interdites est fixée par arrêté. Le site écoute-dopage propose un point sur la législation française en vigueur. Selon le principe de responsabilité objective défini dans le Code mondial antidopage, le sportif est tenu responsable de toute substance interdite qu’il absorbe ou qui lui est administrée et de toute méthode interdite qu’il utilise ou qui lui est appliquée.

Produits dopants et risques pour la santé

Stéroïdes anabolisants

Un à 5% des lycéens américains et européens reconnaissent avec déjà utilisé des stéroïdes anabolisants au moins une fois dans leur vie. Dans la communauté des bodybuilders les chiffres passent à 15-30%.

 

Les anabolisants stéroïdiens favorisent la synthèse des protéines, surtout dans les muscles et les os. Ils sont principalement utilisés pour gagner du volume et de la force musculaire. Bodybuilders

 

 

Leurs effets indésirables chez l’homme concernent principalement la fonction sexuelle : atrophie testiculaire, impuissance, modification de la libido et infertilité. Chez la femme : symptômes virilisants (augmentation de la pilosité, raucité de la voix, troubles des règles).

S’ils sont généralement réversibles chez l’homme, les effets sont plus graves chez la femme où les effets persistent même après l’arrêt de la prise.

 

A long terme, pour les deux sexes les risques concernent principalement le système cardiovasculaire (insuffisance cardiaque, trouble du rythme responsable de mort subite) auxquels s’ajoutent toxicité hépatique, apnées du sommeil, troubles psychiatriques…

Le risque de mortalité chez les utilisateurs de stéroïdes anabolisants est multiplié par 4 par rapport à des sujets de même âge.

 

Hormone de croissance (GH)

L’hormone de croissance a la réputation d’être une drogue « efficace, difficile à détecter et sans effets secondaires majeurs, en particulier sans effets masculinisants ». Ce qui la rend très prisée des femmes athlètes.

Elle était surtout utilisée chez les sprinters, les haltérophiles et les bodybuilders mais son usage s’élargit aux athlètes en endurance : footballeurs et cyclistes.

Une utilisation à haute dose semble provoquer des maux de tête et des douleurs aux articulations, des pathologies cardiovasculaires et respiratoires ainsi qu’une augmentation de l’incidence des cancers.

Erythropoïétine (EPO)

Cette glycoprotéine fabriquée par le rein exerce un rôle stimulant sur la production des globules rouges. Ce dopage sanguin augmente la capacité de transporter l’oxygène vers le muscle améliorant ainsi la performance aérobie.

EPO Tour de France 2008

EPO Tour de France 2008 / Zehnfinger, licence CC on Wikimedia Commons

Les effets secondaires sont liées à l’augmentation brutale des globules rouges qui fatigue la pompe cardiaque et favorise le phénomène de mort subite pendant l’exercice.

Glucocorticoïdes

Les complications liées à la prise prolongée de corticoïdes sont connues et bien démontrées : ostéoporose, insulino-résistance, hypertension artérielle, risque d’artérosclérose et risque d’addiction.

 

Sources :

Vers un dopage génétique ?

En général, les thérapies géniques sont utilisées pour corriger un gène déficient chez un malade. Mais en principe, la même technologie peut être utilisée chez les individus sains, pour améliorer des gènes déjà performants.

Certains sportifs lorgnent sur la thérapie génique dans laquelle ils voient un nouveau moyen d’améliorer leurs performances, moyen indétectable dans les analyses de sang. Au lieu de consommer une hormone, l’ARN codant pour cette hormone est incorporé dans les organes du sportif ou les tissus comme le muscle…Pour détecter un tel dopage génétique, invisible dans les analyses de sang, il faudrait faire une biopsie des muscles des athlètes…

Le jeu en vaut-il la chandelle pour les sportifs ? Sont-ils prêts à courir le risque de subir de graves effets secondaires pour améliorer leurs performances ? Les patients malades, traités de façon légale ont fait les frais des risques liés à ces thérapies encore balbutiantes : “selon plusieurs études, des patients ont connu de graves effets secondaires et plusieurs sont morts”, témoigne Théodore Friedman, directeur du programme de thérapie génique à l’Université de Californie. De graves complications sont parfois provoquées par ces traitements, dont certains ont entrainé des cancers, des leucémies et des maladies auto-immunes.

Plus haut, plus fort, plus tordu : le dopage génétique va-t-il tuer les jeux olympiques ?

Le plan national de lutte contre le dopage et les conduites dopantes

Pour répondre de manière plus ambitieuse et plus efficace aux enjeux de la lutte contre le dopage le ministère chargé des Sports a élaboré un plan national de prévention du dopage et des conduites dopantes pour la période 2015-2017.

Il  a  pour  objectifs  de  disposer  d’une  meilleure  connaissance  du  phénomène  du dopage et de mieux cibler les publics auxquels la politique de prévention doit s’adresser (les jeunes, les sportifs dits de loisir et les sportifs de haut-niveau).

Il fixe 6 objectifs prioritaires qui se déclinent en 14 actions, consultables en ligne [pdf]

 

Pour aller plus loin

Le dopage dans les collections de la bibliothèque

 

Dictionnaire du dopageDictionnaire du dopage,Ed. Masson

Cet ouvrage présente l’ensemble des substances ou moyens dopants, et s’adresse avant tout à l’ensemble des intervenants du milieu sportif. Mais il a aussi pour but de clarifier les multiples pratiques dopantes des sportifs. L’auteur met en avant l’ensemble des conduites mises en place depuis de nombreuses décennies dans le milieu sportif de compétition pour gagner en efficacité, aller toujours plus loin et atteindre de nouveaux records. Un ouvrage essentiel pour savoir et comprendre.

 

Se doper ou pasSe doper ou pas ? : les jeunes sportifs face à la tentation du dopage Reposant sur une étude menée pendant trois ans sous l’égide de l’Agence mondiale antidopage, l’ouvrage met à jour la faiblesse des arguments des jeunes face au dopage. Il permet au public, parents, encadrants et professionnels du sport, une compréhension plus fine des failles qui conduisent les jeunes à se doper.

 

 

Sport  : le revers de la médaille [DVD] / réal. de Xavier Deleu et Yonathan Kellerman.

Pesant 3% du commerce mondial, les athlètes de haut niveau sont devenus des icônes modernes. Jean-Pierre Papin, Laurent Brochard, Marion Bartoli, Christine Arron, Derek Redmond, entre autres, témoignent sur leur carrière et leur retraite. Pour améliorer leurs performances, certains sont capables de mettre leur santé en danger. Entre surmédicalisation, dopage et accélération des rythmes d’entraînement, les dommages, physiques comme psychologiques, sont parfois irréversibles.

Le sport ou la passion de détruireLe sport ou la passion de détruire : dopage, souffrance et dépression /

 

 

 

 

Philosophie du dopage

Les essais contenus dans cet ouvrage s’intéressent aux questions éthiques et philosophiques nouvelles que suscite la problématique du dopage dans une société de plus en plus ouverte aux techniques d’améliorations de soi en dehors du sport.

 

Histoire du dopageHistoire du dopage et des conduites dopantes, Ed. Vuibert , 2004
En retraçant la formidable épopée du dopage, Patrick Laure est le premier à mettre en parallèle l’évolution de la consommation et celle de sa régulation.

 

 

Retrouvez également dans nos collections des témoignages de sportifs sur le dopage.

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