À redécouvrir

Marc-André Hamelin “Nikolaï Kapoustine, Piano music” (2004)

- temps de lecture approximatif de 1 minutes 1 min - Modifié le 01/07/2016 par Luke Warm

Non, ce disque n’est pas un disque de jazz… ou plutôt, si ! Difficile à dire, tant le compositeur Nikolaï Kapoustine fusionne avec brio deux styles qui semblaient inconciliables : le swing et l’esprit d’improvisation du piano jazz, et le respect des formes musicales issues de la tradition classique.

Né en 1937 en URSS, Nikolaï Kapoustine acquiert dès les années cinquante une brillante réputation de pianiste de jazz, de compositeur et d’arrangeur. Son style est à la fois celui d’un pianiste virtuose classique et celui d’un jazzman improvisateur, même s’il rejette cette seconde étiquette. « Je n’ai jamais été un musicien de jazz », dit-il. S’il laisse parler son inspiration en improvisant, c’est pour la fixer ensuite dans des formes rigoureuses comme des sonates, des variations, ou même, comme sur ce disque, une suite dans le style baroque, à la manière de Bach ou de Haendel.

Exubérante, endiablée, la musique de Kapoustine associe donc la virtuosité pianistique d’un Art Tatum et le langage harmonique d’un Chick Corea tout en offrant, dans chaque composition, un sentiment d’unité et de maîtrise parfaites.

Le pianiste québecois Marc-André Hamelin, réputé à la fois pour sa technique époustouflante et pour son militantisme en faveur de compositeurs méconnus, enregistre ici quelques-unes des meilleures œuvres de Kapoustine.

Les Variations op. 41, bâties sur le thème de quelques notes qui ouvre le Sacre du printemps, sont animées tout du long par un formidable swing qui rappelle bien plus Count Basie que le ballet de Stravinsky. Les Huit études de concert op. 40 s’inscrivent sans rougir dans la lignée des études de Chopin, de Liszt et de Liapounov. La Suite dans le style ancien op. 28, construite comme une Partita de Bach avec ses Bourrées et ses Gavottes, va puiser son inspiration dans les spirituals et les gospels afro-américains. Quant à la Sonate n°6, qui cite le célèbre standard d’Eddie Harris Freedom Jazz Dance, elle rappelle par sa simplicité une sonate de Haydn.

Enthousiasmant de la première à la dernière note, ce disque s’écoute d’une traite et séduira aussi bien le mélomane curieux, l’amateur de jazz, et le profane en quête d’une écoute nouvelle et rafraîchissante.

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