Mort du compositeur finlandais Einojuhani Rautavaara

- temps de lecture approximatif de 2 minutes 2 min - par Civodul

Fin juillet disparaissait un créateur emblématique de notre époque. Rautavaara, qui fut encouragé à ses débuts par le grand Sibelius lui-même, fut un compositeur polymorphe, éclectique et curieux de tous les styles et toutes les écoles.

rautavaara
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Né en 1928 il s’imprègne de la musique de son temps, de ses recherches et expérimentations en tous genres. Il s’initie aux techniques de l’écriture sérielle, qu’il assouplira cependant, aux musiques aléatoire et électronique.  Il ne néglige pas pour autant les multiples apports du passé, du chant grégorien à l’esthétique post-romantique.

Il laisse une œuvre prolifique et très diversifiée : pas moins de  huit symphonies, de nombreux concertos,  une musique de chambre généreuse. La voix, dans tous ses états, soliste ou chorale, dans le répertoire sacré ou profane, est également très centrale dans ses compositions.  Sa production vocale sacrée  – qu’il  destine oecuméniquement aux confessions  luthérienne, catholique et orthodoxe – laisse affleurer la grande tradition chorale de son pays (Vigilia). L’opéra stimule particulièrement sa créativité : “Le Mythe de Sampo”, que lui inspire le Kalevala, cette grande épopée nourrie de mythologie finnoise,  “Vincent”, d’après la vie du peintre Van Gogh.

Sa curiosité infatigable se double d’une spiritualité réelle et assumée. Il se définit volontiers comme “mystique”, au sens large, se référant en toute humilité à la conception de Thomas Mann, selon laquelle l’œuvre d’art aurait une vie propre et sa propre volonté qui la pousserait à être engendrée, le créateur n’étant qu’une espèce de go-between accoucheur.

Cette coloration spiritualiste se retrouve dans ses thèmes de prédilection. Il affectionne les chants d’oiseaux,  qu’il enregistre sur bande magnétique dans les marais du Grand nord finlandais ou près du Cercle arctique pour les incorporer à l’orchestre (le public séduit plébiscite ce Messiaen finlandais). Il évoque et invoque avec insistance la figure de l’ange, qui apparait dans plusieurs de ses œuvres. Ange ou oiseau, un signe d’air assurément, qui déclare :

« Ma conviction est que la musique est belle si l’auditeur parvient à saisir une étincelle d’éternité par la fenêtre du temps. Cela, à mon sens, est la seule véritable raison d’être de l’art. Tout le reste revêt une importance secondaire »

https://www.youtube.com/watch?v=G7NFuw8ORk4

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