Les romans de la catastrophe

- temps de lecture approximatif de 22 minutes 22 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

"Nous savons mais nous n'arrivons pas à croire ce que nous savons". Cette phrase de Jean-Pierre Dupuy dans l'ouvrage "L'invention de la catastrophe au XVIIIe siècle" prend tout son sens au cœur du drame qui frappe le Japon, drame monstrueux aux multiples conséquences. Un pays meurtri, immobilisé, qui tente de se relever après le chaos ; un pays surpris mais néanmoins préparé et résigné à la catastrophe envisagée comme possible.

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Un pays meurtri, immobilisé, qui tente de se relever après le chaos ; un pays surpris mais néanmoins préparé et résigné à la catastrophe envisagée comme possible.

Le thème de la catastrophe dans la littérature a inspiré depuis toujours les auteurs, qu’elle soit catastrophe naturelle ou catastrophe technologique. Sans doute est-ce une manière de s’approprier et de canaliser cette grande peur collective de la disparition du monde.
Ainsi, sa destruction par des éléments naturels comme le feu, la terre, l’eau ou l’air, ou des éléments fabriqués par l’homme, tel l’industrie du nucléaire ou de la chimie, est-elle le théâtre de nombreuses fictions.
Certaines s’appuient sur des faits réels comme point de départ (comme le tremblement de terre d’Haïti en 2010 ou l’accident de la centrale de Tchernobyl en 1986), d’autres vont plus loin et écrivent leur partition sur un futur fantasmé et totalement imaginé, en osant mettre en scène l’inconcevable.

La mise en situation catastrophique de l’un des quatre éléments (feu, terre, eau, air) est à l’origine de tremblements de terre, d’éruptions volcaniques, de tsunamis ou encore d’ouragans, qui bouleversent l’ordre établi et mettent en péril l’avenir en le rendant incertain.

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Les derniers jours de Pompéi par Edward G. BULWER-LYTTON, Les Belles lettres.
Pompéi, 24 août 79 après Jésus-Christ. Cette petite ville romaine du sud de l’Italie vit, sans le savoir, ses dernières heures. L’animation de cette cité florissante ne laisse en rien présager le désastre à venir. Pourtant, à quelques centaines de mètres de là, le Vésuve est en train de se réveiller… et va rayer de la carte deux riches cités, Herculanum et Pompéi.
Un classique de la littérature qui redonne vie à la civilisation pompéienne disparue dans l’éruption du Vésuve.

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Corps mêlés par Marvin VICTOR, Gallimard.
À 28 ans, Marvin Victor a écrit un roman d’errance et de quête à travers Port-au-Prince, frappé par la catastrophe. Dans une narration serrée et avec une phrase ample, l’auteur a su inscrire son récit dans l’histoire d’Haïti, mêlant la catastrophe naturelle à une catastrophe personnelle, humaine.
Ce roman est un long monologue entre délire et nostalgie. La narratrice, Ursula Fanon, est blessée par un pan de mur qui est tombé sur sa tête pendant le séisme. Mais elle a pu échapper à la mort. Sa fille n’a pas eu cette chance. Elle rencontre un de ses anciens amants, peut-être le père de sa fille. Elle va le suivre jusque dans son appartement pour lui raconter l’histoire de sa vie, ses amours, ses frustrations, ses combats pour la survie.

Tout bouge autour de moi par Dany LAFERRIERE, B. Grasset.
Invité au festival Etonnant Voyageurs, Dany Laferrière se trouvait à Port-au-Prince le 12 janvier 2010 lorsque le tremblement de terre se déclenche. Il en réchappe et décide de témoigner de ce qu’il a vu sur le moment, l’instant d’après, puis quelques semaines plus tard. Des “choses vues” qui disent l’horreur, mais aussi le sang-froid des Haïtiens.
Que reste-t-il quand tout tombe ? Loin des pillages relayés par les médias, l’auteur voit les liens qui unissent les hommes, la parole qui reparle et qui raconte, l’importance de la culture.


Le grand tremblement de terre du Kantô par Akira YOSHIMURA, Actes Sud.
Le 1er septembre 1923, peu avant midi, se produit le grand tremblement de terre du Kantô.
De Tôkyô à Yokohama, tout n’est plus que désastre : un épisode de la vie du Japon qui laisse la population dans un extrême dénuement et le pays dans une situation économique déplorable.
Un livre très marquant, un récit-document dans lequel le grand écrivain humaniste donne à voir une nouvelle fois l’énergie et la force morale de son peuple face aux tragédies les plus effroyables de l’histoire contemporaine.


Tokyo magnitude 8 par Usamaru Furuya, Panini manga.
Ce seinen évoque un phénomène de société au japon : la peur du Big One, un tremblement de terre inéluctable qui ravagera le pays dans quelques décennies. La terre grondera plus fort que d’habitude, sa colère sera plus destructrice que celle de 1923, plus meurtrière que celle de 1995 lors du séisme de Kobe.
Cette oeuvre véhicule cette angoisse à travers Jin Mishima et sa camarade Nanako Okano. La terrible expérience qu’ils vont vivre nous permet de ressentir l’angoisse de ce peuple : comment réagir lorsque le sol se dérobe ? Comment protéger les personnes qui vous sont chères ? Ce pays qui est le vôtre réussira-t-il à réchapper à la fureur des éléments ?


The black sunday : 26 décembre 2004 par Jacqueline MERVILLE, Des femmes – Antoinette Fouque.
Mahabalipuram, un village indien dans le golfe du Bengale. A sept heures du matin, une vibration suivie deux heures plus tard de vagues dévastatrices. Puis c’est la fuite des populations vers l’intérieur des terres. Le témoignage littéraire d’une survivante du tsunami qui raconte la présence de milliers de morts, le cri des survivants et l’extrême vulnérabilité de l’espèce humaine.
“Je tourne la tête vers le rivage. C’est à cet instant que je la vois. La vague. Un mur d’eau dans les arbres. Un mur d’eau claire pliant les arbres, ces pins du golfe du Bengale. Un mur liquide très haut qui avance. La mer vient, géante, écrasante. C’est la fin du monde. Je grimpe les marches de l’escalier pour me réfugier sur la terrasse. Vite. Le plus haut possible. Une terrasse au milieu de l’invasion des eaux océaniques. Je sais que c’est inutile. Plus personne ne crie.”


La submersion du Japon par Sakyo KOMATSU, Albin Michel.
Le premier grand cataclysme s’abattit sur la région d’Osaka à 5 heures 11, le 30 avril. A 8 heures 03, la chaîne de montagnes Togakure explosa. Les regards du monde entier étaient fixés sur “la mort du dragon”. Des dizaines d’avions appartenant à des télévisions de toutes les nationalités volaient au-dessus de l’archipel du Japon qui crachait du feu et des flammes. Les tremblements de terre qui secouent continuellement le Japon rappellent à tous les Japonais que le destin de l’archipel est d’être, un jour, englouti comme le fut l’Atlantide autrefois…
Un manga éponyme a été tiré de ce roman qui traite d’une peur ancestrale japonaise : suite à une série de tremblements de terre, les volcans éteints se réveillent les uns après les autres. Le pays du soleil levant est pris de panique. Que va-t-il advenir de leur terre ? Sera-t-elle engloutie dans les profondeurs ou réussira-t-elle à vaincre les éléments ?


Spirit of the sun par Kaiji KAWAGUCHI, Tonkam.
Août 2002. À 10 h 20 heure locale a commencé le grand tremblement de terre de magnitude 8,8 puis le mont Fuji est entré en éruption. Le Japon est victime de gigantesques séismes provoquant, en plus des raz de marée et des cataclysmes habituels, une scission du pays en deux parties, engloutissant les plus grandes villes japonaises…
Cette série de mangas met en scène des Japonais réfugiés à Taïwan ou dans d’autres pays après la quasi-destruction de leur pays par un séisme. Méprisés par leurs pays d’accueil, ils tentent de survivre en nourrissant l’espoir de rentrer un jour chez eux. Leurs destins vont se croiser dans un pays sous contrôle chinois et américain.


Déluge par Stephen BAXTER, Presses de la Cité (suivi de Arche).
2016 : Lily, Helen, Gary et Piers, quatre scientifiques retenus en otages depuis cinq ans, sont libérés. A leur sortie, ils découvrent avec stupeur un monde au bord du chaos : le niveau des eaux est monté d’un mètre, provoquant une inondation sans précédent à Londres, l’engloutissement de l’Opéra de Sydney et la disparition pure et simple des îles Tuvalu…
Tout en luttant pour leur survie, ils vont chercher à comprendre la cause de cette apocalypse aux dimensions bibliques afin d’endiguer la catastrophe. Malgré leurs efforts, l’eau afflue inéluctablement et la construction d’arches géantes, initiée par un milliardaire controversé, semble être la seule échappatoire. Mais il n’y aura pas de place pour tout le monde…

2052 : après une ultime inondation qui a submergé les dernières parcelles de terre présentes sur notre planète, la fin du monde a eu lieu.
Quelques années auparavant, anticipant le déluge final, le gouvernement américain a eu l’idée de construire une arche. Non pas un bateau permettant de naviguer sur les eaux et de sauver ainsi les derniers survivants, mais une navette spatiale conçue pour accueillir à son bord une poignée d’individus destinée à fonder une colonie humaine dans l’espace, sur une nouvelle Terre. Reste à choisir les heureux élus…

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Ouragan par Laurent GAUDE, Actes Sud.
A La Nouvelle-Orléans, alors qu’une terrible tempête est annoncée, la plupart des habitants fuient la ville. Ceux qui n’ont pu partir devront subir la fureur du ciel.
Rendue à sa violence primordiale, la nature se déchaîne et confronte chacun à sa vérité intime : que reste-t-il en effet d’un homme au milieu du chaos, quand tout repère social ou moral s’est dissous dans la peur ?
Seul dans sa voiture, Keanu fonce vers les quartiers dévastés, au coeur de la tourmente, en quête de Rose, qu’il a laissée derrière lui six ans plus tôt et qu’il doit retrouver pour, peut-être, donner un sens à son existence…
Dans un saisissant décor d’apocalypse, Laurent Gaudé met en scène une dizaine de personnages qui se croisent ou se rencontrent. Leurs voix montent collectivement en un ample choral qui résonne comme le cri de la ville abandonnée à son sort.

Zola Jackson par Gilles LEROY, Mercure de France.
Août 2005, delta du Mississippi : l’ouragan Katrina s’abat sur la Louisiane et la ville de La Nouvelle-Orléans. Les digues cèdent sur le lac Pontchartrain et les quartiers modestes sont engloutis. La catastrophe touche de plein fouet la communauté noire.
Tandis que ses voisins attendent des secours qui mettront des jours à arriver, l’institutrice Zola Jackson refuse d’évacuer sa maison malgré les suppliques des secouristes et s’organise chez elle pour sa survie. L’eau continue de monter, inexorablement. Du ciel, les hélicoptères des télévisions filment la mort en direct. Réfugiée dans le grenier avec sa chienne Lady, Zola n’a peut-être pas dit son dernier mot.

La planète des ouragans par Serge Brussolo, Gallimard.
Sur la planète Santäl souffle un ouragan permanent qui arrache les cheveux, scalpe les forêts et aspire les cercueils hors du sol. Un vent râpeux comme du papier de verre, qui fond sur les hommes pour les écorcher vifs. Souffle divin ou démoniaque ? Nul ne le sait, pas même les sectes fanatiques et meurtrières qui prolifèrent sur ce monde infernal, tentant d’imposer leurs croyances barbares…
Planet Opera empreint d’une poésie ténébreuse et chaotique, le Cycle des Ouragans vous invite à un voyage sans retour dans l’imaginaire halluciné de Serge Brussolo.

Impossible de terminer cette partie sans évoquer l’œuvre magistrale de James Graham BALLARD, son quatuor cataclysmique du Cycle des Eléments : Le monde englouti, Sécheresse, Le vent de nulle part, La forêt de cristal.

“Homme, ne cherche plus l’auteur du mal : cet auteur c’est toi-même. Il n’existe point d’autre mal que celui que tu fais ou que tu souffres, et l’un et l’autre te vient de toi” (Rousseau, L’Emile, 1762).

Les mots de Rousseau résonnent comme une prophétie. L’homme dans son désir inextinguible de maîtriser la matière se retrouve malgré lui acteur de sa destruction lorsque ses inventions, censées améliorer sa vie quotidienne et répondre à son besoin croissant de confort, échappent à son contrôle.

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Zone Est par Marin LEDUN, Fleuve Noir.
Thomas Zigler vit en Zone Est, un territoire dans la région autrefois appelée Rhône-Alpes et protégé du monde par de hauts murs. Il est payé pour voler la mémoire des gens au profit de criminels intouchables. Mais lors d’une mission, il voit dans les souvenirs de sa victime une jeune femme “normale” : une femme, belle, sans artifices et épargnée par le virus.
Or, aucun humain naturel n’a été vu dans la Zone Est depuis vingt ans et Thomas sait que personne ne peut survivre sans organes artificiels et autres prothèses. Alors d’où vient-elle ? De l’autre côté du Mur qui emprisonne à jamais la Zone Est ? Il n’a pas le temps de se poser de questions. Les criminels sans visage pour lesquels il travaille sont déjà à ses trousses et il est bien décidé à sauver sa peau et à découvrir ce qui se trame dans cette communauté coupée du monde. Car ce qu’il a vu, c’est un espoir, un mince espoir…


Je suis une légende par Richard MATHESON, Gallimard.
Comme beaucoup, Robert Neville croyait que les vampires ne hantaient que les mythes de l’Europe centrale et la littérature d’épouvante. Il se trompait.
Il est aujourd’hui l’ultime survivant d’une étrange épidémie, qui a fait subir à l’humanité une mutation irréversible : le virus inconnu et foudroyant qui contraint les hommes à se nourrir de sang les empêche aussi de mourir tout à fait et les oblige à fuir les rayons du soleil. Ainsi, chaque jour, Robert Neville doit organiser sa survie, et chaque nuit, subir les assauts des morts-vivants affamés.
Mais l’horreur atteint son paroxysme lorsqu’il doit résister à l’appel suppliant de la femme qu’il aime…

Le Fléau par Stephen KING, J.-C. Lattès.
13 juin 1990. 2 heures 37 du matin. Dans le labo, l’horloge est passée au rouge. 48 heures plus tard, l’information tombe : contamination confirmée. Risque élevé. Mortalité importante. Contagion estimée à 94,4 %. Top secret. Ça chavire, ça bascule. La super-grippe, l’étrangleuse ou le grand voyage commence ses ravages…
De Los Angeles à New York, le fléau se répand, pire que la peste. Seuls quelques survivants échappent à la catastrophe. Deux personnages apparaissent dans leurs rêves : une vieille femme mystique et un homme au visage effrayant. Ils comprennent alors qu’il s’agit de l’incarnation du Bien et du Mal. La fin étant proche, chacun devra choisir son camp…

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Cette nuit-là par Indra SINHA, Albin Michel.
Dès la première page du roman d’Indra Sinha, finaliste du Booker Prize 2007, la voix du narrateur prend le lecteur à la gorge. Tour à tour truculente, enragée, crue ou cynique, c’est celle d’Animal, un Indien de dix-neuf ans dont la colonne vertébrale a été rongée par les émanations chimiques et qui est réduit à marcher à quatre pattes depuis “cette nuit-là” : l’explosion de la Kampani, une usine américaine de pesticides, qui fera 20 000 victimes à Bhopal le 3 décembre 1984.
Quand s’ouvre le récit, la mort hante toujours la ville, le lait des jeunes mères est empoisonné, les femmes donnent naissance à des enfants difformes. Mais la Kampani refuse de reconnaître sa responsabilité.

Anatomie de la bataille par Giacomo SARTORI, P. Rey.
En 1986, alors que se répand le nuage radioactif de Tchernobyl, il se met à pleuvoir sur le versant sud des Alpes. Après un silence embarrassé, les autorités du Trentin interdisent aux habitants de consommer laitages, légumes et fruits.
Indifférent à ces mesures qu’il juge stupides, le père du narrateur s’entête ; mieux, il provoque ses invités en leur offrant de grands saladiers remplis des produits de son jardin. Et il s’obstinera dans cette voie, y compris quand on lui aura diagnostiqué un cancer, effet indiscutable de la pluie radioactive.
De son côté, son fils débarque d’Afrique, où il travaille dans un Centre de lutte contre la désertification. La maladie de son père va curieusement lui donner l’occasion de régler ses comptes avec lui-même. Et de se livrer avec le plus fin des scalpels à l’anatomie de cette émouvante bataille.


Ciel de cendres par Maud TABACHNIK, Albin Michel.
Ils sont trois. Sans se connaître ils cheminent vers la même ville d’Ukraine. Ce point de non-retour qui a pour nom Tchernobyl. Vladimir, fils d’un tueur politique de Kharkov, deviendra malgré lui mafieux et criminel. Charles, petit-fils de juifs déportés, retrouvera son identité dans les sables du Sinaï. Yvan, fils de kolkhozien brutal, choisira la nature contre la violence des hommes.
Enfants d’un après-guerre qui n’en finit pas, héritiers d’un monde qu’ils n’ont pas voulu, comment vont-ils pouvoir conjurer le pire ?

La cité Potemkine ou les géométries de Dieu par Serge REZVANI, Actes Sud.
Sur les ruines d’une centrale nucléaire jadis dévastée par la catastrophe, se dresse désormais une cité radieuse. Mais si tout danger semble enfin écarté, les scientifiques ne peuvent se dissimuler l’innommable vérité : le processus biologique s’est inversé, certaines espèces désévoluent. On raconte même que seraient tenus captifs, dans les laboratoires secrets de la Cité des enfants à l’apparence cyclopéenne, pourvus d’un oeil frontal, et dont le corps serait moitié homme, moitié lézard…
Aussitôt s’enflamment l’imagination et l’enthousiasme intellectuel des “experts”. Mais comment servir la science, quand l’objet d’études est si scandaleusement dérobé au scalpel de l’intelligence ? Que croire quand l’information n’est qu’un entrelacs de conversations exaltées ?

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Un cantique pour Leibowitz par Walter M. MILLER, Gallimard.
Devenu moine après l’apocalypse nucléaire qui a marqué la fin du XXe siècle, le technicien Leibowitz a fondé un ordre pour sauvegarder les derniers livres et les dernières miettes du savoir balayé par la barbarie. Bien plus tard, grâce au travail des adeptes de Saint Leibowitz, c’est une nouvelle Renaissance. Les savants puisent chez les moines le savoir préservé mais souvent mal compris de ses gardiens, et surtout des nouveaux dirigeants, plus avides de puissance que de sagesse.
Mais l’humanité a-t-elle tiré les leçons d’un cataclysme qui l’a laissée exsangue, défigurée par le feu nucléaire ? Saura-t-elle enfin se préserver des apprentis sorciers ? Car l’Histoire, bientôt, menace de se répéter…
Un classique du roman post-cataclysmique, prix Hugo 1961.

La route par Cormac MCCARTHY, Ed. de l’Olivier.
L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. On ne sait rien des causes de ce cataclysme. Un père et son jeune fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d’objets hétéroclites et de vieilles couvertures.
Ils sont sur leurs gardes car le danger peut surgir à tout moment. Dans la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du Sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l’humanité. Survivront-ils à leur voyage ?


Le mur invisible par Marlen HAUSHOFER, Actes Sud.
Une catastrophe sans doute planétaire, mais dont l’origine chimique ou nucléaire restera indéfinie, va bouleverser l’existence d’une femme ordinaire. A la suite d’un concours de circonstances, elle se retrouve seule dans un chalet en pleine forêt autrichienne, séparée du reste du monde par un mur invisible au-delà duquel toute vie semble s’être pétrifiée durant la nuit.
Le chalet est confortable, équipé de provisions et des objets de première nécessité. L’héroïne, tel un moderne Robinson, va organiser sa survie en compagnie de quelques animaux familiers.

Nausicaä de la vallée du vent par Hayao MIYAZAKI, Glénat.
Sur une terre envahie par une gigantesque forêt aux vapeurs mortelles, la princesse Nausicaä est l’héritière d’un royaume pacifique. Désireuse d’en savoir plus sur cette forêt, elle décide de l’étudier.
Mais la guerre des hommes frappe à leur porte : un vaisseau militaire d’un royaume voisin s’écrase dans sa vallée, libérant une créature jusque-là prisonnière. La guerre pour le contrôle de la forêt est sur le point de débuter. Les vestiges d’une humanité industrielle menacent l’équilibre entre les rescapés humains du grand cataclysme et les insectes, protecteurs de la forêt toxique.


Les derniers hommes par Pierre BORDAGE, Au diable Vauvert.
Le futur proche, après la troisième guerre mondiale. Dans une Europe dévastée par les pollutions chimiques, nucléaires et génétiques, les rares ressources intactes sont partagées par des tribus nomades qui ont pris chacune en charge l’exploitation d’une denrée spécifique.
Solman le boiteux, du peuple aquariote – qui découvre et contrôle les sources d’eau -, possède le don de clairvoyance : infaillible juge des âmes, cet atout le confine aussi à l’écart de tous, qui se méfient de son talent. Seuls Raïma, la guérisseuse, puis la mystérieuse Kadija et un vieux scientifique de l’ancien monde vont l’accompagner dans sa quête pour échapper à l’apocalypse qui semble menacer les derniers hommes…

Ravage par René BARJAVEL, Gallimard.
Ravage présente le naufrage d’une société mécanisée, dans laquelle, un jour, l’électricité vient à disparaître. Les habitants, anéantis par la soudaineté de la catastrophe, sombrent dans le chaos, privés d’eau courante, de lumière et de moyens de déplacement.
Un étudiant en chimie agricole, François Deschamps, décide avec quelques autres personnes, de quitter Paris, mégapole de vingt-cinq millions d’habitants, en proie à l’anarchie et aux flammes pour retrouver son village d’enfance en Provence. Il espère pouvoir y reprendre une vie normale mais paysanne….

Un thème typique de la science-fiction post-apocalyptique brossant le portrait de la fin de l’humanité technologique magistralement visité par Barjavel dont on célèbre le centenaire cette année.

Les catastrophes inspireront sans doute encore longtemps les écrivains comme en témoigne ce roman paru tout récemment :

Ces choses que nous n’avons pas vues venir par Steve AMSTERDAM, Albin Michel.
Situé dans un pays indéterminé, mais qui ressemble aux Etats-Unis, ce livre rassemble des personnages, et notamment un narrateur anonyme, confrontés à ce que l’on pourrait qualifier d’ “apocalypse”, à savoir la chute de notre civilisation, l’effondrement du système, et le chaos qui s’ensuit. Alors que le monde est redevenu sauvage, la vie quotidienne tourne rapidement à la lutte pour la survie…
Et si c’était demain ? Comment lutterions-nous contre les désastres naturels, la ségrégation entre les gens selon les endroits où ils vivent ou selon les zones de quarantaine, la lutte contre les épidémies, les complications politiques et le terrorisme radical ?

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Remontons le temps avec ce détail d’une enluminure du 15ème siècle : Apocalypse figurée, manuscrit 439 de la Bibliothèque Municipale de Lyon.

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