Coroner “Grin” (1993)

- temps de lecture approximatif de 4 minutes 4 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

Quand on parle de métal extrême, on a tôt fait d’évoquer certains lieux typiques, comme la Bay Area (Testament, Metallica…) ou la scandinavie (Enslaved, Burzum, Darkthrone…), lieux dont la charge « mythique » a souvent éclispé la réalité. Ce n’est pas le cas de la Suisse, pays bien peu glamour, et pourtant pourvoyeur en musique extrême de qualité depuis toujours (Young Gods, Alboth ,Goz of kermeur, Nox, 16-17…).

Coroner a donc commencé comme un groupe de thrash-metal « ambitieux » à la fin des 80’s, aux côtés de leurs compatriotes Celtic Frost ou des québécois Voivod. En 93, alors que ces-derniers ont pris un virage prog et un brin 70’s, Coroner livre son album le plus abouti, chant du cygne aujourd’hui culte et particulièrement recherché par les connaisseurs… Et toujours inexplicablement non réédité, à l’image de la compilation qui s’ensuivra, contenant pourtant des inédits excellents. C’est tout le futur du métal qui est en germe dans ce thrash/death épuré et technique. Déjà, la production, d’une ampleur et d’une profondeur incomparable en 1993, en metal comme en rock. C’est aujourd’hui le prérequis de groupes comme Mastodon, qui ont su insuffler technicité dans le genre sans perdre une once de violence et de rudesse. Ensuite, la froideur déshumanisée des guitares, sculptant une musique calculée et adulte : il ne faut pas chercher plus loin la grande inspiration des riffs si glacés d’Adam Jones de Tool (avec Kyuss et Robert Fripp, certes). Des riffs ultra-compacts, que survolent des solos et plans de guitares aériens et très mélodiques… Car il y a tout ici : harmonies, groove, textes…

Grin est donc un jalon dans l’histoie du métal, un bloc de granit comparable au Heartwork de Carcass sorti la même année, c’est-à-dire un compromis entre le savoir-faire des années 80 et l’inventivité parfois foutraque (il n’en est rien ici) des années 90. On ne saurait trop conseiller, pour s’en convraincre, de commencer par le tryptique final : du leitmotiv angoissé de Paralized au final cinématographique de Host à la basse fretless, en passant par la chanson-titre et son groove implacable, aux 2 dernières minutes qu’il fallait oser. Grin montre que le metal n’a nul besoin de prétendre au qualificatif de « progressif » pour, réèllement, progresser.

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Coroner – Grin by Dariev Stands on Grooveshark

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