L’univers sensoriel du chat
Publié le 16/10/2024 à 10:00 - 8 min - Modifié le 15/10/2024 par Brigitte
Les animaux ont une représentation du monde propre, relative aux sens qu’ils possèdent. Ces sens diffèrent considérablement des nôtres. Cela rend notre propre perception du monde unique parmi des milliers d’autres dans le règne animal.
Parmi les animaux domestiques, le chat occupe une place privilégiée dans le cœur des propriétaires d’animaux et peut parfois dérouter par son comportement. Cela s’explique peu ou prou par ses capacités sensorielles qui lui donnent des indications sur le monde que nous ne percevons pas.
L’odorat est le sens le plus développé chez le chat
De tous ses sens, l’odorat est le plus performant et le plus signifiant pour le chat. Son odorat est 50 à 70 fois plus important que chez l’homme. Les chats possèdent environs 200 millions de cellules spécialisées dans la détection des odeurs, contre seulement cinq millions chez l’être humain. Il perçoit les phéromones, notamment, dans l’urine. Le marquage à l’odeur (via l’urine) du territoire par un félin sert de « journal de bord » pour le compère qui le repère. Par ce biais, le chat sait le moment des allées et venues des autres félins, et s’informe aussi sur l’état émotionnel et l’identité de l’arroseur. En marquant à son tour les lieux, il offre aux autres chats une « réponse circonstanciée » qui participe au lien social entre félins sur un même territoire.
L’oreille du chat lui assure audition et équilibre performants
L’oreille assure la perception du son et l’équilibration, deux sens particulièrement développés chez le chat. Le sens de l’équilibre est assuré, notamment, par l’organe vestibulaire situé dans l’oreille interne ce qui permet au chat de retomber sur ses pattes en cas de petites chutes. Par ailleurs, leurs oreilles sont très mobiles et ils peuvent tourner leurs pavillons auriculaires à 180 degrés. Cette faculté permet aux chats de localiser, à quelques centimètres près, un son provenant d’un mètre en seulement six centièmes de seconde, soit plus vite qu’un clignement d’œil. Si l’homme a un champ auditif de 20 000 hertz, le chien 40 000 hertz, le chat peut détecter une gamme de fréquence allant d’environ 40 000 hertz jusqu’au nombre époustouflant de 100 000 hertz et atteint en général une fréquence de 65 000 hertz. Le chat produit et entend les ultrasons ce qui est très pratique pour localiser ses proies et communiquer avec ses pairs. Il communique principalement avec les autres animaux via ces ultrasons et réserve aux humains ses miaulements les plus sonores. Il capte moins bien les sons graves.
Néanmoins, le chat ne serait pas un redoutable chasseur sans une vue exceptionnelle de jour et de nuit.
Une vue remarquable dans la pénombre et la forte luminosité
Le chat est dichromate : il ne perçoit que les teintes entre le bleu et le jaune. Il est aveugle au rouge et réagit essentiellement au mouvement. Son atout majeur est qu’il se repère dans la pénombre. Il possède dans ses yeux un « tapis lumineux » (tapetum lucidum) qui a la propriété de renvoyer la lumière vers les cellules rétiniennes.
Les yeux du chat absorbent donc plus de lumière que les humains ce qui leur permet de déceler des mouvements et des objets invisibles pour nous la nuit.
Ce tapis lumineux confère aussi aux yeux de chat leur étonnante phosphorescence dans l’obscurité. De plus, le petit prédateur met à profit un champ panoramique de 200° à 280° avec une excellente vision périphérique pour chasser efficacement. Le chat perçoit les ultraviolets. Cela lui permet de pister ses proies notamment les rongeurs via leur dans les traces d’urine des proies. Les ultraviolets lui permettent aussi d’identifier la présence des autres chats.
Par ailleurs, les petits félins obtiennent les ajustements oculaires les plus performants du monde animal, car en cas de forte lumière, ils contractent les pupilles. Le chat conserve ainsi une très bonne vision, malgré le soleil éblouissant, et, par-delà, conserve ses qualités de chasseur. Il possède une large vision binoculaire ce qui lui permet d’apprécier les reliefs et les distances avec une grande exactitude. De fait, ses yeux sont une redoutable arme d’attaque et de défense.
Pour chasser, le chat ressent aussi son milieux naturel avec le toucher.
Le toucher subtil du chat grâce notamment aux moustaches et vibrisses
Le chat possède une superbe moustache constituée de 24 longs poils épais (12 de chaque côté de la truffe) appelés vibrisses. Les vibrisses poussent aussi au-dessus des yeux, sur les joues, le front, le menton et derrière les pattes.
Ces longs poils sont aussi plus rigides et plus épais que les poils ordinaires du chat. Selon Desmond Morris, les vibrisses peuvent détecter les courants d’air dans le noir ce qui sert au félin quand il avance dans le noir. Chaque objet solide dont il approche provoque d’infimes remous dans l’air. Or, les vibrisses sont si sensibles qu’elles perçoivent ces remous et permettent au chat de se faufiler sans toucher l’obstacle. Par ailleurs, les moustaches sont si réceptives qu’un chat avec des vibrisses indemnes tue net une proie dans le noir (il sait où planter ses crocs). A contrario, un chat aux vibrisses abîmées ne peut tuer efficacement que le jour.
Une fois la proie achevée, le chat s’avère un piètre gourmet comparé à l’homme et ce malgré la présence de l’organe de Jacobson.
Le “goût des odeurs”, l’organe de Jacobson des félins
Une des particularités des félins est qu’ils « goûtent les odeurs » via l’organe de Jacobson situé au-dessus de leur gueule. Dénommé aussi « épithélium olfactif », cet organe est constitué d’un tissu spécialisé cinq à dix fois plus grand que celui de l’humain. Les cellules réceptrices de l’organe de Jacobson sont reliées à la partie du cerveau associée aux comportements sexuels, alimentaires et sociaux des félins et du chat.
Si les chats sentent quelque chose qui les intéresse, ils ouvrent légèrement la bouche et retroussent les babines supérieures, (une expression faciale appelée le flehmen), les molécules d’air sont alors dirigées vers l’organe de Jacobson. L’air inhalé est piégé sur l’épithélium olfactif, ce qui permet au chat de détecter et d’analyser les molécules odorantes. Par contre, les papilles du chat réagissent moins au sucré contrairement à l’homme qui en est très friand.
Avec sa vue, son ouïe, son odorat exceptionnels et son sens du toucher réparti sur tout son corps, le chat « ressent » particulièrement bien son milieu proche. Les coussinets des pattes, les lèvres et le menton sont pourvus également de nombreuses terminaisons nerveuses qui fournissent au chat de multiples informations, grâce à leur sensibilité aux vibrations, sur son environnement immédiat.
En conclusion, le chat possède des sens si développés que l’on a longtemps cru qu’il avait des pouvoirs surnaturels, comme ressentir les séismes avant que l’humain ne s’aperçoive du danger. Cependant, les scientifiques supposent que si le chat perçoit les tremblements de terre, c’est probablement grâce à ses vibrisses.
Certains vont plus loin et pensent que le chat, grâce à ses sens hyper développés, pourrait détecter des maladies chez l’homme et plus particulièrement le cancer. Des résultats ont été probants avec les chiens et surtout des fourmis. En ce qui concerne le chat, celui-ci aurait probablement des aptitudes sensorielles pour la détection de maladies mais il se prête nettement moins bien au dressage comme tout bon chat qui se respecte.
Pour aller plus loin :
Sciences Humaines : Les grands dossiers : De quelle couleur les animaux voient le monde Jean-François Dortier. N° 7 – Juin – Juillet – Août 2007
Le chat révélé guide essentiel du comportement de votre chat – Desmond Morris
L’abécédaire du chat – Robert de Laroche
Le chat – Marcus Schneck
Le chat, conseils pratiques pour nourrir, soigner et élever son chat – DC Rousselet Blanc
Le grand Larousse du chat sous la direction d’Isabelle Jeuge-Maynart
Les chats comment ils prennent soin de notre santé ! – Anne claire Gagnon
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