Bande dessinée : lectures estivales

- temps de lecture approximatif de 4 minutes 4 min - Modifié le 19/07/2016 par Henri

Voici une sélection d'albums récents , légers, évocateurs ou instructifs. L'idéal pour passer un été divertissant.


Sur les ailes du monde, Audubon, Fabien Grolleau, Jérémie Royer (Dargaud)

Livre

L’histoire vraie du premier scientifique américain – d’origine française et naturalisé américain, entré au Panthéon national. En 1810, John James Audubon s’embarque sur le Mississipi pour son premier voyage d’exploration. Son but ? Peindre tous les oiseaux du continent. Car J.J. Audubon est un excellent peintre, mais aussi un vrai aventurier, car il veut voir les animaux dans leur environnement pour mieux représenter la vie. C’est le monde sauvage de l’Amérique du début du XIXe siècle qu’il affronte dans un vrai western naturaliste, magnifiquement dépeint par les auteurs : une vie tumultueuse et trépidante pour ce maître-artiste de l’ornithologie. Bonne idée à la fin du livre : des planches d’Audubon qui donnent envie d’aller découvrir son travail.

 


L’homme qui ne disait jamais non, Balez, Tronchet (Futuropolis)

Sur un vol long courrier à destination de Lyon, Violette, hôtesse de l’air, remarque un passager qui semble complètement perdu. Comme elle prépare le concours de profiler (personne chargée de détecter les comportements à risque dans les aéroports), elle s’attache à ce personnage, histoire de se livrer, sur son cas, à quelques travaux pratiques. L’enquête va les entraîner tous deux dans une étrange aventure… Après un album «sérieux», Didier Tronchet, ici au scénario, tisse avec le dessinateur Olivier Balez une variation divertissante sur le thème ô combien classique de l’amnésie. Des dialogues pleins d’esprit rythment cette histoire sans prétention qui nous balade allègrement entre Lyon et l’Amérique latine.

 


Luisa ici et là, Carole Maurel (La Boîte à Bulles)

Livre

Voici un album original et réussi, dont le parti-pris métaphorique pouvait pourtant laisser craindre le pire… Une trentenaire solitaire dont le quotidien (professionnel et privé) n’est que frustration plus ou moins assumée, se retrouve littéralement face à elle-même. Plus précisément, elle rencontre, égarée à notre époque parce qu’elle à manqué son arrêt de bus, l’ado qu’elle fut à la fin du siècle dernier. Et cette jeune fille-là n’est pas tendre avec celle qui a visiblement trahi ses espoirs de jeunesse !

Au terme d’une confrontation ponctuée de multiples péripéties, les deux «moitiés» vont-elles se réconcilier et Luisa assumer enfin celle qu’elle est, pour elle-même et pour son entourage ? L’approche narrative privilégiant légèreté et humour, évite l’écueil d’une lourde démonstration et permet de s’attacher, non sans émotion, à la transformation de ce double  personnage.

 


Luc Leroi : plutôt plus tard, J.C. Denis (Futuropolis)

LivreVoici le retour de cet incorrigible ado attardé de Luc Leroi, anti-héros  créé il y a une trentaine d’années par J.C. Denis.

Au retour d’un voyage à Tahiti (île d’origine de sa petite amie du moment, dont la grand-mère aurait servi de modèle à Gauguin), Leroi, victime d’un «jetlag» radical, se retrouve dans un Paris décalé où il se lie d’amitié avec… Gauguin.

Jean-Claude Denis se joue avec légèreté des paradoxes temporels et nous invite à un voyage drôle et sensible autour de l’univers du peintre, un peu chamboulé, à dire vrai, par l’irruption de Luc. Le style graphique est, comme toujours, remarquable de clarté et de couleurs feutrées…

 


Un maillot pour l’Algérie, B. Gallic, Kris et J. Rey (Dupuis)

Livre

Cet album, remarquablement documenté, raconte l’histoire vraie de la première équipe nationale algérienne de football. En 1958, en pleine guerre d’indépendance, onze footballeurs algériens de haut niveau quittent la France pour créer une équipe nationale en vue de représenter leur pays à la Coupe du monde en Suède.

L’album est accompagné d’un dossier et d’un entretien avec Rachid Mekhloufi, membre de cette équipe mythique, sur Le football, ferment de l’indépendance.

 


Chiisakobé, Minetaro Mochisuki (le Lézard Noir)

Livre

Shigeji, jeune adulte, taiseux et marginal, charpentier de formation, a perdu ses parents et l’entreprise de son père, «Daitomé», dans un incendie. Il revient au village et, malgré son inexpérience, prend sur lui de reconstruire l’entreprise et de préserver l’emploi du personnel. Son retour dans la maison natale s’accompagne de l’arrivée d’une amie d’enfance orpheline qu’il décide d’embaucher en tant qu’assistante et de cinq petits garnements échappés d’un orphelinat.

Adaptation d’un roman de Shûgorô Yamamoto, ce manga séduit par des dessins d’une extrême lisibilité et par une narration toute intériorisée, qui, au-delà de dialogues minimalistes, fait surgir sens et émotion de l’observation étonnamment précise des attitudes et expressions des personnages, ainsi que des détails des corps, objets et décors. Au fil des volumes, on voit s’éclaircir et s’affirmer progressivement la personnalité énigmatique de Shigeji tandis que se complexifient ses rapports avec les autres personnages. Du grand art !

 

 

 

 

 

 

Partager cet article