Musique
La Première Gnossienne de Satie : les métamorphoses d’un tube
Publié le 13/11/2017 à 09:01 - 4 min - Modifié le 15/11/2017 par Civodul
C'est sans doute une marque du génie que d'être unanimement source d'inspiration : vouloir recenser les innombrables reprises et versions de la première Gnossienne de Satie serait illusoire. Ce petit article ne prétend donc pas épuiser le sujet mais se veut une invitation à la découverte.
Composée en 1890, la première des six Gnossiennes pour piano est particulièrement remarquable. Sa mélodie lancinante ponctuée d’appogiatures est à proprement parler magnétique. C’est une oeuvre insaisissable, hors du temps : Satie s’est d’ailleurs abstenu de la découper en mesures ; énigmatique : l’origine même du nom “gnossienne” fait débat et que signifient au juste les didascalies sibyllines sur la partition ? La première gnossienne semble se prêter à toutes les interprétations, toutes les appropriations avec une crédibilité et une force sans pareilles. Bref une espèce de sublime slime musical, et ça marche toujours. Rien d’étonnant donc à ce que ce chef-d’oeuvre soit devenu un tube, toutes catégories confondues.
Au gré de cette déambulation musicale nous vous suggérons de ne pas tout écouter au fastidieux kilomètre mais de faire votre sélection à l’intérieur de notre sélection, picorez, zappez, écoutez au hasard, cliquez au pif, à l’envie ou à l’envi …
Du piccolo au saxo, toute la clique est au rendez-vous :
- Une jolie version par le magnifique guitariste finlandais Otto Tolonen :
- Au violon
- Le violon est rejoint par l’accordéon, guitare et contrebasse, pour une atmosphère balkanique :
- ou au choix, une ambiance plus hitchcokienne :
https://youtu.be/t1zm62KDy8w
- Le tempo s’alanguit dans cette transcription pour clarinette et harpe.
- Aristocratique et éthérée, en solo cette fois, la harpe très distinguée est assez séduisante :
- tandis qu’on est moins convaincu par la prise de rôle du trompettiste , mais pourquoi pas …
- En revanche les sonorités boisées et pastorales des hautbois, cor et basson habillent à merveille la mélodie de Satie :
Impossible d’épuiser toutes les instrumentations, on dirait que toutes et leurs contraires ont été testées et l’on se plait à rêver le thème décliné et boléré par Ravel.
- D’ailleurs à propos d’orchestration en voici une charmante, bucolique et nostalgique :
- ou encore, une resucée syncopée et cuivrée par la bonne grosse fanfare qui retravaille Satie à la savate, et avouons-le, avec brio :
En sus, quelques propositions pertinentes quoiqu’insolites, de derrière les fagots :
- Les cordes à vide du banjo en guise de bourdon têtu et entêtant (très Satie), c’était malin et bien vu :
- Le sobre et minimal ukulé fait également très bien l’affaire.
- De même le choix du bandonéon populaire semble couler de source, mais côté anches Satie peut aussi s’entendre plus pavane que musette
- Plus gonflé, il fallait oser, mais en parfaite adéquation avec le thème dolent et gémissant de Satie, les miaulements bluesy et guimbardisants de la slide guitare sont absolument parfaits : on se croirait en Gnossie, carrément :
- Par son côté oriental (il n’a échappé à personne que la mélopée modale de Satie tire et attire vers l’orient) la fûte indienne est également une option bienvenue :
- Idem de l’oud qui, acoquiné avec la clarinette nasillarde, offre cette même belle couleur orientalisante, on aime tes états d’âme, Erik.
- Mon choix : une pépite, déconstruite et post-moderne, avec son ostinato de synthé genre marimba from outer space et ses glissandi un peu visqueux de thérémine :
Après cet aperçu (ô combien parcellaire) d’un instrumentarium décidément plein de générosité et d’imagination, voici quelques ambiances, quelques métamorphoses panachées. Certains caméléons l’aiment :
- Reggae / dub :
https://youtu.be/RrfE5-CQn3Y
- Rock, avec un brin de larsen :
- Simplement mais amplement samplé :
- Encore plus simple : sans chichis aux grandes orgues (ras-le-bol de la Marche Nuptiale)
- Dans une mise en zen très lounge enfin, pour une bouddhisterie d’ameublement, que le génial Erik n’aurait probablement pas désavouée :
https://youtu.be/ItQnjh1pBEg
et caetera …
Inépuisable disions-nous.
Comme une invitation à partir en voyage …
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One thought on “La Première Gnossienne de Satie : les métamorphoses d’un tube”
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Superbe Merci