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Black America

Une histoire des luttes pour l’égalité et la justice (XIXe-XXIe siècle)

Caroline Roland-Diamond, historienne des Etats Unis à Paris-ouest-Nanterre

Caroline Roland-Diamond offre avec Black America une grande fresque appelée à devenir une référence incontournable. Elle retrace la lutte des Afro-Américains, depuis l’émancipation des esclaves en 1865 jusqu’à nos jours, en redonnant toute leur place aux acteurs – et aux actrices – anonymes mais essentiels de cette histoire inachevée.

Il est difficile, voire impossible, de rendre compte de la richesse de cet ouvrage : de la sortie de la ségrégation dans l’ancien Sud esclavagiste, à l’avènement du mouvement Black Lives Matter,  né en réaction aux violences policières dont les Noirs sont victimes.
A écouter :”Une émission de France Culture .

Quelques pistes cependant. Voilà un livre qui refuse une histoire hélas trop traditionnelle, le récit mythique de la période héroïque des droits civiques. Cette histoire se construit sur une opposition manichéenne entre Martin Luther King,  le pacifiste et Malcom X, le violent.
A l’opposé, ce travail  entend mettre en perspective historique longue les deux grandes traditions de mobilisation individuelle et collective des Noirs : la tradition d’orientation libérale ou réformiste et la tradition radicale. La première s’appuie sur les institutions du pays pour revendiquer l’égalité de traitement et l’inclusion sociale. La deuxième critique sévèrement ces mêmes institutions et réclame une transformation profonde de l’économie et de la société américaines.
Dans la lignée des historiens du « long mouvement pour les droits civiques “,  l’auteure soutient que ces deux traditions ont coexisté sur la longue durée. Elle s’oppose aux interprétations conservatrices qui discréditent l’approche politique radicale en la réduisant à des clichés sur la lutte armée et la violence révolutionnaire de la seconde moitié des années 60.
A contrario, son analyse met en avant les racines du nationalisme noir au début du XX° siècle et montre la diversité de ses expressions. Elle va plus loin en montrant que ces deux traditions se sont entremêlées et enrichies mutuellement.
Et c’est la place des  femmes noires américaines dans cette histoire qui permet de faire le lien. L’activisme des femmes noires, centré autour de leur famille et de la communauté africaine-américaine locale , est précisément celui qui emprunte le plus volontiers aux deux traditions ; leur invisibilité a faussé la compréhension même du mouvement en favorisant  une opposition trop nette entre les deux traditions .
C’est donc une histoire plurielle qui nous est proposée , une histoire qui ne s’est pas seulement construite en réaction à l’oppression, qui s’oppose notamment à l’idée  d’une communauté noire monolithique (divergences de classes notamment)…. Tout à fait passionnant.

 

Voir dans le catalogue de la BML

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