Lectures estivales 2010

- temps de lecture approximatif de 26 minutes 26 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

Voici venir l'été et les mythiques mois de juillet et août. Des hordes de vacanciers se lancent à la conquête de tous les coins de France ou prennent joyeusement d'assaut les avions pour faire le tour des hémisphères.

Lectures estivales © Pixabay
Lectures estivales © Pixabay

Toute cette effervescence vous laisse froid ? Vous avez décidé de rester chez vous au calme à regarder pousser vos fleurs ou les légumes de votre potager ? Ou peut-être désirez-vous mieux connaître le pays que vous avez envie d’explorer, dénicher un filon pour un prochain voyage, ou tout simplement rêver d’un ailleurs depuis votre chaise longue ? Installez-vous confortablement. Nous avons sélectionné pour vous des ouvrages qui déménagent. Avec eux vous allez vibrer au rythme des métropoles trépidantes, flâner le long des ruelles étroites des petits villages, contempler des immensités verdoyantes ou désertiques et partir à la rencontre de civilisations inconnues. Prêts pour le départ ?

JPEG - 37 ko

Destination Afrique

Equatoria par Patrick DEVILLE, Le Seuil
Le transfert des dépouilles de Savorgnan de Brazza et de sa famille d’Alger à Brazzaville devient le point de départ du journal et l’occasion de croiser des personnages pittoresques, de revisiter l’histoire de la colonisation, de brosser le portrait de figures marquantes, Albert Schweitzer ou Livingstone, Tippu Tip, trafiquant d’esclaves, et d’évoquer Joseph Conrad, Louis-Ferdinand Céline ou Jules Verne.

Un long silence par Etienne Van HEERDEN, Phébus
Une jeune femme, venue du Cap pour acheter une sculpture, arrive un jour dans une bourgade perdue du Karroo et découvre qu’il n’y a pas d’hôtel où loger.
Elle se fait héberger par un vieil immigré sourd-muet, qui se trouve être la mémoire du lieu. Auprès de cet homme, qui cache un lourd secret, elle va peu à peu reconstituer l’aventure de cette ville oubliée.
Toute l’histoire de l’Afrique du Sud au XX[^e^] siècle, de la guerre des Boers à l’époque post-apartheid, revisitée à travers celle d’une bourgade paumée du Karroo : cette “Terre de mélancolie” où ne survivent que quelques épineux (humains compris) brûlés par le soleil et violentés par le vent.

J’aurais voulu être égyptien par ALAA EL ASWANI, Actes Sud
Un recueil de nouvelles se déroulant au coeur du Caire. Interdit de publication par l’Office du livre égyptien, pour cause d’insulte au pays, le premier de ces récits, “Celui qui s’est approché et qui a vu”, donne précisément à voir un monde où règnent les faux-semblants et l’hypocrisie.
Par une cinglante et implacable ironie, pour décrire des êtres prisonniers de l’obscurantisme et de l’arbitraire, l’auteur fait exister sous nos yeux des personnages singuliers qui évoquent l’univers d’un Dostoïevski à l’ombre des pyramides.
Salogi’s par BARLEN PYAMOOTOO, Editions de l’Olivier
L’écrivain rend hommage à sa mère, Salogi, en retraçant son enfance misérable, dans un village du Sud de l’Ile Maurice, son apprentissage de la lecture et de l’écriture, sa vie de jeune mariée, de mère de famille nombreuse, son exil en France, à Strasbourg, puis son retour au pays. Ce récit est l’histoire, durant les années 1970, d’un combat contre les injustices, la misère, le chômage, auquel l’héroïne tente de remédier en ouvrant une boutique, d’un attachement aux traditions talmoules et d’une passion pour les feuilletons bollywoodiens.
Le Saignement de la pierre par IBRAHIM AL KONY, L’Esprit des péninsules
Dans le désert de Libye – monde imaginaire des Touaregs qui y nomadisent, un univers plein de fables, de légendes et d’allégories – l’histoire d’Asouf, gardien de fresques préhistoriques, qui ne mange pas de viande, ne connaît pas de femmes, vit dans la solitude sans posséder aucune arme.
Une métaphore sur la rencontre de mondes différents et les effets de la civilisation moderne.
La Chienne de vie de Juanita Narboni par Ángel VAZQUEZ, Rouge Inside
Le monologue intérieur dense et cru de Juanita Narboni, la met autant en scène, une vieille fille drôle, ironique et méchante, qu’il met en scène la ville de Tanger à l’époque du Protectorat. Un Tanger international et cosmopolite qui n’existe plus et dont Juanita entretient dans son for intérieur la nostalgie. La principale qualité de ce roman est que, même dans sa traduction française, il permet d’entendre encore, par l’entremise d’une seule voix, le grouillement des langues qui se parlaient alors dans la ville.

JPEG - 207.7 ko

Destination Amérique du Nord

Le Blues des Grands Lacs par Joseph COULSON, S. Weispieser
Coleman Moore passe le plus clair de son temps dans son bateau, en cale sèche dans une marina du Michigan. A cause de ses mains brisées, il a abandonné son métier de guitariste de jazz. Lors de méditations nocturnes et alcoolisées, il tente de trouver dans l’héritage familial les racines de son désarroi et de ses échecs.
Commence une dérive qui conduit le lecteur des rives des Grands Lacs aux boîtes enfumées de Chicago.

Le Livre de Yaak : chroniques du Montana par Rick BASS, Gallmeister
La vallée du Yaak, dans le nord-ouest du Montana est l’un des derniers espaces sauvages des Etats-Unis, lieu dans lequel cohabitent des ours noirs et des grizzlis, des loups et des coyotes, des aigles à tête blanche, des lynxs, des cerfs, des élans et quelques humains.
Rick Bass raconte toutes les menaces qui pèsent sur cet endroit magique où il vit depuis une vingtaine d’années. Dans ces récits inspirés, il décrit la grandeur de la nature sauvage du Yaak et de ses habitants.
Sortilèges de l’Ouest par Rob SCHULTHEIS, Gallmeister
Nul endroit aux Etats-Unis n’a autant résisté à l’avancée de la civilisation que la partie des montagnes Rocheuses qui s’étend du plateau du Colorado au Nord du Mexique.
Baroudeur mélancolique, Rob Schultheis nous entraîne dans cette terra incognita entrecoupée de canyons et de terres indiennes sacrées, et nous convie à un voyage initiatique dans des régions magiques aux caprices tumultueux. Véritable conteur-né, il parcourt les paysages rares et mystérieux de l’Ouest avec le regard d’un poète à l’humour féroce. Ce classique inédit en français est une ultime célébration de la “frontière” américaine et de sa démesure.

JPEG - 3.5 ko

Destination Amérique du Sud

Le Chanteur de tango par Tomàs Eloy MARTINEZ, Gallimard
Un roman qui est aussi un guide, un texte hybride qui offre un parcours unique à travers Buenos Aires et son histoire, un voyage dans l’espace et dans le temps qui plonge le lecteur dans l’univers mythique de la ville, constitué notamment par les livres de Borges et la culture du Tango.

Macau, par Antoine VOLODINE, Seuil
A Macau, le narrateur qui a passé sa vie dans des trafics en tout genre et l’espionnage, vient d’apprendre qu’il est condamné par une maladie. Dans le même temps, il est pris au piège d’une une mafia locale qui le kidnappe.
Il se remémore alors certains passages de sa vie. Le texte est accompagné d’une cinquantaine de photos qui organisent un parcours dans la ville.

Tierra del fuego par Francisco COLOANE, Phébus
Publié au Chili en 1963, cet ouvrage se distingue d’un simple recueil de nouvelles à la fois par l’unité des récits, par celle des paysages désolés ou grandioses qui leur servent de cadre et par les thèmes récurrents qui les traversent : histoires de folie et de mort dont le héros innommé est ce Grand Sud qui aimanta de tout temps les imaginaires
Les personnages qui hantent ce bout du monde sont tous plus ou moins des exilés : gauchos condamnés à peupler de mauvais rêves leur solitude, marins attachés au service de rafiots hors d’usage, insurgés en fuite, chasseurs de phoques, parias de toutes les nations… sans oublier les Alakaluf et les Yaghan, qui furent les premiers habitants de ces terres promises à la désolation et que le “progrès” a chassés de leur propre Histoire.

Sous le volcan par Malcolm LOWRY, B. Grasset
Le lecteur de “Sous le volcan” doit littéralement se débattre avec la psychologie complexe de personnages qui n’ont pas les deux pieds du même côté de l’Atlantique, avec des dialogues fortement alcoolisés, avec une multitude de références hétéroclites, avec un récit haché de la Guerre d’Espagne, mais il ne regrettera pas de s’être débattu. Car, bien qu’écrit par un Britannique, voici le plus envoûtant des livres sur le Mexique. Cette “Divine Comédie ivre” permet de pénétrer dans ses gouffres et dans son âme profonde, d’éprouver physiquement la menace volcanique, de souffrir la soif sur ses chemins et de l’étancher dans ses cantinas, de célébrer ses morts le jour de l’année qui est leur.

JPEG - 97.4 ko

Destination Asie

Le Pays des marées par Amitav GHOSH, R. Laffont
Au nord-est de l’Inde, à l’embouchure du Gange et du Brahmapoutre, s’étend une vaste région parsemée d’îlots, hostile et déshéritée. On l’appelle les Sundarbans, le pays des marées.
C’est là, entre terre et mer, que vont se rencontrer un homme d’affaires sophistiqué de Calcutta, un modeste pêcheur et une cétologue américaine d’origine indienne à la recherche d’une espèce unique de dauphins d’eau douce. Trois destins étrangement liés, trois visages de l’Inde, trois regards croisés sur son histoire et son patrimoine. Figure majeure de la littérature indienne contemporaine, Amitav Ghosh esquisse le portrait d’un pays en pleine mutation.

Bombay maximum city par Suketu MEHTA, Buchet-Chastel
De retour à Bombay en 1998, après une absence de vingt et un ans, Suketu Mehta est frappé par les métamorphoses de la ville tant aimée de son enfance. Pour comprendre, il décide d’en aborder tous les extrêmes et s’embarque dans une enquête sur les sanglantes manifestations entre hindous et musulmans en 1992-1993, fréquente les parrains mafieux, les déshérités des bidonvilles, les studios de Bollywood…
Passionnée, intimiste, émouvante, courageuse, impudique, tout à tour drôle et déchirante, cette formidable biographie urbaine initie un nouveau genre littéraire. En outre, l’hallucinante Bombay, la plus grande mégapole d’Asie, préfigure la génération des mégapoles surpeuplées de demain.

Si je t’oublie, Jérusalem…, par Angelika SCHROBSDORFF, Phébus
L’auteure a été, comme beaucoup d’autres personnes, fascinée par Jérusalem. Pourtant, il lui arrive de détester cette ville où elle s’est installée il y a vingt ans. Cette chronique au jour le jour d’une vie citadine avec ses côtés prosaïques, ses drames intimes, ses rencontres, constitue une réflexion sans concessions sur l’évolution de l’état du monde et, en particulier, sur l’évolution de cette ville, “mémoire” et “sentinelle” à la fois.

Pays de neige par Yasunari KAWABATA, Albin Michel
A trois reprises, Shimamura se retire dans une petite station thermale, au cœur des montagnes, pour y vivre un amour fou en même temps qu’une purification.
Chaque image a un sens, l’empire des signes se révèle à la fois net et suggéré. Le spectacle des bois d’érables à l’approche de l’automne désigne à l’homme sa propre fragilité. “Le rideau des montagnes, à l’arrière-plan, déployait déjà les riches teintes de l’automne sous le soleil couchant, ses rousseurs et ses rouilles, devant lesquelles, pour Shimamura, cette unique touche d’un vert timide, paradoxalement, prenait la teinte même de la mort.”
Kawabata Yasunari, le plus grand écrivain japonais du XX[^e^] siècle, a obtenu le Prix Nobel de littérature, en 1968.

Un voyage au Japon par Antoine PIAZZA, Rouergue
“C’était la première fois que je partais aussi loin, la première fois, aussi, que je partais en plein hiver.”
En février 2007, Antoine Piazza s’embarque pour le Japon ou, plus précisément, pour l’île de Shikoku, la plus petite et la plus sauvage des grandes îles de l’archipel.
Il raconte ici son séjour qui a fait remonter des souvenirs plus anciens. Bien plus qu’un récit de voyage, ce récit-là est d’abord une aventure intérieure et littéraire par l’ampleur toute classique de son style.
L’Enfant de la Tour de la Lune par Anwar ACCAWI, Autrement
Peu après l’année de la tornade qui a vu des poissons et des oranges tomber du ciel, le père d’Anwar est revenu, porteur d’une étrange machine parlante : la radio a ainsi fait son apparition à Magdalena, petit paradis au milieu des montages du Liban. Le temps y semble suspendu, au rythme des récoltes, de l’arrivée du rétameur.
Dans ce cocon, Anwar découvre la vie. Il apprend à écrire, émerveillé. II connaît la douleur de perdre un être cher. Il entrevoit le monde secret des femmes.
Mais bientôt l’innocence s’enfuit. Le tango du gramophone remplace les danses traditionnelles. La première auto surgit, monstre pétaradant… tout est chamboulé !

JPEG - 32.7 ko

La Fin du chant par Galsan TSCHINAG, Métailié
Sous le ciel de l’Altaï, au milieu des immenses steppes de Mongolie, Galsan Tschinag plante le somptueux décor d’une double tragédie. La jeune Dombruk, orpheline, tente de sauver un poulain qu’une jument, ayant perdu son petit, refuse de nourrir. Schuumur, brisé par la mort de sa femme qu’il n’avait pas choisie mais qu’il s’était mis à aimer, peine à ranimer son attachement pour son amour de jeunesse, Gulundshaa.
En contrepoint de ces drames, l’auteur révèle un autre aspect de son exceptionnel talent de conteur en s’attachant aux luttes des nomades – Touvas et Kazakhs – contre les envahisseurs venus de tous les horizons.
Le Tibet sans peine par Pierre JOURDE, Gallimard
À trois reprises, Pierre Jourde est allé parcourir les pistes du Zanskar, vallée désertique de l’Himalaya, à quatre mille mètres d’altitude.
Il raconte ces longs périples sous forme d’une épopée cocasse, décrivant les tourments, les émerveillements et les ridicules de jeunes banlieusards occidentaux livrés à une nature démesurée. Traverser des glaciers avec un équipement de promeneur estival nécessite autant d’inconscience que de ténacité.
À la description des paysages sublimes et de l’hospitalité des Tibétains répond celle du progressif délabrement du voyageur et de ses compagnons dans la dureté de l’épreuve.

Istanbul : souvenirs d’une ville par Orhan PAMUK, Gallimard
Orhan Pamuk retrace sa vie intime dans une grande famille bourgeoise d’Istanbul, laïque et progressiste.
A travers le récit de la décomposition progressive de cette famille, qui va perdre à la fois son mode de vie traditionnel et son statut social, c’est la société stambouliote et la société turque des années 1950 et 1960 qu’il décrit, encore très proches de celle de l’Empire ottoman.
Au fil des pages, l’auteur se remémore ses promenades d’enfant, à pied, en voiture ou en bateau, et nous entraîne à travers ruelles en pente et jardins sur les rives du Bosphore, devant des villas décrépies, dessinant ainsi le portrait fascinant d’une métropole en déclin.

La Magie blanche de Saint-Pétersbourg par Dominique FERNANDEZ, Gallimard
La ville de Saint-Pétersbourg, née en 1703 dans une région inhospitalière par la volonté du tsar Pierre le Grand, présente une unité de proportions et une variété de tons réunies autour des deux thèmes du baroque et du classicisme.
C’est aussi la capitale des arts, celle des poètes et des musiciens en particulier, comme en témoignent les théâtres et les opéras de la ville. De Tchaïkovski à Chostakovitch, d’Eisenstein à Diaghilev, de Pouchkine à Gogol, de Dostoïevski à Nabokov, tout ce que la culture russe a produit de plus éclatant est né et s’est développé ici, dans cette ville magique où nous entraîne un l’infatiguable Dominique Fernandez, curieux de la Russie d’hier mais aussi de celle d’aujourd’hui.

La Maison au bord de l’Oniégo : le journal du Nord par Mariusz WILK, Noir sur blanc
Ce livre nous transporte dans le monde unique du Grand Nord, en Carélie, au nord-ouest de la Russie, dans les environs proches ou lointains d’une vieille maison toute en bois posée sur la rive du lac Oniégo. Cet étonnant logis, dépourvu de tout confort sauf un vénérable poêle russe, permet à l’auteur qui y vit en ermite de se concentrer sur l’essentiel.
L’ouvrage, rédigé à travers l’une de ses trente-sept fenêtres, se situe à la frontière du récit de voyage et du journal intime. L’auteur y fait alterner digressions sur l’histoire et la culture russes, prises de position écologiques, coups de gueule contre l’administration russe qui a rayé certains villages de la carte, ou encore impressions de lectures, de Gombrowicz à Merton ou Pélévine, sans oublier Henry Miller.

JPEG - 13.5 ko

Destination Europe

Les joies de plein air par Albert T’SERSTEVENS, Arléa
“Il n’y a, pour moi, aucune joie au monde, même écrire, qui vaille le voyage et les autres joies de plein air.”
C’est avec ce bel enthousiasme que T’Serstevens commence son éloge du voyage, qui se révèle aussi une apologie un peu narquoise du sport en général.
Avec son allant et son humour délicat, l’auteur passe en revue l’art de rouler à bicyclette, l’apprentissage de la natation, de la pagaie, de la voile, des sports d’hiver ou de la conduite automobile, aussi bien que les subtilités du “campement” et de la gastronomie internationale.
Au côté de sa belle compagne et du chat Puma, T’Ser, comme aimait l’appeler son ami Cendrars, nous conduit, avec sa curieuse voiture-maison, de l’Andalousie au Portugal, de la Vieille Serbie à la Grèce, du Bosphore à l’Espagne en pleine guerre civile, pour revenir, tout étourdi de liberté, à la douceur de l’île Saint-Louis, à Paris.

Mon Allemagne par Andrzej STASIUK, C. Bourgois
Après la chute du Mur de Berlin, la promotion de ses livres a conduit l’écrivain polonais Andrzej Stasiuk à parcourir l’Allemagne en long et en large. De ces déplacements frénétiques, il a tiré un petit livre de réflexions malicieuses et indolentes où le pays prend forme sous nos yeux et où ses habitants prennent vie. Le chantre de la déglingue slave fait son miel des chambres d’hôtel au froid design, des parages de gares hantés par les immigrés et les marginaux, des nuits d’alcool et de solitude. Il se trimballe avec l’Histoire et l’ineffaçable fracture Est/Ouest sur les talons. Avec cette fausse nonchalance qui fait tout son charme, le Polonais nous balance son blues rugueux sur les complexités du pays et de l’identité européenne.
Retour à Bruxelles : récit lyrique par Vincent DELECROIX, Actes Sud
La collection dans laquelle est édité ce livre s’appelle “Un endroit où aller”. Aller où ? A Bruxelles, y aller et y retourner, puisque les élections n’ont pas eu raison de la ville. Ce livre que sa couverture définit comme un “récit lyrique”, apparaît dans les repères bibliographiques des sites électroniques concernant Bruxelles.
C’est qu’en plus d’être l’histoire d’une idylle amoureuse condamnée d’avance, il est une déambulation dans les lieux hantés par le couple, qui, quand il n’est pas “dans un lit” ou “dans le lit” ou “dans l’appartement”, hante les lieux hauts ou pas de la ville, avec une dilection pour les places et pour les cafés.
Philosophe, critique et écrivain, Vincent Delecroix a vécu et enseigné à Bruxelles. S’agissant du portrait de la ville, sa prouesse ici consiste à évoquer beaucoup en disant peu.

La martre et le léopard : carnets d’un voyage en Croatie par Jean-Marie LACLAVETINE, Gallimard
En préambule, l’écrivain déclare : “On vous dit : la Croatie, bien sûr, les archipels de rêve, les crépuscules enchanteurs, bien sûr les murailles de Dubrovnik, l’air qui tremble sur les plages blanches, les îles en suspens dans l’eau turquoise, la splendeur intacte des cités médiévales, les yachts au mouillage dans les critiques perdues, bien sûr les étés sans fin dans le chœur des cigales… Pourtant ce n’est pas vers ce pays que j’ai voulu aller. J’espérais flâner le cas échéant dans quelques campagnes grasses et grises méconnues des touristes, me perdre dans des banlieues, me laisser surprendre au virage, bref connaître un peu de ce pays qui depuis trois millénaires conjugue les bonheurs de la géographie avec les malheurs de l’histoire. Et puis, je voulais surtout rencontrer des personnes vivantes.”

Vers l’aube par Dominique COOPER, Métailié
Murdo Munro travaille dans les forêts de son île natale sur la côte Ouest de l’Ecosse. Il s’est depuis longtemps résigné à sa solitude et à l’hostilité froide de sa femme.
Le jour du mariage de sa fille, devant la perspective du face-à-face conjugal qui l’attend, il décide de brûler sa maison et de disparaître. Munro marche dans cette forêt qu’il aime, monte dans un bateau et va rejoindre la ferme de sa sœur. Après des semaines vécues dans la crainte d’être rattrapé, il décide d’affronter ses responsabilités.
Un roman sur l’errance, la difficulté d’être soi et d’exister face aux autres.

La Ville intemporelle ou Le Vampire de Barcelone par Francisco GONZALEZ LEDESMA, L’Atalante
“Je viens d’un temps lointain, donc je ne suis jamais le même, et ma cité change elle aussi, c’est pourquoi je ne peux donner un nom à mes histoires.”
La première voix de ce roman est celle d’un vampire, qui, subissant la malédiction de l’immortalité, traverse l’histoire de Barcelone du Moyen Age à nos jours. La seconde voix est celle d’une jeune femme contemporaine, assistante dans une étude notariale, qui, à travers quartiers et bâtiments de la vieille ville, mène l’enquête sur une histoire ancienne. Les deux voix vont-elles fusionner au terme de ce voyage ?

Paris insolite par Jean-Paul CLEBERT, Attila
Jean-Paul Clébert a fait de ses vagabondages dans le Paris des années 1950 des voyages épiques et sensibles.
Compagnon de Doisneau, clochard, il nous promène au hasard de ses besoins (dormir, manger, faire l’amour), de ses rencontres et de ses mille petits boulots. “Paris insolite” est le journal de bord de ces traversées, dans une ville qui “change de peau tous les jours”. Claque littéraire hors normes, ce texte est accompagné de 115 photographies de Patrice Molinard, qui n’avaient connu qu’une seule édition, il y a 50 ans.

Salaam London par Tarquin HALL, Hoëbeke
Tarquin Hall, après dix ans de journalisme autour du monde, rentre dans son pays natal, l’Angleterre, sans argent ni illusions. Il échoue à Londres dans le quartier de Brick Lane : à quelques centaines de mètres de la City, prolétaires cockneys, Bengalis, Irakiens et Kurdes vivent dans la misère, au milieu des trafiquants de drogue et des prostitués.
Tarquin Hall fera face. Ce qui nous vaut une œuvre savoureuse, oscillant entre tragique et comique, un récit de voyage à l’envers, hommage au “Peuple de l’abîme” de Jack London, description sans fard d’une métropole cosmopolite.

Pages grecques : récits par Michel DEON, Gallimard
De Spetsai à Patmos, en passant par Rhodes, Corfou, Mytilène, Skytos, Paros, Antiparos, Naxos, Chypre, Hydra, Kalymnos et Leros, Michel Déon a réuni, sur une trentaine d’années, une gerbe d’histoires, de personnages, de souvenirs qui évoquent le parfum de ces îles grecques et leur séduction, tout comme leur tristesse, leur solitude et leur déchéance.

JPEG - 70.9 ko

Intermédiaires irlandais par Jean-Pascal DUBOST, Apogée
Jean-Pascal Dubost a séjourné à plusieurs reprises en Irlande. Ce pays, il a toujours tenu à le découvrir de la meilleure façon qui soit, autrement dit en marchant, en sinuant d’est en ouest, en vivant l’aventure au jour le jour. C’est cette aventure qu’il restitue dans ce premier récit ancré dans les paysages souvent tourmentés de l’Irlande. Il grave en continu les multiples rencontres et scènes furtives qui se succèdent au fil des flâneries, des escapades ou des marches au long cours de l’auteur, de chemins creux en tourbières et de ports en pubs.

Hypothermie par Arnaldur INDRIDASON, Métailié
Maria est retrouvée pendue dans son chalet d’été sur les bords du lac du Thingvellir en Islande par sa meilleure amie, Karen. Après l’autopsie, la police conclut à un suicide.
Persuadée qu’il s’agit d’un meurtre, Karen fait part de ses soupçons au commissaire chargé de l’enquête, Erlendur, et lui remet une cassette contenant l’enregistrement d’une séance chez un médium que Maria était allée consulter pour entrer en contact dans l’au-delà avec sa mère. Il reprend alors l’investigation à l’insu de tous et découvre des éléments sur le mari de la victime.
Obsédé par le deuil et la disparition, harcelé par les frustrations de ses enfants, sceptique devant les croyances islandaises, bourru au coeur tendre, Erlendur poursuit sa recherche sur lui-même au pays du fantastique et des fantômes.

Iles : guide vagabond de Rome par Marco LODOLI, La Fosse aux ours
La Rome vagabonde de Lodoli n’appartient à aucun guide touristique : c’est une ville d’îlots de beauté et de poésie qui émergent d’un dimanche pluvieux ou d’un après-midi ensoleillé, mais que seul un œil clairvoyant est capable de saisir.
On pourrait ajouter mille facettes à cet autre visage de Rome : le cordonnier sans âge de la via San Martino ai Monti, le fronton de San Giovanni dei Fiorentini que les gueules-de-loup pourpres et les câpriers chevelus transforment en jardin au printemps, la trattoria de la via Attilio Zuccagni Orlandini où l’on mange les meilleurs gnocchis du monde…

Le murmure des oliviers par Giuseppe BONAVIRI, Verdier
Un petit monde paysan de Sicile orientale, où plantes, nuages et ruisseaux partagent les joies et les souffrances des personnages.
Bonaviri est l’explorateur mélancolique et fantasque des espaces cosmiques.

Mortes-Eaux par Donna LEON, Calmann-Lévy
Pellestrina, petite île située dans la lagune de Venise.
Deux pêcheurs de palourdes sont retrouvés noyés dans les débris de leur bateau, leurs corps lardés de coups de couteau. Le commissaire Brunetti doit mener l’enquête au sein d’une communauté unie par un code de loyauté et une méfiance instinctive vis-à-vis des étrangers. Loin du monde raffiné de la Sérénissime, dans une atmosphère digne d’un village sicilien, la loi du silence est de mise. Pour tromper la méfiance des insulaires, Brunetti a l’idée d’envoyer sur place sa secrétaire, la signora Elettra.
Celle-ci accepte de jouer les espionnes et de séjourner dans l’île, où elle a des parents. Mais Brunetti ne tarde pas à regretter sa décision lorsqu’il apprend qu’un troisième meurtre vient d’être commis à Pellestrina…

Gros temps sur l’archipel par Vitorino NEMESIO, La Différence
L’archipel des Açores dresse en plein Atlantique ses pics volcaniques et ses noires falaises scoriacées, battues de lames écumeuses. L’hiver, les tempêtes décapitent les cèdres ; l’été, l’anticyclone s’installe, une humidité tiède voile les horizons, les hortensias géants fleurissent bleu le long des chemins. C’est là, à Faial, l’île des hêtres-arbousiers, qu’est née Margarida Dulmo, la perle de Horta, rejeton d’une famille patricienne illustre mais dégénérée : le père boit, la mère veille un grand-père paralysé, la fortune – baleinières et ambre gris – est en péril. “Gros Temps sur l’archipel”, publié en 1944, est l’un des chefs d’œuvre de la littérature romanesque portugaise, l’œuvre la plus complexe et la plus poétique de Nemesio, à la fois le portrait approfondi d’une singulière jeune fille des Açores, une fresque lucide de la société insulaire vers 1917-1919, et un hymne à la gloire des neuf îles.

JPEG - 152.4 ko

Destination Océanie

La Vengeance du wombat : et autres histoires du bush par Kenneth COOK, Autrement
Une rencontre dans un bar, quelques bières fraîches, un rien de faiblesse, et voilà Kenneth Cook, écrivain d’âge mûr “en léger surpoids”, embarqué dans d’incroyables aventures où la faune humaine et animale du bush australien joue le premier rôle.
Kangourou suicidaire, koalas explosifs, wombats vindicatifs, reptiles dérangés, chercheurs d’opales amateurs de paris stupides, Aborigènes roublards : ils finissent toujours par contrarier son penchant naturel pour le confort. Heureusement, car Cook en tire une brassée d’histoires plus vraies que nature, racontées avec un art consommé du gag, dans toute leur improbable hilarité.

JPEG - 46.9 ko

Chers lecteurs, nous espérons que vous apprécierez ces quelques “fragments d’un voyage immobile” chers à l’écrivain portugais Fernando Pessoa.
Maintenant c’est à vous de jouer, ces romans sont à votre disposition dans vos bibliothèques et vos librairies préférées. Ils vous attendent sur les rayons et ont hâte de voir du pays.
Et qui sait, peut-être se glisseront-ils dans vos valises si vous décidez vous aussi de jouer aux explorateurs.

Nous vous quittons en vous laissant fredonner cette chanson de Superbus pour parachever notre œuvre. Bonne route…

Embrasse moi à Paris

JPEG - 115.2 ko
Gibrat

Sors moi à Rome
Fais moi danser à New York City
Si t’es un homme
Parle moi à Londres
Touche moi à Tokyo
Je ne veux pas attendre
De tomber de haut

I wanna travel the world with you…

Endors moi à Venise
Réveille moi à San Francisco
Je suis un peu surprise
Que le monde est beau

I wanna travel the world with you…

Partager cet article